tardera pas à être uniforme, constante et ge nérale, quand nos évêques dispersés, et qui ne peuvent, dans leur isolement et à une si grande distance les uns des autres, prendre une décision commune, auront pu se concerter, s'éclairer réciproquement sur le véritable état des choses et sur la question qui nous divise, pourront communiquer aux ecclésiastiques incertains au sujet de cet acte de soumission, dont le refus prive les fideles des secours de la religion, où les livre à de faux pasteurs, qui, sans cette difficulté, seroient déja anéantis, ce que nous venons d'apprendre immédiatement, d'une personne qui arrive de Londres, et qui a eu occasion d'y voir plusieurs de nos évêques. Ils lui ont dit expressément, que tous, à l'exception d'un seul, auquel peut-être appartient l'écrit anonyme qu'on nous a souvent opposé, étoient du même avis, à l'égard de cet acte de soumission; qu'ils pensoient tous qu'on ne pouvoit le refuser au gouvernement qui l'exigeoit, et que s'ils étoient actuellement en France, ils seroient les premiers à donner l'exemple. Nos lecteurs peuvent bien penser que nous avons trop de respect pour les lumieres et les vertus de ces prélats que leurs malheurs nous rendent encore plus chers, et que nous regardons toujours comme nos seuls évêques légitimes, pour les faire parler, si nous n'avions pas la certitude morale de ce que nous avançons. Mémoires historiques sur l'église de Reims, depuis le 2 septembre 1792, jusqu'à ce jour.· am Nicolas Diot, curé de Vendresse, près Sedan, au diocese de Reims, ne pût, comme tant d'autres ministres infideles, se garantir de la contagion révolutionnaire. Au-lieu d'employer ses talens à la défense de l'église et au maintien de l'unité catholique, il les prostitua à l'erreur et aux nouveautés toujours dangereuses. Il ne vit dans la révolution qu'une vaste carriere qui s'ouvroit à son intérêt et à son bition. Dès lors, il fit pacte avec la philosophie et l'impiété, et tout ébloui du grand siége qu'il alloit envahir, il mentit à sa conscience, et livra le sanctuaire à la puissance des profanes. Fort d'une élection populaire et anti-chrétienne, comptant sur une consécraton illicite, et sans mission de l'église Nicolas Diot eut la coupable témérité de se présenter à Reims, au mois de mai 1791, pour envahir un siége qui n'étoit pas vacant. La multitude qui ne réfléchit jamais, et qui se passionne et s'engoue toujours pour la nouveauté, accourut à la rencontre du prétendu évêque, jusqu'à la porte de Vesle. Là, ce prélat d'un jour, descendit majestueusement de sa voiture, et reçut les complimens et les félicitations de ses nombreux partisans accourus au-devant de lui. Escorté de soixante à quatrevingt jacobins vigoureux, armés de gros bâtons, Diot ouvre sa marche triomphale. Sa garde d'honneur force tous les spectateurs à lui rendre hommage par-tout où il passe. Plusieurs maisons sont insultées sur son pas-sage. La multitude enthousiasmée menace d'en casser les vitres, parce que ceux qui y ont leur domicile, ne se présentent point par vénération pour monsieur l'évêque constitutionnel. C'est ainsi que ce nouvel apôtre est conduit au bruit des clameurs d'une populace effrénée, qui demande la tête des aristocrates et des prêtres catholiques qui refusoient de recon noitre sa jurisdiction. Entouré de ce nombreux cortege, il arrive enfin à l'ancien archevêché.... Le lendemain dimanche, le sieur Diot fit son entrée dans l'église cathédrale. Il y fut installé par plus de trois mille hommes, armés de fusils, garnis de leurs bayonnettes. Pour rendre son triomphe plus éclatant, ce faux évêque fit, avec son nouveau clergé, une procession publique au milieu de l'appareil militaire le plus imposant. Pour la sûreté de monseigneur, qui cependant n'avoit rien à craindre, on plaça une forte garde à l'archevêché, afin de défendre sa personne Sacrée contre les entreprises des aristocrates, que notre invaseur feignoit de redouter. A peine ces prétendus aristocrates osoient-ils paroître dans les rues, à cause des menaces et des hurlemens de mort que vomissoient contre ceux qui ne vouloient point assister à la messe du nouvel évêque, des hommes barbares et soudoyés. C'est ainsi que l'on garantissoit alors le libre exercice des cultes, et que l'on respectoit les opinions religieuses. Quelle prise de possession, M. Diot! Sous quels auspices funestes osez-vous envahir le siége d'un pasteur vivant et persécuté, et sur lequel tant de grands hommes vous ont précéde. Est ce ainsi que S. Sixe et S. Sinice fonderent ce siége antique? Répondez, Quelques jours après son installation, M. Diot fit que visite épiscopalé dans presque toutes les maisons religieuses de Reims, qui ne voulurent point le reconnoître. Il étoit précédé et suivi d'une populace nombreuse, qui menaçoit par-tout d'enfoncer les portes: et de casser les vitres, pour faire rendre à sa dignité constitutionnelle les hommages que cette troupe fanatique croyoit lui être dus. Les religieuses bénédictines de l'abbaye de Saint-Etienne repousserent l'usurpateur; mais effrayées par les cris affreux et les blasphêmes que la populace prodiguoit contre elles, et croyant toucher à leur derniere heure, elles supplierent son excellence de vouloir bien appaiser la fureur populaire, afin de prévenir, s'il étoit possible, les suites funestes qu'elles en redoutoient. Ne craignez rien leur répondit M. Diot, ne craignez rien, ce peuple est doux comme un enfant. Cette douceur, comme on voit, n'étoit que pour M. l'évêque constitutionnel. En effet, il se montre à la foule irritée qui se calme et s'appaise à sa vue. Les moyens de douceur et de modération n'ayant pas réussi au gré de ses desirs, le sieur Diot a recours à la force et à la violence. Soutenu de la puissance publique et de la faveur populaire, il forme la résolution de frapper un coup d'autorité épiscopale, afin d'intimider les foibles et ceux qui lui résistoient. Il est plus que probable que c'est par ses intrigues et les menées sourdes de ses partisans, que le peuple en fureur arracha de leur maison, de la maniere la plus révoltante, des religieuses respectables qui consacroient leur vie au soulagement de l'humanité souffrante et aux soins des enfans orphelins à l'hôpital géuéral. Ces saintes filles sont donc traînées devant la municipalité, qui emploie, mais en vain, les inenaces et tous les moyens de séduction, pour forcer ces religieuses à reconnoître ce nouvel évêque. Quel rapport y avoit-il entre les principes religieux de ces saintes filles et l'autorité municipale et civile de ces magistrats.?! Peu de temps après cette scene révoltante, des scélérats armés se présenterent, vers minuit, à la porte de M. Duroc de Maurous, vicaire-général de M. de Périgord, archevêque de Reims. M. Duroc étoit ac-' cusé de ne point vouloir reconnoître le sieur Diot. Le frere de ce respectable ecclésiastique demande à ces forcenés ce qu'ils veulent, et quelle est leur intention. Bientôt il est au fait de leur mission. Nous vou-' Lons, disent ces guerriers nocturnes, nous voulons parler à votre frere. Et sur le refus qu'il fait de les introduire la nuit, parce qu'il s'apperçoit de leurs sinistres desseins, un de ces brigands soudoyés, le frappe d'un coup de sabre à la tête. Le chapeau, à haute forme, amortit la violence du coup; mais le frere de M. Duroc n'en est pas moins griévement blessé. Ces assassins alloient remplir leur mission lorsque la garde nationale, qui survint fort à propos, força ces stipendiaires du crime à prendre la fuite. C'est ainsi que le vicaire-général et son frere 2 échapperent à une mort certaine qui les menaçoit. Ce coup manqué, il fallut avoir recours à d'autres moyens plus sûrs, mais plus violens. L'effervescence populaire paroît pouvoir mieux remplir les vues des moteurs secrets de cette œuvre d'iniquité. Aussi, environ huit jours après cette tentative infructueuse pour le crime, une populace furieuse se souleve et entoure la maison de M. Duroc. Les chefs de cette sédition préparée, poussant des cris de mort, et la foule, écho fidele de ses directeurs, demande avec fureur la tête innocente de M. Duroc. Cette émeute violente, qui eut été terminée par l'effusion du sang de celui qui en étoit l'objet, força toute la garde nationale de Reims à prendre les armes, et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que cette garde parvint à arracher une seconde fois à la mort cette victime que le crime lui destinoit. Ces menaces firent de si vives impressions sur l'ame sensible de M. Duroc qu'il, en mourut quelque temps après. Qui mieux que vous, citoyen Diot, ou vos partisans irréligieux et fanatiques, peut nous expliquer la cause secrete de cet acharne ment contre un vicaire-général de l'archevêque de Reims? Qui plus que vous étoit intéressé à la mort de ce vicaire-général, qui avoit courageusement refusé de vous reconnoître et, de souscrire à votre intrusion? M. Duroc n'étoit pas resté seul fidele aux devoirs que la religion lui imposoit dans ces circonstances difficiles. Il partageoit ce dangereux honueur avec beaucoup de prêtres catholiques que les menaces n'avoient point effrayés, et que la séduction n'avoit pu corrompre. Malgré les dangers auxquels ces derniers étoient exposés, ils demanderent et obtinrent des autorités constituées que, conformément à une loi qui régloit la police du culte dans ce temps-là, il leur fut permis de dire la messe dans l'église cathédrale. Mais comme la conduite, pleine de vertu et d'honneur de ces prêtres. catholiques fidele à leur évêque, étoit un reproche et une censure continuelle de l'intrusion du sieur Diot et de ses vicaires épiscopaux, ces usurpateurs, soutenus de la faveur populaire et autorisés alors d'une maniere spéciale par les loix et la puissance publique, |