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qu'on l'attendoit, 'et elle ne laissa aucun doute sur la catholicité de ce royaume à l'égard de l'indissolubilité.

Quant à cette formule de Mareulfe, du huitieme siecle, que M. Fontanes nous assure être assez peu connue, et qui est cependant très-connue, nous dirons seulement que les savans et les canonistes ont beaucoup disputé sur le sens qu'on peut donner à ces mariages volontaires ou de bonne grace dont elle parle; qu'on ne connoît pas trop le temps auquel elle se rapporte; et que jamais un pareil titre ne servira à établir une opinion motivée. Qu'au surplus ce n'est pas en s'affublant ainsi de quelques lambeaux gothiques et barbares que les modernes réformateurs se rendront plus respectables et plus imposans; qu'il est assez étrange que les adorateurs du siecle des lumieres nous renvoient si souvent aux siecles des ténebres, et que pour justifier le divorce, ils aillent toujours le chercher dans les temps de barbarie chez les Français, ou dans les temps de corruption chez les Romains.

Pour éclaircir la matiere du divorce, dit M. Fontanes, il faut recourir aux premieres traditions du christianisme. Sans doute; et à commencer par l'évangile où on le voit réprouvé en termes formels par Jésus-Christ même. Il faut faire plus, et remonter avec l'évangile jusqu'aux premieres traditions du genre humain, Jusqu'aux premiers âges du monde, où l'on verra le mariage sorti, pour ainsi dire, des mains du créateur qui le marque du sceau sacré de l'indissolubilité. Ils seront deux dans une même chair. Le mariage est donc indissoluble par

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sa nature même, et il importe de le faire entendre aujourd'hui à tant d'esprits superfi ciels qui croient que le divorce ne doit sa proscription qu'au sacrement de mariage, sans songer que le christianisme n'a fait que rappeller l'union des époux à son institution premiere, et qu'aux yeux de la religion, l'indissolubilité sacramentelle n'est autre chose que le garant et la sanction de l'indissolubilité naturelle.

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Nous ne concevons pas, messieurs, comment M. Fontanes a pu dire qu'ici les autorités se balancent. Il est difficile de balancer plus de choses en moins de mots. C'est ainsi, pour le dire en passant, qu'on balance aujourd'hui les questions les plus sérieuses sur lesquelles reposent les fondemens de l'ordre social. C'est sur-tout avec ce laconisme et cette précipitation que nos législateurs balancent nos destinées, nos droits les plus sacrés, nos intérêts les plus chers, et qu'avec tout ce leste balancement ils ont culbuté en un clin d'œil nos plus belles institutions. Oui certes, les autorités se balancent ici. Mais comme l'autorité de l'église protestante balance celle de l'église catholi que; comme l'autorité de la convention ba lance celle des conciles écuméniques; comme l'autorité de Dupont et autres canonistes de ce poids, balance celle de tous les peres, de tous les docteurs, de tous les souverains pontifes; comme l'autorité de quelques abus passagers et de quelques exemples contestés, balance celle d'une pratique uniforme et constante pendant dix-huit siecles.

Et voilà pourquoi nous concluons qu'il n'y a pas à balancer dans la proscription du divorce,

que tout catholique qui balance à le regarder comme un attentat à la sainteté du mariage. ne connoît pas sa religion, et que les prêtres ne balanceront jamais de prêcher et de défendre la perpétuité de ce nœud sacré, comme la gloire du culte catholique et l'honneur de la nature humaine.

M. Fontanes sentant peut-être qu'il s'est un peu trop hasardé, nous dit qu'il n'a pas pris ses degrés. Il n'y a pas de mal jusques-là. Mais il y en a peut-être à ne pas laisser la discussion de ces matieres à ceux qui ont pris leurs degrés. On ne peut pas être distingué en tout. M. Fontanes a ses degrés en littérature, où certainement il a passé maître. Nous l'invitons donc à faire divorce avec la théologie, qu'il n'est pas obligé d'entendre, pour faire sa cour aux muses avec lesquelles il peut contracter en toute sûreté de conscience, un très-bon et très-utile mariage.

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Nous avons cru messieurs, devoir vous rendre dépositaires de nos réclamations, avant que de les consigner dans nos Annales. C'est un égard que nous deviens à la pureté de vos principes, à la droiture de vos intentions, en particulier à l'honnêteté de M. Fontanes qui, s'il n'a pas parlé de la religion avec exactitude, a parlé du moins de ses ministres avec réserve, décence et sensibilité.

et

N. B. Cette lettre a été insérée dans le Mémorial ou recueil historique, politique et littéraire, rédigé par MM. de Laharpe, de Vauxcelles et Fontanes. Après avoir cité ces noms recommandables, nous sommes dispensé de recommander le journal. Il n'est pas moins inu

tile de faire remarquer tout ce que cette démarche a de noble, et combien elle est faite pour concilier la confiance et l'estime à des hommes qui mettent au-dessus de tout l'inté

rêt de la vérité.

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Rapport fait par Camille Jordan, sur la police des cultes, séance du 29 prairial, an 5.

Ce rapport attendu avec impatience a été entendu avec tout l'intérêt qu'inspiroient la gran deur de la cause et la réputation de celui qui la plaidoit. On ne peut s'empêcher de reconnoître dans l'orateur une maturité de pensées au-dessus de son âge, le talent d'un homme exercé dans l'art d'écrire un fonds précieux de sensibilité qui décele toujours l'honnêteté de l'ame: une grande dextérité pour se tirer de certaines difficultés de sa position: un grand desir de servir la religion par ses ménagemens même, et enfin une intention bien ouverte et très-décidée d'aller au bien. Ćeux même qui ne sont pas portés à lui pardonner certaines inexactitudes, ne lui refusent pas ce tribut de louanges, et il est peu de personnes, dans le grand nombre de celles qui n'ont pas été satisfaites du résultat. de ce rapport, qui n'applaudissent aux estimables qualités du rapporteur.

Camille Jordan commence par un aveu bien propre à lui concilier la confiance.

« Cette impartialité qui vous dirige, mes collegues, me répond que la jeunesse et l'inexpérience de celui

qui

qui vous parle ne seront point à vos yeux un préjugé contre le projet qu'il doit vous soumettre. Non, vous m'oublierez, au inilieu de si grands intérêts, ou vous vous souviendrez que je ne suis ici que l'organe de votre commission; ce projet lui appartient tout entier. Que si, contre le vœu de mon cœur, il m'échappoit, en le proposant, quelque expression imprudente, elle n'appartient qu'à moi et ne doit nuire qu'à moi ».

Rien de plus noble que ce début, rien de plus respectable que cette droiture. Nous le suivrons donc ici avec la franchise que nous inspire sa loyauté et avec les égards qui sont dûs à tant de talens relevés par tant de modestie.

Il part d'abord du fait de la volonté du peuple pour rétablir la liberté des cultes.

« Il n'est pas ici question de maximes abstraites; il ne s'agit pas de nous livrer à nos spéculations, pour découvrir le meilleur des systêmes. Non, une puissance supérieure s'est expliquée; le peuple a voulu, sa volonté est déposée dans la constitution. Il faut l'y chercher pour la suivre; tous les principes ne sont icí que des faits ».

C'est sans doute fort bien fait de consulter ici la volonté du peuple. Mais c'est sa volonté réelle et non sa volonté supposée: sa volonté telle qu'elle est dans son cœur, et non sa volonté telle qu'elle est sur le papier que l'on doit prendre ici pour regle. Le peuple a voulu la constitution, soit. Mais veut-il la liberté prétendue du culte telle qu'elle est donnée par la constitution? Veut-il que la constitution soit étrangere au culte même de la nation, voila la question que l'on met toujours de côté :voilà ce qu'on ne prouvera jamais, ou plutôt ce qui est évidemment contraire à sa volonté. Tome IV. No. 39.

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