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Après quelques débats, la motion de M. Whitbread est mise aux voix, et rejetée à une majorité de deux cent soixante-treize voix contre soixante-douze.

No XXIX.

Lettres et pièces citées dans le discours de lord Castlereagh, du 28 avril.

Dans le discours que lord Castlereagh prononça le 28 avril, dans la chambre des communes, il cita une lettre adressée le 19 mars par Mat à Caulincourt, pour prouver qu'une mauvaise foi systématique est le trait particulier qui distingue le plus le caractère de Buonaparte. Voici cette lettre dans toute son étendue :

Lettre de M. Maret, duc de Bassano, à M. Caulincourt, duc de Vicence, du 19 mars 1814 (1).

M. le duc, V. E. aura sans doute reçu ou

(1) L'authenticité de cette lettre a été niée en France. L'original, écrit de la main de M. Maret, se trouve déposé à la chancellerie d'état de Vienne.

recevra encore aujourd'hui, par M. Frochot, la dépêche en date du 17 mars, à laquelle est jointe une lettre de S. M.

L'Empereur desire que vous ne preniez aucun engagement positif à l'égard de tout ce qui concerne la remise des forteresses d'Anvers, de Mayence et d'Alexandrie, si vous êtes obligé de consentir à leur cession. Son intention étant, même dans le cas où il auroit ratifié le traité, de se régler sur les circonstances militaires, attendez jusqu'au dernier moment. L'infidélité des alliés, par rapport aux capitulations de Dresde, Dantzig et Gorcum, nous autorise à être sur nos gardes. Ainsi, renvoyez ces questions à une convention militaire, ainsi que cela s'est fait à Presbourg, Vienne et Tilst. F

L'Empereur desire que vous ne perdiez jamais de vue que, quand même il auroit dû signer la cession de ses provinces, son intention n'est cependant pas de livrer ces trois clefs de la France, dans le cas où les événemens militaires sur lesquels il veut toujours compter, lui permettroient de ne le pas faire. En un mot, S. M. desire se trouver après le traité encore à même de pouvoir tirer parti des cir

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constances jusqu'au dernier moment. L'Empereur vous recommande, M. le duc, de brûler cette lettre aussitôt après l'avoir lue.

Paris, le 19 mars 1814.

LE DUC DE BASSANO.

Lettre d'Elisa Bacciochi, née Buonaparte, à Napoléon Buonaparte.

Lucques, 12 février 1814.

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SIRE, j'ai eu l'honneur d'informer V. M. par mes rapports du 5 au 8 de ce mois, du mouvement de concentration opéré par le Prince de Luques sur Pise, par suite des circonstances qui m'ont déterminée à quitter Florence, à ordonner l'évacuation de cette ville, et à réunir toutes les troupes de la division sur un point qui offrit plus de sécurité. Le Prince s'est maintenu à Pise jusqu'à ce moment; mais ayant reçu l'avis qu'une expédition angloise, que tous les rapports portent à 6000 hommes, se dirige de la Sicile contre Livourne, la Spezia ou Gênes, j'ai cru devoir ordonner au Prince de continuer son mouvement sur Gênes, afin que sa retraite ne lui fût pas coupée sur la seule route qui soit encore ouverte.

J'ai été confirmée dans cette résolution par la nouvelle certaine que des troupes napolitaines, supérieures en nombre, sont déjà à Pistoie, et ont forcé nos postes avancés d'abandonner le passage de Serravalle. Je sais de plus que l'ennemi a l'intention de couper nos communications, en occupant la route qui conduit de Pontremole à la Spezia et à la rivière de Gênes.

Les projets des Anglois et des Autrichiens dissipent tous les doutes que la conduite personnelle du Roi de Naples pourroit faire naitre. Je ne crois pas devoir cacher à V. M. que j'ai reçu de lui plusieurs lettres en contradiction avec les mouvemens de ses troupes.

Le Roi est dans un état violent d'agitation; il est étonné que le Vice-Roi se soit retiré de l'Adige, et que j'aie quitté la Toscane aussitôt que j'ai appris qu'il se déclaroit l'ennemi de V. M. et de la France. Il exprime hautement son dévouement et sa reconnoissance pour votre personne, et il a souvent dit aux députés toscans, qu'il aimeroit mieux recevoir le premier coup, que de tirer son épée contre un François.

Je ne sais comment concilier ce langage dont je ne suspecte pas la sincérité, avec toutes les mesures arbitraires qui ont compromis mon autorité, et celles qu'il m'oblige maintenant à prendre pour la sûreté des troupes françoises rassemblées à Pise.

V. M. apréciera ces contradictions, qui me paroissent l'effet d'une résolution que le Roi a jugée conforme à ses intérêts, mais à laquelle il a été poussé contradictoirement à ses affections. Je suis convaincue que le langage et la conduite du Roi dans ses communications avec le Vice-Roi sont tout-à-fait semblables.

Toutefois il est certain qu'une proclamation du général Bellegarde, qui rappelle les peuples de l'Italie à leurs anciens gouvernemens, a été imprimée à Bologne sous les yeux du Roi.

Cette proclamation, rédigée avec beaucoup d'art, a produit le plus grand effet en Toscane, où elle est excessivement répandue.

Je suis avec un profond respect, etc.

ELISA.

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