Page images
PDF
EPUB

ple que, depuis le jour où la Providence l'a replacé sur le trône de ses pères, l'objet cons tant de ses désirs, de ses pensées, de ses travaux, a été le bonheur de tous les François; la restauration de son pays, plus précieuse pour

lui que celle de son trône; le rétablissement de la paix extérieure et intérieure; celui de la religion, de la justice, des lois, des mœurs, du crédit, du commerce, des arts; l'inviolabilité de toutes les propriétés existantes, sans aucune exception; l'emploi de toutes les vertus et de tous les talens, sans autre distinction; la diminution présente des impôts les plus onéreux, en attendant leur prochaine suppression; enfin la fondation de la liberté publique et individuelle, l'institution et la perpétuité d'une charte qui garantît pour jamais à la nation françoise ces biens inappréciables? Que si, dans des circonstances d'une telle difficulté, à la suite d'orages si violens et si longs, parmi tant de maux à réparer, tant de piéges à découvrir, et des intérêts si contraires à concilier, on n'a pas pu franchir tous les obstacles, échapper à toutes les surprises, se préserver même de toutes les fautes, le roi pourroit encore se flatter de l'assentiment de toutes les bonnes consciences, s'il

disoit que sa plus grande erreur a été de celles qui ne sortent que du cœur des bons princes, et que ne commettent jamais les tyrans : c'est à leur pouvoir qu'ils ne veulent point de bornes; c'est à sa clémence que le Roi n'en a pas voulu.

Ainsi éclairées sur les vraies dispositions de la France, d'autant plus fidèles à la noble tâche qu'elles s'étoient imposée le 13 mars dernier; mais d'autant plus averties de ne pas confondre la loyauté opprimée avec la perfidie triomphante, les puissances réunies au congrès de Vienne ont signé le 25 du même mois un nouveau traité par lequel, avant tout, elles se sont engagées à respecter religieusement l'intégrité du territoire et l'indépendance du caractère françois; à ne se présenter que comme les amies, les libératrices, ou plutôt les auxiliaires de la nation françoise; à ne connoître d'ennemi que celui-là seul qu'elles ont déclaré l'ennemi du monde, qu'elles ont placé hors des relations civiles et sociales, et livré à la vindicte pu→ blique; enfin, à ne poser les armes qu'après l'irrévocable destruction de son pouvoir malfaisant, après la dispersion des factieux et des traîtres qui, se plaçant, par une irruption soudaine, entre un souverain légitime et des sujets

loyaux, ont arraché le Roi d'avec son peuple, et le peuple d'avec son Roi, pour le malheur de la France et du monde.

Les puissances réunies en congrès ont fait plus encore. Certes, leur caractère et leur magnanimité, connus et admirés de tout l'univers, n'eussent pas permis de concevoir un garant plus sacré de leur parole, que leur parole même : et cependant elles ont cru qu'à ce garant il falloit encore en ajouter un autre ; qu'elles ne pouvoient jamais ni assez tranquilliser le Roi sur la destinée de ses peuples, ni trop honorer la loyauté françoise dans la douleur qui l'accable et dans l'inactivité désespérante à laquelle on l'a réduite. Les puissances ont arrêté que l'accession du Roi seroit demandée particulièrement pour le nouveau pacte qu'elles venoient de conclure. Leurs ambassadeurs sont venus apporter toutes ces communications à S. M. Ils lui ont présenté les nouvelles lettres de créance de leurs souverains respectifs pour résider partout auprès du seul souverain légitime de la France; et, leurs pouvoirs reconnus, ils ont offert le nouveau traité des puissances à la délibération et à la signature du Roi.

François, le Roi a délibéré, et il a signé.

[ocr errors]

Dans ce mot seul est votre sécurité toute entière.

Vous en êtes bien sûrs, François ; votre Roi n'a pu rien signer qui fût contre vous. Votre Roi ne cessera jamais de veiller sur vous et pour vous. Vous l'avez lu dans tous ses actes publics; vous l'avez entendu au milieu de vos représentans, de vos municipaux', de vos gardes nationales : vous savez qu'il n'a pas tenu à lui d'éloigner cette dure nécessité de reconquérir vos droits. Il vous sacrifieroit aujourd'hui les siens, que son sacrifice, au lieu de vous assurer la paix, vous laisseroit exposés à une guerre plus terrible. Une invasion étrangère prendroit la place d'un appui étranger. L'Europe a résolu la destruction d'un pouvoir incompatible avec la société européenne. Eh! comment, dans un tel conflit, des étrangers livrés à euxmêmes distingueroient-ils parmi vous les victimes de la tyrannie d'avec ses complices? Comment la nation, dont l'usurpateur forceroit toutes les facultés à le servir, ne paroîtroitelle pas à ceux qui le combattroient, une nation entièrement et uniquement ennemie? Victorieuse ou vaincue, que deviendroit la malheureuse France?

Mais que la France le veuille, et la France

n'a plus que des amis dans une ligue où son Roi est prié d'intervenir et intervient. La nécessité qu'il n'a pu conjurer, il est sûr au moins de l'adoucir, lorsqu'il est là pour rallier sa nation autour de lui, pour détourner d'elle des coups qui ne doivent frapper que leurs communs oppresseurs; pour observer, avertir, contenir, arrêter; pour garder non-seulement vos propriétés publiques et individuelles, mais encore votre dignité nationale, dont il éstaussi jaloux que vous l'êtes sûrement vous-mêmes de sa majesté royale. L'une et l'autre restent et resteront intactes. Les François gardent leur place parmi les nations, comme le roi de France garde la sienne parmi les potentats. Avec la restauration de l'antique monarchie françoise, une ère nouvelle s'est annoncée l'année dernière à toute l'Europe. Tous les souverains, par leurs conventions, se sont garanti le repos et la liberté de leurs peuples, comme par leurs vœux tous les peuples se sont garanti la légitimité et le maintien du pouvoir de leurs chefs. On s'est uni pour la paix; on s'est ligué pour l'ordre; et dans cette ligue bienfaisante, ainsi que le congrès l'a justement appelée, tous les états sont en même temps protecteurs et protégés, garantis et garans.

« PreviousContinue »