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acte se fonde sur une supposition, c'est uniquement sur celle qui dérive de l'estime que l'Europe accorde à juste titre au peuple françois. Elle l'a jugé. Elle sait qu'il est trop éclairé sur ses véritables intérêts, assez pénétré des principes de l'honneur pour le croire asservi à la volonté d'un individu dont la puissance se compose des élémens qui amènent la chûte des

états.

On le répète encore une fois : la France n'a qu'à se délivrer de son oppresseur, n'a qu'à revenir aux principes sur lesquels repose l'ordre social pour être en paix avec l'Europe.

No V.

Proclamation de l'Avoyer du conseil de la république de Berne, du 13 mars 1815.

Nous l'Avoyer et le conseil de la ville et république de Berne, savoir faisons;

Le débarquement du ci-devant Empereur Napoléon sur les côtes de France, et sa marche rapide jusque dans les environs de Lyon, menacent la France d'une guerre civile qui, s'il plait à Dieu, sera courte, et qui expose notre patrie, même une partie de l'Europe, au dan

ger d'une nouvelle oppression et de nouvelles guerres. C'est donc un devoir sacré pour tous les gouvernemens Suisses de se mettre en mesure de maintenir l'honneur de la patrie aux yeux de l'Europe, de développer par un accord unanime toutes leurs forces pour défendre et conserver sa sûreté et son indépendance.

Telle est la résolution de la diète et la nôtre. Pleins de confiance en l'appui de la divine Providence pour une cause aussi juste, nous comptons sur le courage et la résolution de nos braves officiers et soldats, dont la fidélité et le zèle se sont montrés d'une manière si brillante dans les derniers temps, et sur le patriotisme de nos sujets qui réunira toutes leurs volontés pour le but commun, de manière que chacun dans sa position fasse tout ce que la patrie et le gouvernement en son nom seront dans le cas de lui demander.

La présente proclamation sera affichée partout où besoin sera, et distribuée aux différentes autorités et aux chefs des communes.

Donné le 13. mars 1815.

L'Avoyer DE WATTEWILLE.

No VI.

Proclamation du premier secrétaire d'état z du Pape, relative à la violation du territoire de l'Église par les troupes napolitaines, du 22 mars 1815, suivie d'une déclaration du 23 mars.

HERCULE DE SAINTE-AGATHE, etc.

Au moment où S. S. étoit fondée à croire que la paix et la tranquillité étoient rétablies pour toujours, elle s'est vue inopinément exposée à de nouveaux changemens désagréables.

Le Saint-Père ne savoit que trop que les troupes napolitaines se rapprochoient chaque jour davantage des frontières de ses états ; mais convaincu qu'il étoit en paix avec tout le monde, il ne craignoit rien et n'avoit aucune raison de craindre, surtout en considérant que refuser ce que l'on ne peut accorder d'après ses devoirs, et réclamer ce que les devoirs commandent, ne pouvoient fournir à personne de justes titres pour lui causer de nouvelles

anxiétés.

Cependant les demandes faites par le gouvernement de Naples lui ont donné de justes nquiétudes. On a demandé par l'entremise du

TOME V

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consul la permission de faire passer deux divisions, l'une par les environs de Rome, l'autre par le chemin de Terni, pour réunir toutes les troupes à Ancône, sous le prétexte que le passage par les Abruzzes n'étoit pas praticable dans cette saison pour l'artillerie et les bagages.

Le Saint-Père n'a pas cru pouvoir accorder ce passage, parce qu'il le juge contraire à son caractère, inutile et nuisible aux intérêts de ses états contraire à son caractère, parce que l'aspect de cette marche guerrière, et niême les termes dont on s'est servi pour demander le passage, faisant prévoir qu'il alloit éclater en Europe une nouvelle guerre, dans laquelle les troupes napolitaines pourroient être engagées, il eût enfreint ce système de neutralité conforme à son saint ministère, et que S. S. a observé scrupuleusement; nuisible aux intėrêts de ses états, parce que cela exposeroit ses sujets à toutes les conséquences du déplaisir la concession de ce passage pourroit causer aux puissances chez lesquelles on porteroit la guerre; inutile, parce que l'on peut passer par les Abruzzes, qui, dans cette saison, ne présentent aucune difficulté réelle pour le transport de l'artillerie et des bagages.

que

Malgré son refus positif, S. S. a appris avec une véritable douleur, que les troupes napolitaines ont commence à violer le territoire paisible de l'Église romaine.

Le Saint-Père ne pouvant souffrir en silence la violation de la neutralité de ses états, malgré ses droits incontestables de souveraineté et d'indépendance, nous a expressément ordonné de protester, comme nous protestons formellement en son nom, contre cette violation ainsi que de renouveler publiquement à cette occasion, comme nous le faisons réellement, ses protestations contre l'occupation des Marches, de Benevent et de Pontecorvo.

Quoique S. S. ne puisse douter qu'en demandant ce passage, l'on n'ait le dessein caché d'attenter à son domaine temporel et au respect dû à sa personne sacrée ; cependant, pour marquer davantage son refus, elle croit devoir s'éloigner momentanément de sa capitale et se retirer dans une ville voisine de ses états.

S. S. exhorte par notre entremise, tous et chacun en particulier de ses très-chers sujets, à rester fidèles à leurs devoirs, à maintenir la tranquillité publique, et à faire connoître qu'à tout événement ces fils bien-aimés se font une

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