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Les Monarques alliés s'imposent eux-mêmes les plus grands sacrifices; néanmoins ils ne demandent à la Suisse que ceux dont il lui est impossible de se dispenser dans une crise où il s'agit de ses plus chers intérêts; et pour lui alléger le fardeau de la mise sur pied des forces nécessaires pour la défense énergique de ses frontières, ainsi que pour en garantir le succès, elies ont le projet de tenir à la disposition de la Suisse tous les secours que les opérations générales de la guerre permettront de consacrer à cet objet.

Les Monarques désirent entretenir de cette manière dans cette nation (l'objet de leur bienveillance et de leur estime particulière) ces sentimens d'attachement, de confiance et de reconnoissance, auxquels ils croient avoir de si justes titres : sentimens qu'ils auront à cœur d'augmenter et de fortifier encore, à l'époque d'une paix générale, par une attention particulière pour la sûreté et les intérêts de la Suisse.

Les soussignés renouvellent à S. E. M. le président, et à MM. les députés à la diète, l'assurance de leur haute considération.

Zurich, le 6 mai 1815.

STRATFORD-CANNING, KRUDNER,
SCHRAUT ET CHAMBRIER.

N° XLII.

Réponse à la note précédente, du 12 mai.

Au moment où un nouveau bouleversement politique s'est manifesté en France, la Suisse, frappée des dangers de sa position, a pris avec vigueur et célérité les mesures de sûreté que l'importance des circonstances commandoit. La diète a fait connoître par une déclaration les motifs et le but de ces armemens; elle a évité toute relation avec l'homme qui a pris les rênes du gouvernement françois, et elle a refusé de le reconnoître.

Les ministres des puissances alliées tirent de cette conduite la juste conclusion, que la Suisse, réunie d'intérêt et d'intention avec les autres états, doit s'opposer de tous ses moyens à un pouvoir qui menace la paix, la tranquillité, l'indépendance et les droits des nations. Telles sont en effet les résolutions de la diète. Les relations qu'elle entretient avec les hautes-puissances alliées, et même avec elles seules, ne laissent aucun doute ni sur ses dispositions, ni sur ses desseins; elle y persistera avec cette constance et cette fidélité, qui ont été de tout temps un trait honorable du caractère suisse.

Vingt-deux petites républiques, unies entre elles pour leur sûreté et le maintien de leur indépendance, doivent chercher leur force nationale dans le principe de leur confédération. Ainsi le prescrivent la nature des choses, la situation géographique, la constitution, le caractère du peuple suisse.

Une suite de ce principe est sa neutralité, reconnue à son avantage, comme la base de ses rapports à venir avec tous les états. Il en résulte également, que, dans la grande lutte qui va s'engager, la part la plus efficace de la Suisse doit nécessairement consister dans la défense énergique de ses frontières. En restant sur cette ligne, elle ne se rend point étrangère à la cause des autres puissances; elle l'embrasse au contraire d'autant plus sincèrement, et la sert avec d'autant plus d'avantage, que cette cause devient plus immédiatement la sienne.

Considérée en elle-même, la défense d'une frontière de cinquante lieues d'étendue, qui sert de point d'appui aux mouvemens de deux armées, est une coopération non-seulement très-réelle, mais encore de la plus haute importance. Trente mille hommes et plus encore, ont été mis sur pied pour ce but. Déterminée à maintenir ce développement de forces, la Suisse

croit à son tour pouvoir attendre de la bienveillance des puissances, qu'aussi long-temps qu'elle n'appellera pas elle-même leur secours, les armées respecteront son territoire. Des assurances à cet égard sont absolument nécessaires, pour tranquilliser le peuple, et l'engager à supporter avec courage le fardeau d'un armement aussi considérable.

La diète croit avoir répondu par ces éclaircissemens à l'attente de MM. les ministres, ainsi qu'elle montre en même temps sa confiance en la justice et la grandeur d'âme des Monarques qui, en dernier lieu encore, ont pris tant de part au sort de ce pays, et se sont acquis par-là de nouveaux titres à sa reconnoissance. S'il y a maintenant quelque chose à faire dans le sens des principes exposés ci-dessus, pour établir d'une manière plus précise les rapports politiques de la confédération avec les puissances alliées pendant la durée de la guerre actuelle, et en même temps s'accorder sur les conditions de son système de défense, la diète est disposée à entendre à ces ouvertures. Elle a chargé MM. le bourgmestre de Wyss, l'avoyer de Mulinen, et le bourgmestre Wieland, d'entrer en négociation avec MM. les ministres sur ces deux objets, qui sont essentiellement insé

parables. Mais dans tous les cas, le droit est réservé aux cantons de prendre à cet égard une résolution définitive, et de donner force de loi. à ces arrangemens, en les confirmant constitutionnellement.

Zurich, le 12 mai 1815,

N° XLIII.

Proclamation du général comte de Bianchi, du 12 mai 1815.

LE F, M. L. baron de Bianchi, commandant le deuxième corps d'armée autrichienne en Italie, aux habitans du royaume de Naples.

Au moment de l'entrée des troupes autrichiennes sur votre territoire, je vous annonce, quoique vous deviez déjà en être instruits, que les intentions de cette brave armée ne sont point hostiles contre vous ni contre votre pays. Il a déjà été assez malheureux sous un gouvernement vexatoire, turbulent, intrigant et imbu de ces principes pervers que la France a imaginés dans son délire, et qu'elle a cherché à propager dans votre beau pays, en lui donnant pour souverain un de ces enfans de la révolution, qui se glorifioit de ce titre méprisable. L'armée autrichienne n'entre chez vous que

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