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N° LX.

Proclamation de la diete Suisse, du 10 juin

1815.

LORSQUE nous vimes le repos et la sûreté de la Suisse menacés par les grands évènemens survenus en France, nous vous appelâmes aux armes; et vous volâtes avec autant de joie que de courage aux frontières de la patrie. Depuis ce moment, le danger est devenu plus grand et plus pressant. L'homme qui tient maintenant en France les rênes du gouvernement, et contre la domination duquel toutes les Puissances de l'Europe se sont armées de la manière la plus formidable, met toutes ses forces et ses ressources en activité pour soutenir cette grande et dernière lutte. Il n'est pas question ici de la possession ou de la conquête de quelques provinces ou portions de territoire, que se disputent des princes divisés, dont les différends devroient être étrangers à la Suisse. Non, il s'agit de la tranquillité et de la paix de l'Europe entière; c'est pour conquérir la première, amener et affermir la seconde, que les grandes Puissances ont fait une alliance solennelle. La confédération helvétique a accédé à cette sainte

alliance; non pour faire la guerre aux habitans de la France, dont elle reste l'amie, et dont elle désire sincèrement le bien-être ; mais étant si ; près du danger, et voyant la sûreté de son propre territoire menacée, la Suisse ne peut, en suivant son système de neutralité, attendre, dans l'inaction et l'insouciance, l'approche de cette terrible lutte. En conséquence, vous devez, soldats, comme nous nous y sommes engagés envers les Puissances alliées, défendre avec bravoure et énergie nos frontières qui ne sont menacées que du côté de la France, et les mettre à l'abri de toute attaque. C'est à vous, braves enfans de la patrie, qu'est réservée cette honorable destination. Vous devez, par la défense du territoire suisse, contribuer au grand ouvrage du rétablissement de la paix et de la tranquillité de l'Europe. Soldats! appréciez cette belle vocation. Les troupes des Puissances alliées, qui poursuivent le même but, sont vos amis et vos frères d'armes. Obéissez aux ordres de vos chefs, qui ne vous conduisent que d'après une direction supérieure, et la volonté de vos gouvernemens paternels. Soldats! c'est par votre fidélité, votre courage et votre persévérance que vous obtiendrez l'estime du monde, et les bénédictions de la patrie.

Nous avons appris avec satisfaction la conduite exemplaire que vous avez tenue jusqu'à présent; recevez en nos remercimens; continuez de faire honneur au nom Suisse par l'accomplissement exact de vos devoirs, par une bonne discipline, et une obéissance ponctuelle à vos chefs; rappelez-vous les exploits de vos ancêtres; un grand nombre d'entre vous sont sur des champs où leur sang coula autrefois pour la liberté et la patrie; heureux dans la possession de leur héritage, vous vous conduirez d'une manière digne d'eux, et Dieu qui leur donna la victoire, sera aussi votre guide et votre protecteur. Donné le 10 juin 1815.

Au nom de la Diète helvétique.

Le bourgmestre du canton de Zurich, président,

Ne LXI.

DE WEYSS.

Ordre du jour du général Bachmann, du 12 juin 1815.

La diète a annoncé par une proclamation à l'armée, qu'elle avoit accédé à la grande alliance pour assurer le repos et l'ordre en Europe, et conséquemment qu'il ne peut être question de

neutralité dans la lutte contre l'ennemi de ce repos et de cet ordre.

L'armée suisse est destinée à défendre nos frontières; elle peut, en assurant leur inviolabilité, rendre de grands services aux alliés,

Qui, frères d'armes, officiers et soldats, nous voulons tous, chacun dans notre grade, remplir fidèlement les devoirs qui nous sont imposés par la diète au nom de la patrie. Nous voulons faire tout ce qui peut lui être utile et bonorable au nom suisse; nous voulons faire dans notre sphère d'activité tout ce que nous pourrons pour contribuer au rétablissement de la tranquillité et de la paix de nos environs,

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La patrie compte sur ses enfans qui sont aux frontières; elle se flatte qu'ils feront tous leurs efforts pour défendre sa liberté et son indépendance, et qu'animés d'un véritable esprit national, ils donneront leur sang et leurs vies pour conserver à leurs enfans l'héritage de leurs pères, la liberté et l'honneur.

Au quartier-général de Berne, le 12 juin 1815.

Le général des troupes de la confédération.
BACHMANN.

No LXII.

Nouvelles officielles sur les évènemens des 15, 16, 17 et 18 juin, publiés à Heidelberg.

D'APRÈS des rapports qu'on vient de recevoir des Pays-Bas, les hostilités ont commencé le 15 de ce mois. L'ennemi, qui, dans les derniers jours, avoit réuni toutes ses forces entre Sambre et Meuse, et qui avoit rassemblé cinq corps d'armée, se mit le 15 en mouvement avec ses colonnes sur les deux rives de la Meuse pour surprendre l'armée prussienne, et, en se por tant rapidement en avant, empêcher peut-être la concentration de ses corps et de ses troupes, ainsi que la réunion de l'armée prussienne, sous les ordres du feld-maréchal Blucher, avec celle du duc de Wellington. Comme les deux armées cantonnoient avec toutes leurs troupes à l'extrémité des frontières de l'ennemi, leur jonction n'étoit possible que dans les environs de Bruxelles. Le dessein des deux grands géné raux étoit de ne pas perdre de vue ce but principal de la réunion des deux armées, et de diri, ger les mouvemens en conséquence : ils le remplirent heureusement le 17, après les affaires les plus sanglantes, où ils déployèrent de nou

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