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Les points de concentration des quatre corps d'armée prussiens étoient Fleurus, Namur, Ciney et Hannut, dont la situation permettoit de réunir l'armée sur un de ces points dans les vingt-quatre heures.

Le 15, Napoléon s'avança par Thuin, sur les deux rives de la Sambre, contre Charleroy. Le général Zieten avoit réuni le premier corps d'armée près de Fleurus, et soutint ce jour-là un combat très-vif contre l'ennemi, qui, après avoir pris Charleroy, dirigeoit sa marche sur Fleurus. Le feld - maréchal Blucher ayant l'intention de livrer, aussi promptement que possible, une grande bataille à l'ennemi, les trois autres corps d'armée prussiens furent en conséquence dirigés sur Sombreffe (une demi-lieue de Fleurus), où devoient arriver le 15 les deuxième et troisième corps, et le 16 le quatrième corps.

Lord Wellington avoit réuni son armée près d'Ath et de Nivelles, ce qui le mettoit à portée de donner du secours au feld-maréchal Blucher, en cas que la bataille fût donnée le 15.

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teurs entre Brienet Sombreffe, et au delà de ce dernier endroit, et occupoit avec des forces imposantes les villages de Ligny et St.-Amand, situés sur són front. Cependant trois corps d'armée seulement avoient opéré leur réunion: le quatrième, qui se trouvoit stationné entre Liége et Hannut, avoit été retardé dans sa marche par plusieurs circonstances, et n'étoit point encore arrivé. Néanmoins le feld-maré→ chal Blucher résolut de livrer bataille, attendu que lord Wellington avoit déjà mis en mou vement, pour l'appuyer, une forte division de son 'armée, ainsi que toute sa réservé station→ née dans les environs de Bruxelles, et que le quatrième corps d'armée prussien étoit sur le point d'arriver.

La bataille commença à trois heures de l'après-midi. L'ennemi déploya au-delà de cent trente mille hommes. L'armée prussienne étoit forte de quatre-vingt mille. Le village de SaintAmand fut le premier point attaqué par l'ennemi, qui, après une vigoureuse résistance parvint à s'en emparer. Il tourna alors ses efforts contre Ligny, c'est un grand village solidement bâti, situé le long du ruisseau de ce nom. C'est-là que commença un combat qui doit être mis au nombre des plus opiniâtres

dont l'histoire ait jamais fait mention. On a vu souvent des villages pris et repris; mais ici le combat continua pendant cinq heures dans les villages mêmes, et le mouvement en avant ou en arrière avoit lieu dans un espace très-resserré. Des deux côtés de nouvelles troupes avançoient sans cesse. Chaque armée avoit, derrière la partie qu'elle avoit occupée, de grandes masses d'infanterie qui entretenoient le combat, et se renouveloient sans cesse par les renforts qu'elles recevoient de leurs derrières, ainsi que des hauteurs situées sur la droite et la gauche. Environ deux cents bouches à feu des deux côtés étoient pointées contre le village, qui se trouva en feu sur plusieurs points à la fois. De temps à autre le combat s'étendoit sur toute la ligne, l'ennemi ayant également porté beaucoup de troupes contre le troisième corps : toutefois le fort de l'affaire étoit près de Ligny. Les choses sembloient prendre une tournure favorable pour les troupes prussiennes, une partie du village de Saint-Amand ayant été reprise sur les François par un bataillon que le feld-maréchal Blucher commandoit en personne, avantage par suite duquel nous avions regagné une hauteur abandonnée après la perte de Saint

Amand. Néanmoins auprès de Ligny, le combat continuoit avec la même fureur. L'issue paroissoit devoir dépendre de l'arrivée des

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troupes angloises ou bien du quatrième corps d'armée prussien en effet, l'arrivée de cette dernière division auroit fourni au feld-maréchal Blucher le moyen de faire sur-le-champ, avec l'aile droite, une attaque dont on devoit attendre un grand succès. Mais on reçut la nouvelle que la division angloise destinée à nous soutenir, étoit vivement attaquée par un corps d'armée françois, et que c'étoit avec beaucoup de peine qu'elle s'étoit maintenue dans sa position des Quatre - Bras; le quatrième corps d'armée ne paroissoit pas non plus, de sorte que nous nous trouvions forcés de soutenir seuls l'attaque d'un ennemi très-supérieur en nombre.

La soirée étoit déjà fort avancée, et le combat près de Ligny se prolongeoit toujours avec le même acharnement et la même égalité de succès: on invoquoit, mais en vain, l'arrivée de ce secours si nécessaire : le danger devenoit plus pressant d'heure en heure : toutes les divisions agissoient où avoient déjà donné, et il ne se trouvoit plus à portée aucun corps qui pût les soutenir. Tout-à-coup une division de l'infanterie ennemie qui, à la faveur de la nuit

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avoit fait, sans être aperçue, le tour du village, en même temps que quelques régimens de cuirassiers avoient forcé le passage de l'autre côté, prit à dos le gros de notre armée établi derrière les maisons. Cette surprise de la part de l'ennemi devint décisive, surtout dans le moment où notre cavalerie, établie aussi derrière le village sur une hauteur, fut repoussée par la cavalerie ennemie dans des attaques répétées.

Notre infanterie, postée derrière Ligny, bien qu'elle se vît contrainte à la retraite, ne se laissoit pourtant pas abattre, ni par la surprise de l'ennemi au milieu de l'obscurité, circonstance qui exagère à l'homme tous les dangers dans lesquels il se trouve, ni par l'idée de se voir entourée de tous côtés. Formée en masses, elle repoussa froidement toutes les attaques de la cavalerie, et se retira en bon ordre sur les hauteurs, d'où elle continua son mouvement rétrograde sur Tilly. Par suite de la percée subite de la cavalerie, plusieurs de nos canons, dans leur retraite précipitée, avoient pris des directions qui les conduisoient à des défilés, dans lesquels ils devoient nécessairement se trouver en désordre; c'est de cette manière que quinze pièces tombèrent dans les mains.

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