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No LXVII.

Autre proclamation du même, adressée aux Belges, le 21 juin 1815.

MON armée étant sur le point d'entrer sur le territoire françois, nous ne saurions quitter le vôtre, braves Belges, sans vous faire nos adieux, et sans vous témoigner notre vive reconnoissance pour l'hospitalité que vous avez donnée à nos soldats. Nous avons eu l'occasion d'apprécier vos vertus. Vous êtes un peuple. brave, loyal et noble. Vous avez beaucoup souffert par l'irrégularité qui régnoit dans le service des vivres; mais vous avez supporté avec patience les réquisitions dont il a été impossible de vous exempter.

Votre situation m'a touché vivement; mais il étoit hors de mon pouvoir de l'alléger. Dans le moment du danger qui sembloit vous menacer, on nous a appelés à votre secours. Nous sommes accourus, et c'est bien malgré nous que nous nous sommes vus forcés par les circonstances, d'attendre si long-temps le commencement d'une lutte que nous aurions désiré voir s'engager plutôt. La présence de nos troupes a été onéreuse à vos contrées; mais nous avons

payé de notre sang le tribut de reconnoissance que nous vous devions, et un gouvernement bienveillant trouvera les moyens de dédommager ceux de vos compatriotes qui ont le plus souffert par les logemens militaires.

Adieu, braves Belges, le souvenir de l'accueil hospitalier que vous nous avez fait, ainsi que celui de vos vertus, sera gravé éternellement dans nos cœurs. Que le Dieu de la paix protège votre beau pays; qu'il en éloigne pour longtemps les troubles de la guerre: soyez aussi heureux que vous méritez de l'être. Adieu. Merbes-le-Château, le 21 juin 1815.

Le Maréchal Prince BLUCHer.

No LXVIII.

Proclamation du duc de Wellington, du 21 juin 1814.

Je fais savoir aux François que j'entre dans leur pays à la tête d'une armée déjà victorieuse, non en ennemi (excepté de l'usurpateur prononcé l'ennemi du genre humain, avec lequel on ne peut avoir ni paix ni trève), mais pour les aider à secouer le joug de fer qui les opprime. En conséquence, j'ai donné les ordres ci

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joints à mon armée, et je demande qu'on me fasse connoître tout infracteur.

Les François savent cependant que j'ai le droit d'exiger qu'ils se conduisent de manière que je puisse les protéger contre ceux qui voudroient leur faire du mal.

Il faut donc qu'ils fournissent aux réquisitions qui leur seront faites de la part des personnes autorisées à les faire, en échange pour des reçus en forme et ordre; qu'ils se tiennent chez eux paisiblement, et qu'ils n'aient aucune correspondance ou communication avec l'usurpateur ennemi ni avec ses adhérens.

Tous ceux qui s'absenteront de leurs domiciles après l'entrée de l'armée en France, et tous ceux qui, absens, se trouveront au service de l'usurpateur, seront considérés comme ses adhérens et comme ennemis, et leurs propriétés seront appropriées à la subsistance de l'armée.

Donné au quartier-général, à Malplaquet, ce 21 juin 1815.

WELLINGTON,

No LXIX.

Ordre du prince de Wrède, du 22 juin 1815.

Quartier-général de Hombourg, le 22 juin 1815.

SOLDATS, vous êtes venus en trois jours des bords du Rhin à ceux de la Sarre, dans l'espérance de pouvoir concourir aux opérations des armées alliées dans les Pays-Bas. Ces armées victorieuses vous ont prévenus. Une grande et décisive victoire a couronné leurs entreprises dans la bataille du 18. C'est maintenant à nous et aux alliés du Haut-Rhin à anéantir les corps ennemis qui nous sont opposés.

Soldats! demain nous attaquons l'ennemi. Marchons contre lui avec bravoure et avec constance. S. A. notre Prince-Royal est au milieu de nous. S. A. R. son frère puîné est à l'avantgarde. Le Prince-Royal sera témoin de votre conduite. Respectez et protégez les propriétés de l'habitant françois paisible. Ce n'est point à lui que nous faisons la guerre : c'est contre Napoléon et ses partisans que nous sommes armés. Marchons donc contre lui et les siens; marchons pour le Roi et la patrie, pour nos alliés, pour l'Allemagne.

Le Feld-Maréchal Prince DE WRÈDE.

No LXX.

Proclamation du prince de Schwarzenberg, du 23 juin 1815.

FRANÇOIS,

Vingt années de troubles et de malheurs avoient accablé l'Europe. La soif insatiable de domination et de conquête d'un seul homme en dépeuplant et en ruinant la France, avoit dévasté les contrées les plus éloignées, et le monde étonné a vu se reproduire, dans un siècle de lumières, les désastres du moyen âge.

L'Europe entière se souleva; un même cri d'indignation servit de ralliement à tous les peuples. Il eût dépendu, en 1814, des Puissances alliées d'exercer sur la France une juste vengeance trop provoquée par elle; mais de grands monarques, unis pour une seule et sainte cause ( le rétablissement de la paix en Europe), surent ne pas confondre le moteur de tant de maux avec le peuple duquel il s'étoit servi pour

accabler le monde.

Les Souverains alliés déclarèrent sous les murs de Paris que jamais ils ne feroient ni paix

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