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tière. Je l'avois consacrée d'avance par ma charte, et je prétends ajouter à cette charte toutes les garanties qui peuvent en assurer le bienfait.

L'unité du ministère est la plus forte que je puisse offrir. J'entends qu'elle existe, et que la marche franche et assurée de mon conseil garantisse tous les intérêts et calme toutes les inquiétudes.

On a parlé dans les derniers temps, du réta blissement de la dîme et des droits féodaux. Cette fable, inventée par l'ennemi commun, n'a pas besoin d'être réfutée. On ne s'attendra pas que le roi de France s'abaisse jusqu'à repousser des calomnies et des mensonges : le succès de la trahison en a trop indiqué la source. Si les acquéreurs de domaines nationaux ont conçu des inquiétudes, la charte auroit dû suffire pour les rassurer. N'ai-je pas moi-même proposé aux chambres et fait exécuter des ventes de ces biens? Cette preuve de ma sincérité est sans réplique.

Dans ces derniers temps mes sujets de toutes les classes m'ont donné des preuves égales d'amour et de fidélité. Je veux qu'ils sachent combien j'y ai été sensible, et c'est parmi tous

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les François que j'aimerai à choisir ceux qui doivent approcher de ma personne et de ma famille.

Je ne veux exclure de ma présence que ces hommes dont la renommée est un sujet de douleur pour la France, et d'effroi pour l'Eu rope. Dans la trame qu'ils ont ourdie, j'aper çois beaucoup de mes sujets égarés et quelques coupables.

Je promets, moi qui n'ai jamais promis en vain (l'Europe entière le sait), de pardonner aux François égarés tout ce qui s'est passé depuis le jour où j'ai quitté Lille, au milieu de tant de larmes, jusqu'au jour où je suis rentré dans Cambrai au milieu de tant d'acclamations.

Mais le sang de mes enfans a coulé par une trahison dont les annales du monde n'offrent pas d'exemple. Cette trahison a appelé l'étranger dans le cœur de la France. Chaque jour me révèle un désastre nouveau. Je dois donc, pour la dignité de mon trône, pour l'iatérêt de mes peuples, pour le repos de l'Europe, excepter du pardon les instigateurs et les auteurs de cette trame horrible. Ils seront désignés à la vengeance des lois par les deux.

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chambres, que je me propose d'assembler in

cessamment.

François! tels sont les sentimens que rapporte au milieu de vous celui que le temps n'a pu changer, que le malheur n'a pu fatiguer, que l'injustice n'a pu abattre. Le Roi, dont les pères règnent depuis huit siècles sur les vôtres, revient pour consacrer le reste de ses jours à vous défendre et à vous consoler.

Donné à Cambrai, ce vingt-huitième jour du mois de juin de l'an de grâce 1815, et de notre règne le vingt-unième.

Signé LOUIS.

Et plus bas, par le Roi:

Le ministre-secrétaire des affaires étrangères,

LE PRINCE DE TALLEYRAND.

No LXXXIII.

Observations sur quelques expressions du discours de Buonaparte au Champ-de-Mai, tirées du journal de Gand, du 14 juin 1815.

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EMPEREUR, consul, soldat, je tiens tout du peuple. (Il auroit dû dire: je fus élevé et nourri par cette auguste famille que je vous propose

de bannir à jamais. J'ai reçu d'elle les premiers emplois que j'ai occupés dans l'armée). Je m'élevai ensuite, par mes excès révolutionnaires, au rang de général; et ayant abandonné mon armée au jour du danger, je rentrai en France pour renverser le gouvernement établi. Je me fis consul par violence, puis empereur par ruse. Renversé de ce trône par l'abus de ma puissance, les excès de mon ambition et la voix impérieuse des peuples, je dus une existence souveraine à une magnanimité imprudente, et j'en profitai pour conspirer encore et bouleverser de nouveau l'Europe. A présent, je médite la destruction de la France, et je prépare secrètement, dans tous les ports, des vaisseaux pour m'enfuir, ainsi que je l'ai toujours fait au jour où le danger me sera personnel.

Dans la prospérité, je surpassai en impudence et en insolence tous les exemples.

Dans l'adversité, je devins humble jusqu'à la bassesse, et je suppliại ceux que j'avois insultés le plus cruellement.

Au conseil, je me distingue par l'immoralité

et la cruauté de mes opinions.

Sur le trône, j'ai appris de Talma à y

une tenue imposante.

avoir

Dans l'exil, je feignis d'être converti, comme

ee roi d'Athènes. Lequel? Le nom de Codrus, qui rappelle un si sublime dévouement, doitil être accolé au nom trop célèbré qui ne rappelle que des malheurs publics? Vous ne ressemblez à rien de ce qui fut; vous n'êtes égal par rien de ce qui fut mauvais. Gengis-Kan et Attila ont eté surpassés en cruautés par vous; vous ne ressemblez qu'à vous-même.

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Je me suis sacrifié pour mon peuple. Est-ce pour le peuple que vous avez fait périr de froid et de faim cette belle armée que vous avez conduite dans les déserts de la Russie?

Est-ce pour le peuple que vous avez entrepris la guerre d'Espagne, et toutes les autres guerres iniques?

Vous parlez de l'intégrité naturelle de la France; en demandant la paix, vous dévoilez votre pensée toute entière; c'est comme si vous disiez : je ne suis pas encore prêt à la guerre, je le serai bientôt ; attendez encore quelques semaines, et alors c'est moi qui vous attaquerai; car je veux avoir la Belgique, et après la Belgique, la confédération, etc., etc., etc.

Vous parlez de votre arrivée au milieu de l'allégresse publique. Dites plutôt au milieu de la consternation publique, et entouré de soldats ou égarés ou traîtres à la patrie.

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