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Les nations, dites-vous, sont liées par les traités conclus par leurs gouvernemens, quels qu'ils soient. Puisqu'il est ainsi, partez pour l'ile d'Elbe; car le traité de Paris, dont vous réclamez l'exécution, vous y relègue à perpétuité, et vous exclut de la France, vous et les vôtres.

Buonaparte accuse les princes d'avoir méconnu tous les principes; sans doute parce qu'ils ont respecté l'immuable principe de la justice; sans doute parce qu'ils ont rendu hommage au principe de la légitimité.

Ils méditent d'accroître le royaume des Pays" Bas, de lui donner pour barrières toutes nos places du Nord. Mais si tel avoit été l'objet de leurs méditations, qui les auroit empêchés de le faire en 1814, quand l'excès des folies et des fautes ont amené à Paris les armées de toute l'Europe? En a-t-il été question au congrès? Et au contraire, du côté de l'Alsace et du Piémont, n'avoit-il pas été cédé à la France quelques districts qui ne lui appartenoient point autrefois, et qui avoient paru nécessaires à l'alignement de ses frontières ?

Ma première pensée a été de constituer la nation. La nation constituée par Buonaparte le

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2 juin, et constituée par le moyen d'une farce populaire !.....

On dit que la nation est de 28,000,000 d'individus, et que le dépouillement général a produit 1,288,357 votes approbatifs (on passe sur les votes supposés ), et 4,007, négatifs; et puis on ajoute que le peuple a accepté l'acte qui lui a été présenté; mais vos partisans, les gens effrayés de vos mesures de terreur, forment donc, un nombre de 1,200,000 environ, toute la nation? L'imposture est dévoilée par votre propre recensement, et les plus incrédules verront que la nation a repoussé ce prétendu acte constitutionnel, comme elle vous repousse vousmême.

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Dites aux citoyens que les circonstances sont grandes...... Nous voici revenus au temps des paroles mystérieuses; au temps des phrases en manières d'oracles; de l'union, il y en aura, ainsi que de l'énergie et de la persévérance. Personne ne veut opprimer la France; vous seul l'opprimez et la menacez d'affreux malheurs. La France, avant votre retour, recouvroit sa tranquillité, renouoit ses relations avec les autres peuples; son gouvernement rendoit aux François, avec la paix, le bon goût, l'aménité et cette

élégance de mœurs qui distingue la nation. Vous seul avez tout détruit et tout corrompu, et sur votre tête coupable retombera la vengeance de la nation que vous voulez perdre, et des nations que vous menacez. Ce n'est qu'à vous, qu'à vous seul que les nations et les souverains font la guerre. Vous tomberez avec vos satellites; la France restera la France: elle retombera dans les bras de son Roi, qui recommencera à s'occuper de son bonheur, à fermer les nouvelles et cruelles plaies que vous lui faites, et à la replacer à son rang dans la considé– ration des peuples.

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Les François vous donnent des preuves de leur amour! Il est vrai: partout où ils ont pu se procurer des armes, ils se battent contre ceux qui vous ont ramené, et partout une noble résistance vous contraint à créér des comités de recherches, des comités révolutionnaires, de multiplier des lieutenans et agens de police : toutes preuves irrécusables de l'amour que Ies François vous portent.

En résumé, Buonaparte s'est montré, dans le cours d'une vie fertile en grands évènemens historiques, en bévues célèbres, en fautes irréparables, en crimes sans exemple, toujours faux, toujours perfide et toujours criminel. Sa grandeur empruntée du théâtre s'est évanquie

comme le prestige de son nom. Les hommest l'ont jugé en attendant le jugement du ciel, et le moment n'est pas éloigné où une seconde et dernière chute viendra consoler le monde et lui rendre le repos que cet homme trop célèbre lui a ravi si long-temps."

N° LXXXIV.

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Observations sur la déclaration du Roi, en date du 2 mai 1815 (1), et sur la conférence du congrès de Vienne qui a eu lieu le 12 du méme mois, tirées du journal universel de Gand.

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Il a été publié, dans l'espace de quelques jours, deux pièces qui constatent d'une manière positive la situation présente de la nation françoise, soit à l'égard de son gouvernement intérieur, soit dans ses rapports avec les puissances étrangères. Chacune consacre des vérités d'un ordre différent, mais qui tendent à produire la même conviction. Il est essentiel d'en faire remarquer la concordance, pour leur donner toute la force qu'elles doivent se prêter mutuellement.

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Une déclaration du roi de France, adresséc

(i) Voyez pag. 155.

à son peuple, a signalé le retour de Napoléon Buonaparte sur le territoire françois, comme la seule cause d'une guerre à laquelle le retour du souverain légitime avoit seul pu mettre un terme. Une résolution de toutes les Puissances européennes déclare le pouvoir de Napoléon Buonaparte incompatible avec les relations de paix qui avoient été rétablies avec le gouvernement du Roi. Voilà deux propositions bien claires, bien explicites, qui concourent à définir l'origine et le but de la lutte sanglante qui va s'ouvrir. Le Roi dit que « la France libre et "respectée, jouissoit, par ses soins, de la paix « et de la prospérité. qui lui avoient été ren« dues (1).» Les Puissances signataires du traité de Paris rappellent les expressions mêmes de ce traité, conclu avec un gouvernement qui, « en offrant à l'Europe un gage de sécu«rité et de stabilité, les dispensoit d'exiger << de la France des garanties qu'elles lui << avoient demandées sous son ancien gouver<< nement (2). » Ici tous les souverains de l'Europe déposent en faveur de l'assertion du Roi.

(1) Déclaration du Roi,

(2) Préambule du traité de Paris, cité à la conférence du congrès.

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