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Puisqu'on attente d'une manière aussi outrageante aux droits et à la liberté des François, il est de leur devoir de maintenir individuellement leurs droits; depuis long-temps dégagés de leur serment envers Napoléon Buonaparte, et liés par leurs vœux et leurs sermens à la patrie et au Roi, ils se couvriroient d'opprobre aux yeux des nations et de la postérité, s'ils n'usoient pas des moyens qui sont au pouvoir de chaque individu. L'histoire, en conservant une reconnoissance éternelle pour les hommes qui, dans tous les pays libres, ont refusé tout secours à la tyrannie, couvre de son mépris les citoyens qui oublient assez leur dignité d'hommes pour se soumettre à ses misérables agens. C'est dans la persuasion que les François sont assez convaincus de leurs droits 2 pour m'imposer le devoir sacré de les défendre, que je fais publier la présente protestation, qui, au nom des honorables collègues que je préside, et de la France qu'ils représentent, sera déposée dans des archives, à l'abri des atteintes du tyran, pour y avoir recours au besoin.

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Déclaration du même.

Comme le duc d'Otrante, se disant ministre de la police, m'outrage assez pour me faire dire que je peux rester en sûreté à Bordeaux, et vaquer aux travaux de ma profession, je déclare que si son maître et ses odieux agens ne me respectent pas assez pour me faire mourir pour mon pays, je les méprise trop pour recevoir leurs outrageans avis. Qu'ils sachent qu'après avoir lu, le 20 mars, dans la salle des séances, la proclamation du Roi, au moment où les soldats de Buonaparte entroient dans Paris, je suis venu dans le pays qui m'a député, que j'y suis à mon poste, sous les ordres de madame la duchesse d'Angoulême, occupé à conserver l'honneur et la liberté d'une partie de la France, en attendant que le reste soit délivré de la plus honteuse tyrannie qui ait jamais menacé un grand peuple. Non, je ne serai jamais soumis à Napoléon Buonaparte, et celui qui a été honoré de la qualité de chef des représentans de la France, aspire à l'honneur d'être en son pays la première victime de l'ennemi du Roi, de la patrie et de la liberté, si, ce qui n'arrivera pas, il étoit réduit à l'impuissance de contribuer à les défendre.

LAINÉ.

No XII.

Proclamation de Joachim Murat adressée aux peuples d'Italie, du 30 mars 1815 (1).

ITALIENS, l'heure est arrivée où de hautes destinées doivent s'accomplir. La Providence vous appelle enfin à être une nation indépendante. Des Alpes au détroit de Scilla, l'on n'entend plus qu'un cri: Indépendance de l'Italie. De quel droit des peuples étrangers veulent-ils vous ravir cette indépendance, le premier droit et le premier bien de tous les peuples? De quel droit s'approprient-ils vos richesses, pour les transporter dans des pays qui ne les ont pas produites? De quel droit enfin vous enlèventils vos enfans, pour les faire servir, languir et mourir loin des tombeaux de leurs ancêtres? Ce seroit donc en vain que la nature auroit élevé pour vous le rempart des Alpes? qu'elle vous a entourés d'un autre plus insurmontable encore, celui de la différence des langues et des mœurs, de l'antipathie des caractères? Non,

(1) Quoique cette pièce soit connue en France, hous l'insérons ici pour l'intelligence de nos numéros XII et XIII.

non! toute domination étrangère doit disparoître du territoire italien. Maîtres autrefois du monde, vous avez expié cette gloire dangereuse par vingt siècles de revers et d'oppression. Que votre gloire soit maintenant de n'avoir plus de maîtres. Toute nation doit rester dans ses frontières naturelles. Les vôtres sont des mers et des montagnes qu'on ne peut franchir. N'essayez jamais d'en sortir; mais éloignez-en l'étranger qui les a violées, s'il ne se hâte de rentrer dans les siennes. Commandés par leur Roi, 80,000 Napolitains sont en marche, et jurent de ne poser les armes qu'après la délivrance de l'Italie. Ils ont déjà prouvé qu'ils savent accomplir ce qu'ils ont juré. Italiens des autres con. trées, soutenez ce plan généreux. Que ceux d'entre vous qui ont déjà porté les armes, les reprennent, et instruisent à les manier la jeunesse sans expérience. Que tout homme de tête se lève pour un si généreux effort, qu'il parle le langage de la liberté pour le soutenir, et qu'il l'adresse au nom de la patrie à tous les cœurs vraiment italiens. Que l'énergie du peuple se prononce sous toutes les formes. Il s'agit de décider si l'Italie sera libre ou encore asservie pour des siècles. Que la lutte soit décisive, et bientôt nous verrons assuré pour long-temps le bien

ètre de notre belle patrie qui est encore déchirée et ensanglantée.

Les hommes éclairés de toutes les nations, les peuples dignes d'un gouvernement libéral, les souverains qui se distinguent par un grand caractère, se réjouiront de votre entreprise et applaudiront à votre triomphe. Comment n'auriez-vous pas le suffrage de l'Angleterre, ce pays modèle d'un gouvernement constitutionnel, ce peuple libre qui se fait gloire de combattre et de prodiguer ses trésors pour l'indépendance des peuples? Italiens! vous vous êtes étonnés de nous appeler en vain; vous nous croyiez peut-être oisifs, tandis que vos désirs parvenoient jusqu'à nous. Mais le moment favorable n'étoit pas encore arrivé; je n'avois pas encore de preuves de la perfidie de vos ennemis; il étoit nécessaire que l'expérience fit voir la fausseté des promesses dont vos anciens souverains ont été si prodigues, lorsqu'ils ont reparu parmi vous. C'est à cette prompte et malheureuse expérience que je vous appelle, braves et malheureux Italiens de Milan, de Bologne, de Turin, de Venise, de Brescia, de Modène, de Reggio et des autres pays célèbres qui ont été opprimés.

Combien de bravés guerriers et de patriotes

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