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arrivé d'Allemagne des troupes nombreuses uniquement pour la défendre. Mais le Roi de Naples a jeté à la fin le masque qui l'a sauvé dans les momens les plus dangereux; sans déclaration de guerre, dont il ne pourroit point alléguer de juste motif, contre la foi des traités avec l'Autriche, auxquels seuls il doit son existence politique, il menace de nouveau, avec son armée, la tranquillité de la belle Italie; et non content de porter avec lui le fléau de la guerre, il cherche encore à rallumer partout, par un simulacre d'indépendance italienne, çe feu dévastateur de la révolution, qui déjà autrefois l'a fait sortir de l'obscurité d'une condition privée pour l'élever à la splendeur du trône.

Quoique étranger à l'Italie, quoiqu'il n'y ait que peu de temps qu'il soit dans la catégorie des souverains, il affecte avec les Italiens un langage dont pourroient à peine se servir vis-àvis d'eux un Alexandre Farnèze, un André Doria, un Trivulze; et de lui-même il se proclame chef de la nation italienne, qui a dans son propre sein des dynasties régnantes depuis des siècles, et qui a vu naître dans ses contrées les plus riantes cette famille auguste, qui réunit sous son sceptre et son gouvernement paternel tant de nations. Lui, Roi de l'extrémité de

l'Italie, voudroit, par la spécieuse idée de limites naturelles, tromper tous les Italiens par un fantôme de royaume dont on ne pourroit guères déterminer la capitale, parce que la nature, par les limites qu'elle a posées, a prescrit à différentes parties de l'Italie leurs gouvernemens particuliers, et montré par-là que ce ne sont ni l'étendue du terrein, ni le nombre de la population et la force des armes; mais les bonnes lois ; le maintien des anciens usages, et une administration économique qui font le bonheur des peuples; et c'est pour cette raison que l'on se rappelle encore, avec des sentimens d'admiration et de reconnoissance en Lombar die et en Toscane, les noms immortels de Marie-Thérèse, de Joseph et de Léopold.

Non content de tromper la multitude par l'espoir d'une prétendue indépendance, le Roi de Naples veut encore induire en erreur les Italiens prudens, en leur faisant croire que ces mêmes puissances, qui renouvellent avec une promptitude étonnante les armemens les plus formidables par terre et par mer, et qui dans peu de jours donneront à l'univers, par un second acte public, une nouvelle preuve de leur union indissoluble dans les mêmes principes, sont secrètement disposées à seconder

ses projets, comme si l'on pouvoit dire que I'Italie seroit indépendante lorsqu'elle seroit sous son gouvernement; comme si toutes les puissances ne savoient pas maintenant, mieux que jamais, qu'il ne peut y avoir ni trève, ni paix avec celui qui ne respecte pas les promesses qu'il a faites, et n'est point sensible aux traitemens de vainqueurs généreux.

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Les largesses répandues par l'auguste Empereur et Roi François Ier sur toute l'armée italienne, dont aucun individu, son sujet, n'est resté sans moyens honorables de subsistance, et sur toute la classe nombreuse des employés, au sort de laquelle il a été également pourvu; la sollicitude paternelle avec laquelle le Gouvernement autrichien, sans égard aux opinions politiques et à la conduite passée, n'a cherché, à sa rentrée en Italie, qu'à réunir tous les partis en un seul, à les traiter tous comme ses enfans, et en conservant ces sentimens paternels même pour le petit nombre de ceux qui, par leurs erreurs, l'ont forcé à employer des voies de rigueur; toutes ces choses sont si notoires, qu'elles détruisent d'elles-mêmes et sans autre apologie toutes les calomnies répandues avec tant d'emphase dans les proclamations du Roi de Naples.

Lombards! le Gouvernement autrichien naturellement sincère, et dont le systême est de s'abstenir de toute exagération, vous a promis tranquillité, bon ordre, administration paternelle, et il vous tiendra sa promesse. Rappelez-vous le bonheur des temps antérieurs à 1796, et des institutions de MarieThérèse, de Joseph II, de Léopold, et comparez ce systême de gouvernement avec celui que vous avez dû souffrir depuis, et qui, fondé sur les mêmes principes, et annoncé avec les mêmes expressions mensongères, vous est maintenant représenté comme un objet d'espoir, et un motif de nouveaux efforts. Votre trop grande crédulité aux promesses de la démocratie françoise a déjà causé votre ruine. Soyez maintenant plus prudens, parce que cette faute, après l'expérience que vous faites, sera plus grave; et avec la docilité de votre caractère, avec la réflexion, fruit de vos lumières et de votre affection pour notre auguste souverain, coopérez dans toute circonstance à la conservation de l'ordre et à la défense de la patrie et du trône.

Milan, le 5 avril 1815.

Le gouverneur-général,
BELLEGARDE, feld-maréchal.

No XV.

Proclamation du roi de Prusse adressée aux habitans du grand - duché du Rhin, du 5 avril 1815.

AUX HABITANS DES PAYS DU RHIN RÉUNIS A LA MONARCHIE PRUSSIENNE.

EN adhérant à la résolution unanime du congrès qui incorpore à mes états une grande partie des provinces allemandes de la rive gauche du Rhin, j'ai senti tout le danger de la situation de ces provinces frontières de l'empire d'Allemagne, et le devoir difficile de les défendre. Mais la considération importante des intérêts de la patrie allemande a décidé ma résolution. Des pays d'origine allemande doivent être réunis à l'Allemagne; ils ne peuvent appartenir à un autre état auquel ils sont étrangers par la langue, les mœurs, les coutumes, les lois. Ils sont les remparts de la liberté et de l'indépendance de l'Allemagne, et la Prusse, dont l'existence politique a été sérieusement menacée depuis leur perte, a contracté l'obligation et acquis le droit honorable de les défendre et de veiller à leur conservation. J'ai pesé ces motifs, et j'ai considéré en même temps que je

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