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gens ont porté partout la tranquillité et le bon ordre. On les a vus monter à cheval et se mettre à la tête de la Garde nationale, heureuse d'obéir à de jeunes, mais de si dignes chefs; sans eux les constitutionnels auraient été embarrassés de leurs canons, si dignement conquis. La ville de Paris doit beaucoup à leur habileté et à leur sangfroid.

-A l'un des combats contre la garde royale, celle-ci, repoussée par les citoyens, avait abandonné une pièce de canon qui se trouvait sur un espace vide, mais il y avait du danger de s'en approcher à cause de la fusillade. Un élève de l'Ecole Polytechnique, qui était à la tête des bourgeois armés, court sur la pièce qu'il retient de ses deux bras. «< Elle est à nous, dit-il, je la garde; je mourrai dessus plutôt que de la rendre. »

On lui crie derrière : << Les braves nous sont chers; vous allez être tué, revenez à nous. Le jeune homme

n'écoute rien et tient la pièce encore plus embrassée, malgré une grêle de balles qui pleuvent autour de lui. Enfin la garde royale est forcée de reculer encore par le feu des citoyens, qui s'avancent alors sur le terrain, joignent la pièce et sauvent le brave qui s'en était emparé le premier.

A la prise du château, un autre élève, qui était aussi à la tête des citoyens armés, se présente à la grille. Un officier supérieur s'approche aussitôt : « Ouvrez, lui dit le jeune commandant, si vous ne voulez être tous exterminés, car la liberté et la force sont pour le peuple. » L'officier s'y refuse et lâche son pistolet, dont le coup ne part pas. Le jeune élève, qui conserve tout son sang-froid, saisit au même instant l'officier à la poitrine, et, dirigeant son épée sur lui, il lui dit : « Votre vie est à moi, je pourrais vous égorger, mais je ne veux pas verser de sang. » L'officier, tout ému de cet acte de générosité, arrache la décoration qu'il portait,

et la présente à son noble ennemi en disant « Brave jeune homme, personne n'est plus digne que vous de porter ce signe de l'honneur; recevez-le de ma main; officier supérieur, j'ai joui jusqu'à ce moment de quelque crédit, et je suis certain qu'il yous sera continué. Votre nom? Elève de l'Ecole Polytechnique », et le jeune homme rejoint aussitôt les siens.

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L'attaque du Louvre a été dirigée par un jeune élève de l'Ecole polytechnique, nommé Monduel ou Maduel. Cette attaque s'est faite avec une telle impétuosité qu'en une minute les grilles ont été forcées, malgré plusieurs décharges des troupes suisses placées sous les colonnades et dans les cours. Bientôt le désordre s'est mis dans les rangs des Suisses qui ont évacué le Louvre, et se sont retirés vers le château des Tuileries, qui s'est soumis une heure après.

Un élève de l'Ecole Polytechnique a couru au milieu des milliers de balles

se placer sur un piedestal près de la grille latérale gauche du Louvre, sous la colonnade; de là, et par son exemple, il a engagé ses compagnons d'armes à faire comme lui; pendant qu'ils accouraient il s'est élancé par-dessus la grille qui a été à l'instant forcée et a décidé la prise du Louvre. Le premier entré après lui a arboré le drapeau tricolore; c'était un jeune garçon de quatorze ans!!!

On nous a dit que ce héros de l'École Polytechnique, criblé de balles, avait été porté mourant et en funèbre triomphe dans le Jardin des Tuileries.

-La reconnaissance du peuple pour les élèves de l'École Polytechnique allait jusqu'à la vénération. Un de ces braves jeunes gens, qui n'avait pris aucun repos depuis trois nuits, s'est endormi de fatigue sur un des matelas destinés aux blessés. Quand le soir est venu, on l'a enlevé, transporté à son insu à l'Hôtelde-Ville, et quand l'aspect de son uniforme faisait élever des acclamations sur

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son passage> ses porteurs disaient : Respectez son malheur ! » On ôtait son chapeau et on passait.

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-Un des élèves de l'Ecole Polytechnique a été tué dans les appartemens des Tuileries. Son corps, relevé avec respect par ceux qu'il avait conduits à la victoire, a été déposé sur le siége même du trône royal, et couvert de lambeaux de crêpe, rassemblés au hasard; il y est demeuré jusqu'à ce que son frère et quelques autres personnes de sa famille soient venus réclamer ses glorieux restes.

-Les artistes français, voulant honorer la belle conduite de l'Ecole Polytechnique, ont résolu de faire frapper une médaille en leur honneur. L'exécu tion de cette médaille est confiée au talent de M. Domard.

-L'attaque du Louvre, faite de front par la colonne sortie du faubourg SaintGermain, a été vigoureusement appuyée par une autre division, qui, depuis le pont des Arts jusqu'au Pont-Royal,

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