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tion de ce prince, ils arrivèrent à Paris, et débutèrent à l'opéra, le 7 juin 1729, par Serpilla e Bajocco, ovvero il Marito giocatore e la Moglie bacchetona. Le 17, ils représentèrent Don Micco e Lesbina, intermèdes en trois actes, à deux acteurs principaux. Cette nouveauté, favorablement accueillie, n'eut aucun résultat pour le progrès de l'art. Chacun de ces opéras bouffons parut quatre fois de suite. Ristorini (Antonio-Maria), M" Ungarelli (Rosa), du théâtre de Darmstadt, figuraient en première ligne dans l'une et l'autre pièce, dont les entr'actes et le dénouement étaient ornés de danses exécutées par Laval, Malter, Dumoulin, Miles Sallé, de Camargo, Mariette. On joignit à Serpilla des choeurs italiens tirés des opéras de Campra, de Batistin; Dumas et Me Roze, acteurs français, y chantaient les solos. Des sonates, des concertos mêlés à ces divertissements firent briller Guignon, fameux violoniste de ce temps, et le dernier qui se soit paré du vain titre de roi des violons. L'exécution vive et précise des Italiens fut généralement admirée, dit le Mercure de France (1). » On peut se faire une idée, d'après cela, de ce que furent les représentations de Bruxelles.

Pendant ce temps, on donna au Grand Théâtre de cette ville des comédies et des tragédies, au nombre desquelles nous citerons le Comte d'Essex et Héraclius. On ne tarda pourtant point à reprendre les représentations italiennes. La même troupe revint-elle au mois d'août? Cela est fort douteux, puisque déjà, le 26 de ce mois, l'opéra de Témistocle s'annonçait comme devant être donné « par de nouveaux acteurs arrivez depuis peu d'Italie. » Témistocle, exhibé le 28 pour l'anniversaire de naissance de l'impératrice régnante, fut redonné huit fois du commencement de septembre au commencement d'octobre.

D'après le libretto de Témistocle, conservé à la Bibliothèque royale de Bruxelles, le directeur de la troupe était

(1) De juin 1729.

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encore Gio-Sébastiano Brillandi, signataire de la dédicace d'usage. Les interprètes de Témistocle étaient les suivants: Artaserse, Luigi Antinori, de Boulogne; Palmide, Anna Dotti, de la même ville; Témistocle, Alessandro Véroni, de la même ville; Éracléa, Giustina Eberard, de Venise; Cléarco, Margherita Staggi, de Rome; Cambise, Giuseppe Rossi, de Mantoue. Le libretto, dont la traduction française est en regard, a pour titre: Témistocle, dramma per musica, da rappresentarsi nel gran teatro di Brusselle, il di 28 d'agosto 1729, per solennizar la nascita dell' imperatrice regnante, per comando di S. A. S. Maria-Elisabetta-Lucia, arciduchessa d'Austria, governatrice de' Paesi-Bussi Austriaci. - In Brusselle, con privilegio cesareo. In-4°, de 72 pages. Il reparut encore en novembre, après les tragédies françaises d'Electre, de Phèdre et d'Hyppolite. Alexandre Sévère (de Lotti?) eut la vogue de Témistocle, et fut représenté quatre fois en novembre. Armide y succéda, à la fête de sainte Lucie, le 13 décembre, ainsi qu'à la fête de sainte Gudule, dimanche 8 janvier 1730, puis le dimanche le 15 janvier. Après une reprise d'Alexandre Sévère, le mois de février s'ouvrit par Attale, qui parut quatre fois, la dernière, en guise de clôture sans doute, le mardi le 21 février.

La tragédie, variée de temps en temps par la comédie, fait exclusivement les frais des représentations du reste de l'année 1730, à partir du 20 juillet. Elle domine en 1731, 1732, 1733, et jusqu'en octobre 1734. Après cet interrègne de l'opéra, des velléités de résurrection se font jour, car, le 10 du mois d'octobre susdit, une compagnie bourgoise y représente, vraisemblablement en flamand, l'opéra: Lucius Papirius, déjà interprété par les Italiens. Vers le milieu de novembre, la même association donne l'opéra de Cadmus et Hermione. Les deux représentations sont honorées de la présence de S. A.; puis, le Grand Théâtre retombe en pleine tragédie et comédie, de 1735 à 1739. Exceptionnellement, l'opéra se détache de cette foule de pièces, pour disparaitre de nouveau.

Voici le programme de la pièce que la société de rhétorique flamande, le Lis, donna le 23 janvier 1736, au Théâtre de la Monnaie: Griseldis, italiaens opera, verciert met alle syne uyt-wercksels, verscheyde balletten, en volle choore van musieck, nieuwe compositie op de italiaensche manier door Carolus-Josephus Van Helmont, organist van de hooft-kercke van den H.Michaël ende Gudula, in het nederduyts over-gestelt ende gerymt door JoannesFranciscus Cammaert, sal verthoont worden door de RymKonst-voedende minnaers van de Lelie-Bloem, op-gedragen aen den hoogh-geboren heere hunnen hooft-man LouisFerdinand-Joseph de Claris, marquis van Laverne, etc., hoogh-baillu der stede ende landen van Dendermonde. C'est une imitation de la pièce italienne de Griselide, mise en vers flamands par Jean-François Cammaert et enrichie de nouveaux chœurs par Charles-Joseph Van Helmont. Un ouvrage de plus à ajouter à la liste des productions de ce compositeur. En outre, on voit qu'avant d'obtenir le poste de maître de chapelle, il a dû passer par celui d'organiste (1). En 1740, on peut lire cette annonce, ou plutôt cette réclame :

Les spectacles sont ouverts en cette ville depuis le 1 de ce mois [de septembre]. Le s' Ribou de Ricar, entrepreneur de la comélie et en même temps de l'opéra, donna hier l'opéra des Fêtes de Thalie, où il se trouva une assemblée nombreuse.

En 1746, le maréchal de Saxe vint, comme on sait, guerroyer en Belgique. Une troupe d'opéra-comique l'accompagnait partout et servait ses desseins politiques en même temps que ses opérations militaires. « C'était au spectacle, dit Marmontel, dans ses Mémoires, qu'il donnait l'ordre des batailles, et, ces jours-là, entre des pièces,

(1) Voy. les enseignements qui ont été donnés sur Charles-Joseph Van Helmont, aut er de cet ouvrage.

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