le concours de la puiffance eccléfiaftique. Nous adhé rons auffi à la déclaration faite par monfeigneur l'arché vêque d'Aix, relativement à l'incompétence de l'affemblée pour ftatuer fur la difcipline eccléfiaftique ainsi qu'à la demande qu'il a faite d'un concile national que nous regardons comme le feul remede aux maux qui affligent l'églife. Que notre joie feroit grande, N. T. C. F., fi nous avions la confolation de vous voir réclamer avec nous fur tous ces objets, et principalement fur celui de la confervation exclufive de notre fainte religion! votre voix feroit peut-être plus écoutée que la nôtre, et nous nous applaudirions d'être le pafteur d'un peuple qui auroit coopéré à cette grande œuvre. Mais fur-tout profternez-vous devant Dieu, gémiffez et priez, ce font là les véritables armes d'un chrétien. Nous irons vous les arracher, au risque même de nous en laiffer percer, fi nous apprenions que vous en euffiez d'autres dans les mains. Nous ne nous fommes pas diffimulé qu'en vous annonçant toutes ces vérités, nous nous expofions peutêtre à de nouveaux outrages et à des perfécutions. Mais, malheur au dernier des miniftres de la religion, et plus encore à un évêque, fi, nous laiffant intimider par des craintes et des menaces puériles, nous avions la foibleffe d'y céder, fi nous négligions de vous rompre le pain de la parole de vie, et de vous montrer le fentier étroit qui conduit à la béaittude célefte. Quelque vive que foit la douleur de nous voir éloignés de vous, elle ne nous abforbera pas. Préfent d'efprit et de cœur avec vous, nous ne cefferons de faire des vœux pour votre bonheur, et de vous faire entendre notre voix, toutes les fois que les intérêts de la religion ou de votre falut l'exigeront. O! vous nos dignies coopérateurs! fi vous nous rendez la juftice que nous croyons mériter de votre part, de n'avoir jamais voulu dominer fur vous, d'être parmi vous comme l'un d'entrevous, fuivant le précepte de l'apôtre; fi vous avez toujours trouvé en nous un pere et un ami prêt à partager vos peines, nous ne vous demandons pour toute marque de reconnoiffance, et nous vous conjurons de veiller plus foigneufement que jamais fur le troupeau qui vous eft confié. L'ennemi du genre humain est à la porte, prêt à le dévorer; écartez-le en faifant la garde nuit et jour, et fans vous repofer; redoublez de zele et de foins pour fon instruction, et faites lui éviter ainfi les piéges de fon ennemi; exhortez-le preffez-le d'approcher fouvent des facremens qui font une fource inépuifable de grâces. Mais engagez-le furtout à prier, priez avec lui, fans vous laffer, et faiteslui fentir que la priere eft la feule arme qui puiffe lui affurer la victoire. Et vous, peuple confié à nos foins, refpectez vos pafteurs dont nous avons l'honneur d'être le chef; ils font les miniftres de Jefus-Chrift, et c'est par notre bouche, qu'ils vous annoncent fes oracles. Ecoutez donc notre voix avec docilité. Regardez nous tous comme vos peres; nous en avons les entrailles et la follicitude. Vos feuls ennemis font ceux qui veulent vous éloigner de nous, et par-la éternifer vos maux. Grand Dieu! que vous êtes jufte dans vos jugemens! nos crimes étoient à leur comble, et nous avions laffé votre patience. Nous avons mérité les châtimens que vous nous envoyez, ee nous ne pouvons ne pas reconnoître la main toute puiffante qui nous frappe; mais après nous avoir puni en Diau vengeur des crimes vous nous pardonnerez en pere, et en Dieu dont la miféricorde eft infinie. Nous vous en conjurons, ô mon Dieu ! laiffez-vous toucher à nos larmes; daignez jetter un regard de bonté fur le peuple François, ce peuple autrefols fi fidele à votre loi, et la portion la plus riche de votre héritage. Confervez-lui fur-tout le don précieux de la foi, fans lequel tous les autres ne font rien. Ramenez la paix parmi lui; faites que ceffant de haïr et s'entre-déchirer, animé des mêmes fentimens, le lien de la charité fraternelle l'uniffe. Ecoutez en particulier les voeux et les prieres que nous ofons vous adreffer pour la portion de ce peuple que vous nous avez confiée. Frappez le pasteur; mais nous vous conjurons d'épargner le troupeau pour lequel nous fommes prêts de verfer notre fang. Dieu de St. Louis ! daignez jetter auffi un regard favorable fur l'héritier de fes vertus et de fon trône, fur l'augufte monarque qui nous gouverne; comblez-le de vos bénédictions les plus abondantes; faites profpérer fes bienfaifantes intentions. Il eft le pere de fon peuple, qu'il en devienne l'amour et les délices! raffermiffez fon autorité chancelante, et changez en douceurs et en confolations les peines et les amertumes que lui font éprouver les maux dont nous gémissons. Ainfi foit-il. Fait ce 1 juillet 1790. E. L. LEON, ÉVÊQUE DE TOULON. FIN, AU COMTE DE MIRABEAU, Sur son rapport à l'Assemblée Nationale, au nom du Comité Diplomatique, dans la séance du 25 août sur l'affaire d'Espagne. 1790, Imprimé par ordre de l'Assemblée Nationale. Obrepsisti ad honores, errore hominum & fumosarum imaginum, quarum simile nihil habes, præter colorem. CIC. IN PISON. SEPTEMBRE, 1790. JE vous écris encore M. le Comte comme à un gentilhomme, parce que votre (6) Α BODLE conserverez un monarque, elle subsistera malgré vous, parce que dans une monarchie, les rangs appartiennent à l'état, non aux individus ; & dans un pareil état un gentilhomme ne peut être dégradé que par un jugement légal. Dans une monarchie, la noblesse forme l'état civil d'un gentilhomme, & il ne dépend pas plus de lui de se faire roturier, qu'il ne dépend de tout citoyen de se faire batard. Dès que vous confondriez l'état civil des hommes avec leur état naturel, vous ne feriez plus que des maîtres & des esclaves. Pour entraîner le peuple dans vos erreurs, ou plutôt dans les piéges que vous luitendez, vous lui insinuez, que c'est l'avilir, que d'élever un rang au-dessus de lui. C'est précisément le contraire. Un peuple qui exhausse une condition au-dessus de la condition populaire, loin de s'abaisser, s'élève lui-même, parce qu'il annonce, que la nature a mis dans lui l'aiguillon de la gloire; & qu'il propose aux grandes vertus, aux grands talens, aux grandes actions, une récompense digne d'elle. C'est l'émulation, c'est, faut il le dire ? l'amour propre, qui est le grand ressort des actions des hommes; sans lui, ils n'auroient que des vertus d'esclaves; telle est son essence, qu pourvu qu'il soit, il veut bien être son propre ennemi. Qui mieux que vous, M. le Comte, doit sentir cette vé i é? Fiez-vous ce que vous faites, si vous ne vous regardiez pas dans les |