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Mais les actes de sa volonté, quand même ils auraient été légitimes, eussent ainsi demeuré imparfaits et réprouvés pour jamais, par des hommes dont le concours avait éte jugé nécessaire par M. le duc de Bouillon lui-même; et dont l'autorité était d'autant plus grande, qu'elle était à la fois celle des lumières, des vertus, et du premier corps de l'Etat de Bouillon; de celui, enfin, auquel tous les autres étaient soumis.

est

La conséquence de tout ce qui vient d'être dit,

Que M. le duc de Bouillon n'a jamais eu le droit d'intervertir l'ordre établi par les lois, et par les donation et substitution de 1696, pour la souveraineté de Bouillon;

Que, quand il aurait eu ce droit, les actes par lesquels il l'aurait exercé, seraient demeurés imparfaits;

Et, enfin, que c'est nécessairement à M. le prince de Rohan que cette souveraineté appartient, et doit être remise.

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Pièces justificatives.

Extrait de la Correspondance de M. Go blet *), Secrétaire des Commandemens de M. le Duc de Bouillon**), avec M. Lebas, Greffier du Conseil souverain de Bouillon.

Navarre, le 22 août 1791.

Vous recevrez demain, par la diligence d'Evreux, une boîte, à votre adresse, qui renfermera toutes les pièces relatives à l'adoption de M. d'Auvergne pour fils de Monseigneur, et à sa désignation, pour succéder, après M. le prince de Bouillon, à la souveraineté du duché. C'est le résultat d'un décret de l'assemblée générale de Bouillon, et de la volonté de Monseigneur. Vous verrez que tout cela a été enregistré à Bouillon; que, pour consolider cette opération, et y donner la dernière main, il s'agit de l'enregistrement au Conseil souverain de Son Altesse, séant à Paris. Monseigneur désire que cette formalité se remplisse le plutôt possible; et cela exigera que vous assembliez ces Messieurs, pour leur faire lecture des pièces et leur faire rendre l'arrêt d'enregistrement. Il faudra commencer par faire copier sur le registre du Conseil les pièces qui doivent y être transcrites. Vous trouverez attachée à chacune une note, qui vous indiquera celles qui doivent être

*) M. Goblet est mort depuis vingt-deux ans.

**) Voyez l'Almanach Royal de 1790.

copiées; et des numéros qui indiqueront dans quel ordre elles doivent l'être. Cette transcription une fois faite, il n'y aura plus que l'arrêt à mettre au bas; et, ensuite, la mention à en faire, par vous, comme greffier du Conseil, sur les pièces, ainsi que cela s'est pratiqué à Bouillon. Je désire que M. Lefebre accélère assez cette besogne, pour que toutes ces formalités puissent se remplir promptement. Dès que tout cela sera en règle, vous me le renverrez: ceux des MM. les Conseillers qui ne pourront pas se trouver au jour que vous aurez indiqué, signeront, en leur portant, chez eux, le registre qui aura été signé par leurs confrères. Il n'y a aucune réflexion à faire sur tout cela: il ne s'agit que d'une formalité à remplir, et ils s'empresseront sûrement de donner satisfaction à Monseigneur.

Signé, Goblet.

Navarre, le 25 août 1791.

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J'ai fait part à M. Dorival de ce que vous me mandez, et j'ai assuré Monseigneur que les pièces vous étaient parvenues, et que vous vous occupiez des moyens de lui donner la plus prompte satisfaction. Il n'y aura rien de changé, par la nouvelle organisa tion, relativement au Conseil souverain. Le nombre des Conseillers n'est pas déterminé: avec trois, ou cinq, cela suffira; et, quant à l'enregistrement dont il s'agit, vous pouvez vous dispenser d'y appeler MM. Target et Depaux: M. Ferey, MM. Pauly, de Bonnières, et Durmont, signeront l'arrêt qu'ils auront rendu: vous n'aurez pas la peine de promener le registre. Vous ferez mention, sur chaque pièce,

comme cela c'est pratiqué à Bouillon, de votre arrêt d'enregistrement; et ce sera affaire consommée. Cela ne dépend que du temps dont M. Lefebre a besoin, pour faire les copies sur le registre; vous pourriez vous prêter à ce qu'il l'emportât pour y travailler chez

lui, si cela peut accélérer; il se prêtera sûrement à tout ce que la circonstance exige, pour donner la plus prompte satisfaction possible au Prince. Vous pouvez, avec confiance, profiter de l'occasion pour yous occuper de la demande en révision que l'on sollicite contre l'arrêt de la Cour souveraine. M. Dorival m'a assuré qu'il n'y a aucun inconvénient; il désire même que cela puisse se faire: ainsi, engagez M. Pauly à en faire l'examen et le rapport.

Monseigneur fait imprimer, à Evreux, tout ce qui est relatif à l'affaire de M. d'Auvergne, et on s'en occupe, dès ce moment, sur des copies de pièces que je vous ai fait passer. On doit y faire la mention de l'arrêté d'enregistrement au Conseil souverain; et, pour ne pas être arrêté, M. Dorival désirerait avoir une copie de l'arrêt d'enregistrement qui sera rendu, et qu'avant qu'il fût signé, vous pussiez me l'envoyer. Vous serez le maître de la date, avec ces Messieurs; et si vous pouvez m'envoyer cet arrêt, on en fera mention sur les pièces que nous avons: l'imprimeur ira son train, et tout se trouvera fait, en même temps.

Signé, Goblet.

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Navarre, le 31 août 1791.

Ce sera donc samedi que vous pourrez terminer l'affaire de M. d'Auvergne. L'imprimeur d'Evreux va son train; et quand vous m'aurez envoyé la copié

de l'arrêt d'enregistrement, si Monseigneur désire qu'elle soit imprimée en entier, tout cela sera fait, en même temps.

Signé, Goblet.

Navarre, le 5 septembre 1791.

Je viens, Monsieur, de communiquer à Monseigneur la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, par laquelle vous m'annoncez que Messieurs du Conseil n'ont pas jugé à propos d'ordonner l'enregistrement des pièces qui leur ont été présentées. Son Altesse Sérénissime est très- étonnée de ce refus, et encore plus, qu'on ne lui ait pas donné, sur-lechamp, le détail des motifs qui ont déterminé à se conduire ainsi. If me charge de vous mander qu'il veut avoir sur-le-champ ce détail, et que, dans le cas où ces Messieurs ne croiraient pas devoir le mettre par écrit, que vous leur disiez de sa part, qu'il est indispensable que l'un d'eux veuille bien se rendre ici, et le plutót possible, pour l'instruire de vive voix de ce qui s'est passé. Vous connaissez les intentions de Monseigneur, et il se persuade que vous yous occuperez avec le plus grand soin de tous les moyens de lui donner une prompte satisfaction.

Signé, Goblet.

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Navarre, le 8 septembre 1791.

Monseigneur a lu la lettre que vous m'avez adressée; il a vu, d'après tous les détails que vous me donnez, qu'il n'y aurait rien à gagner avec ces Messieurs, qui ont pris un parti tout opposé à ses ́ principes et ses intentions. Je vous adresse ci-joint

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