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car, même en 1820, elle prévoyait des circonstances dans lesquelles il serait impossible de conserver avec l'Espagne des relations de paix et de bonne intelligence.

La France est plus intéressée qu'aucune autre puissance aux événemens qui peuvent résulter de la situation actuelle de cette monarchie. Mais ce ne sont pas seulement ses intérêts qui sont compromis, et qu'elle doit surveiller dans les circonstances actuelles; le repos de l'Europe et la conservation de ces principes qui le garantissent se trouvent compromis. Le duc de Wellington sait que tels sont les sentimens qui ont dicté la conduite de la France à Vérone, et que les cours qui les ont approuvés ont regardé les conséquences de la révolution et de l'état actuel de l'Espagne comme communes à elles toutes; qu'elles n'ont jamais eu l'idée que c'était entre la France et l'Espagne seules qu'il fallait aplanir les difficultés existantes ; qu'elles regardaient la question comme entièrement européenne ; et que c'est en conséquence de cette opinion que les mesures qui avaient pour objet de faire, s'il était possible, une amélioration dans l'état d'un pays si intéressant pour l'Europe, ont été connues et proposées; mesures dont le succès aurait été certain si l'Angleterre avait jugé qu'elle pouvait y concourir.

de

S. M. T. C., qui était obligée de peser mûrement ces considérations, a donc cru qu'elle ne pouvait accepter la médiation qu'il a plu à S. M. B. de lui proposer; elle voit cependant avec plaisir dans cette proposition un nouveau gage la disposition conciliatrice du gouvernement anglais, et elle pense qu'avec de tels sentimens, ce gouvernement peut rendre un service essentiel à l'Europe, en offrant, de la même manière, au gouvernement d'Espagne des conseils qui, en lui inspirant des idées plus calines, pourraient produire une heureuse influence sur la situation intérieure de ce pays.

S. M. apprendrait avec la plus vive satisfaction le succès de pareils efforts. Elle y verrait une juste raison d'espérer la

conservation de la paix, dont les gouvernemens et les peuples d'Europe ne peuvent trop apprécier le prix.

Le soussigné saisit avec empressement l'occasion de renouveler à S. Exc.jle duc de Wellington les assurances de sa haute considération.

Signé MONTMORENCY.

DEMANDE D'EXPLICATIONS.

Note adressée par le ministre des affaires étrangères de Portugalà S. Exc. le comte de CASA-FLORÈS, ambassadeur d'Espagne.

Le soussigné, ministre secrétaire d'état des affaires étrangères, a l'honneur de communiquer à S. Exc. le comte de Casa-Florès que le gouverneur de la province d'Alentejo annonce, en date d'hier, qu'il est entré à Villa-Viciosa un corps composé de rebelles portugais qui s'étaient réfugiés en Espagne, lesquels, pour cette invasion, avaient reçu des armes des autorités espagnoles. Il résulte également du rapport du gouverneur de l'Alentejo que 500 fusils ont été distribués à des paysans portugais qui se trouvaient sur les frontières, et qu'un parc d'artillerie s'apprêtait à sortir de Badajoz, par ordre supérieur, pour aller se réunir aux insurgés; le tout contre le droit des gens, et malgré les assurances réitérées données tant au soussigné, par M. le comte de Casa-Florès, qu'au comte de Villa-Réal et au ministre de S. M. B. à Madrid, par S. Exc. M. Salmon.

A la vue d'un fait si étrange, et tout-à-fait inconnu parmi les nations civilisées, le soussigné est contraint de communiquer à S. Exc. M. le comte de Casa-Florès, d'après les ordres qu'à cet effet il a reçus de S. A. la princesse régente,

que, tant que le gouvernement de S. M. C. n'aura pas donné des explications claires et satisfaisantes sur une insulte aussi inouie, S. Exc. le comte de Casa-Florès sera considéré comme suspendu de ses fonctions d'ambassadeur.

Le soussigné a l'honneur de prévenir S. Exc. M. le comte de Casa-Florès que l'on a pris toutes les mesures nécessaires pour qu'il ne soit manqué, en aucune manière, au respect et aux égards dus à la personne de S. Exc. et à sa suite.

Le soussigné profite de cette occasion pour renouveler à S. Exc. les protestations de sa très haute considération. Au palais d'Ajuda, le 27 novembre 1826.

Signé D. FRANCISCO D'ALMÉIDA.

EXPLICATIONS DONNÉES.

Note communiquée par le ministre des affaires étrangères d'Espagne (ad interim) aux légations d'Angleterre, de France, de Russie, d'Autriche et de Portugal, le 28 novembre 1826.

EXCELLENCE,

J'ai l'honneur de vous communiquer par ordre du roi, mon auguste maître, qu'ayant fait connaître à S. M. que les transfuges portugais, réfugiés en Espagne, s'étaient révoltés dans leurs dépôts, avaient fait une invasion en Portugal, abusant de l'hospitalité généreuse qu'on leur avait accordée en Espagne, et surprenant la vigilance et la bonne foi des autorités des lieux où ils se trouvaient en dépôt ; le roi, mon auguste maître, a appris le tout avec le plus grand déplaisir, et S. M. désirant réparer le mauvais effet que peut produire un événement si inattendu, et empêcher que par la suite ou n'abuse plus de l'hospitalité généreuse qu'on accorde aux

étrangers qui s'y réfugient, a daigné décider que les capitaines généraux des provinces frontières du Portugal feraient connaître par des courriers extraordinaires qu'ils ont effectué la remise des armes et effets apportés en Espagne par les transfuges portugais, et qu'ils ont, en même temps, reçu les effets et les armes que les déserteurs espagnols avaient portés en Portugal.

Que les mêmes capitaines généraux feraient rentrer dans l'intérieur, et à 60 lieues des frontières, tous les émigrés portugais existant en Espagne, en les séparant de leurs chefs et officiers, et ne plaçant dans chaque dépôt que 40 hommes au plus, lesquels y resteront sous le commandement d'officiers. espagnols.

S. M. a également ordonné aux mêmes capitaines généraux qu'à l'avenir ils ne reçoivent plus de Portugais armés en Espagne, et qu'à tous les autres qui y entreront il ne soit donné d'autre secours que réception et asile, tel que le commande l'humanité.

Et en ce qui concerne les généraux vicomte de Canellas et marquis de Chavès, les ordres les plus péremptoires ont élé donnés pour qu'ils ne soient plus tolérés dans ce royaume, et pour qu'ils en sortent conduits jusqu'à la frontière par la gendarmerie.

Finalement, il est ordonné aux capitaines généraux commandant des provinces frontières, sous leur responsabilité, de remplir exactement et dans toute leur étendue, les dispositions sus énoncées.

Ces ordres ont été expédiés hier soir aux capitaines géné raux commandant les provinces limitrophes, et il a été également expédié un courrier extraordinaire à l'ambassadeur de S. M. à Lisbonne, lui rendant compte du tout, et lúi prescrivant d'en instruire le gouvernement portugais.

S. M., désirant toujours ne se départir eu rien de la ligne de conduite politique qu'elle s'est tracée à l'égard du Portu

gal, et voulant aussi éviter tout ce qui pourrait fournir un prétexte pour altérer les relations qui subsistent entre les deux pays, a jugé convenable de m'ordonner de faire cette communication à V. Exc., pour qu'elle veuille bien en instruire son gouvernement, qui, comme l'espère le roi, mon auguste maître verra dant tout ceci une nouvelle preuve du désir que S. M. a de ne pas consentir à ce que l'on trouble, sous aucun prétexte, la tranquillité publique dont jouit l'Europe, et d'éviter autant qu'il sera en elle tout ce qui pourrait compromettre cette tranquillité.

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V. Exc. verra que ces mesures que le roi, mon maître, a daigné prendre, résolvent complétement les difficultés qu'elle a daigné me proposer dans sa dernière note, me demandant à ce sujet une explication.

Je profite de cette nouvelle occasion d'assurer à V. Exc. la considération très distinguée, etc.

Madrid, le 28 novembre 1826.

Signé SALMON.

Note adressée par le ministre des affaires du Portugal à M. le comte de CASA-FLORÈS, ambassadeur d'Espagne près S. M. T. C., le 25 décembre 1826.

Le soussigné, ministre d'État des affaires étrangères a pris connaissance de la note ci-jointe, adressée le 18 décembre par M. Salmon, ministre des affaires étrangères de S. M. C., à M. Lamb, ministre britannique à Madrid, dans laquelle S. M. C. désapprouve formellement les actes des rebelles portugais, et annonce qu'elle est prête à recevoir l'agent diplomatique qui sera accrédité près d'elle par la princesse régnante, aussitôt que S. Exc. M. le comte de Casa-Florès sera réintégré dans ses fonctions d'ambassadeur d'Espagne.

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