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ont initiés aux mystères de la graphologie et de l'escrime; les autres vous ont conduits sur les côtes bretonnes, dans ce petit coin d'Hoëdic, où les mœurs sont restées patriarcales et pures, où n'a point encore soufflé le vent un peu desséchant de la civilisation et du progrès. D'autres vous ont emportés sur les ailes de la poésie, et, ceux-là, je les. remercie tout spécialement des bonnes heures qu'ils nous ont permis de vivre dans le monde de l'idéal et du rêve. La critique littéraire n'a point, non plus, été abandonnée et, tout à l'heure, vous pourrez applaudir une étude magistrale sur le théâtre d'Henry Becque. Je n'ai garde d'oublier votre Société de Médecine, dont le rôle, cette année, a été particulièrement glorieux. Elle a étudié avec soin l'admirable découverte du docteur Roux et contribué, par ses démarches incessantes, à la faire entrer dans le domaine de la pratique. M. le Dr Polo, son distingué président, a plusieurs fois entretenu M. le Maire de cette importante question, et, grâce à son initiative personnelle, grâce à nos excellents collègues de la Société de Médecine, notre ville possède actuellement un assez grand nombre de tubes pour lutter contre l'horrible fléau du croup.

Vous le voyez, nous n'avons pas perdu notre temps, et si nous nous sommes divertis dans d'agréables discussions littéraires et artistiques, nous avons aussi accordé une large place aux études utiles, aux œuvres humanitaires et sociales. On nous reprochait jadis de nous immobiliser, de vivre dans le passé, de préférer au grand jour l'ombre tamisée et discrète des petites chapelles et des cénacles. Cette critique ne peut plus nous atteindre. Nous avons ouvert nos portes à toutes les bonnes volontés, à tous les jeunes gens qui veulent travailler et s'instruire. Nous nous sommes faits conférenciers presque impressarios, et le public est venu en foule à nos réunions du dimanche. Nous nous devons à

nous-mêmes de poursuivre notre œuvre. Ce sera facile avec les collègues qui vont, cette année, composer votre Bureau. Vos choix, en effet, ont été singulièrement heureux.

Mon ami, le docteur Ollive, m'en voudrait de le couvrir de fleurs. Il me permettra cependant de lui souhaiter en quelques mots la bienvenue. Je vois en lui le président modèle, l'homme aimable, chez qui la science est comme saupoudréc de finesse et d'humour. En l'appelant à ce fauteuil, vous vous êtes ménagé pour toute l'année des séances pleines d'entrain et, pour notre réunion annuelle, un discours qui sera, j'en suis sûr, un chef-d'œuvre de délicatesse et d'esprit.

Vous ne pouviez lui donner un meilleur auxiliaire que M. Dominique Caillé. M. Caillé est poète, homme de pensée, mais il est aussi homme d'action. Pendant de longues années, nous l'avons vu diriger à Nantes la Revue de Bretagne et de Vendée, et la conscience qu'il apportait à ce travail de bureau, toujours ennuyeux et pénible, est pour nous de bon augure. Il saura seconder votre Président et le suppléer, au besoin, avec autant d'intelligence que de zèle.

M. Glotin sera pour vous un excellent secrétaire général. Je lui connais pourtant un défaut un défaut dont, heureusement, vous pouvez l'aider à se corriger c'est l'extrême modestie dont il revêt une érudition vaste et sûre.

En confiant les fonctions de secrétaire adjoint à M. le Dr Guillou, vous avez admis dans vos rangs un écrivain à la plume alerte et exercée, un philosophe doublé d'un causeur. Vous pourrez, du reste, dans quelques semaines, applaudir son beau talent de conférencier.

Et maintenant, mes chers Collègues, avant de quitter le fauteuil présidentiel, je veux remercier chacun de vous. Pendant l'année qui vient de s'écouler, vous êtes restés pour moi des amis dont le dévouement m'a été infiniment précieux.

Vous avez compris que nous traversions une crise, et vous vous êtes efforcés de la conjurer à force d'activité et de bon vouloir. Vous êtes venus, nombreux, aux réunions du Comité central toutes les fois qu'il s'agissait d'une grave mesure à prendre. Je ne veux citer aucun nom. Laissez-moi pourtant adresser un mot à notre Trésorier, à notre Bibliothécaire et à l'aimable Secrétaire que nos inexorables statuts condamnent cette année à la retraite.

Dans une société comme la nôtre, le rôle du Trésorier est un peu ingrat. Il doit en effet, suivant le mot d'Harpagon, faire de bonne cuisine avec très peu d'argent, contenter tout le monde sans que la caisse ait trop à souffrir, surveiller avec un soin minutieux les plus légères dépenses et, sur un budget déjà fort réduit, réaliser quelques économies. M. Delteil n'a point faibli à la tâche il nous a sauvés dans les heures de péril, et c'est à lui, c'est à son administration sage et prudente, que nous devons le bien-être et la vie.

Et M. Viard, comment lui témoigner notre reconnaissance? Il est le gardien de nos trésors, je veux dire de nos livres, le conservateur de nos archives, et, ces fonctions, aussi modestes qu'ingrates, i les remplit avec une rare compétence, une méthode scrupuleuse et sûre. Grâce à lui, notre bibliothèque est admirablement tenue; tous nos ouvrages sont classés, toutes nos revues étiquetées. Vous ne pouviez donner à notre regretté M. Delamarre un successeur plus habile.

Enfin, je serais ingrat si je ne remerciais M. le Dr Landois du concours qu'il a bien voulu nous prêter pendant deux ans. Tour à tour secrétaire adjoint et secrétaire général, il nous a permis d'apprécier son esprit éminemment littéraire, ses goûts de dilettante et d'artiste, et, ce qui n'est pas un moindre mérite, son exactitude aux séances, son attachement pour tout ce qui touche et intéresse notre Société.

Une année nouvelle va commencer. Elle s'ouvre sous

d'heureux auspices. Je n'en veux comme preuve, mon cher Ollive, que votre présence à ce fauteuil présidentiel où m'ont appelé, l'an dernier, de trop bienveillants collègues. C'est avec joie que je vous invite à y prendre place : nul ne l'occupera plus dignement que vous.

11 janvier 1895.

ALLOCUTION DE M. LE D' OLLIVE

PRÉSIDENT ENTRANT.

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

C'est le cœur plein de reconnaissance pour le grand honneur que vous m'avez fait, mais l'esprit plein de craintes pour la lourde tâche que vous m'avez imposée que je viens occuper la présidence de la Société Académique de la Loire-Inférieure. En succédant à mon excellent ami Gabier, je n'ai pas la prétention de le remplacer, ni de faire oublier avec quelle autorité il a présidé vos réunions, avec quel zèle il a dirigé tous vos travaux. Vous vous souviendrez toujours de son goût si délicat et si sûr pour toutes les choses de la littérature et des arts, vous vous souviendrez aussi qu'il a inauguré ces conférences qui ont su attirer l'attention sur notre Société et montrer de quelles ressources elle pouvait disposer. Je crois être ici votre interprète à tous en lui adressant avec nos remerciments l'assurance de toutes nos sympathies.

Je veux d'ailleurs compter sur lui pour me guider dans mes nouvelles fonctions, et m'aider de son expérience dans les difficultés que nous pouvons avoir à vaincre. Grâce à M. Gahier notre Société s'est trouvée consolidée au moment

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