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ALLOCUTION DE M. LE D' OLLIVE

PRÉSIDENT SORTANT.

MESSIEURS,

Vous me pardonnerez, mes chers Collègues, de ne pas avoir préparé le discours que le Président sortant doit vous lire. A défaut d'éloquence, j'y mettrai tout mon cœur.

Suivant un usage fort louable, lorsque sonnent les dernières heures de l'année, on aime à jeter un regard en arrière pour établir une sorte de bilan de fin d'année.

Je suis heureux de vous dire que la Société Académique s'est encore une fois montrée digne de sa vieille réputation. Nous avons travaillé. Vous avez, comme moi, pu le mieux constater encore en entendant la lecture du rapport de notre Secrétaire général sur les travaux de l'année qui vient de s'écouler. Et puisque je parle de ce rapport, laissez-moi en féliciter bien sincèrement M. Glottin. Il est impossible de faire mieux. Rappelez-vous dans quelle forme à la fois simple et élégante était conçu ce rapport; rappelez-vous avec quelle finesse tous nos travaux étaient appréciés et avec quelle aisance il nous faisait passer d'un sujet à un autre.

J'ai eu grand plaisir à l'entendre, j'en ai eu plus encore à le lire.

Vous avez appelé à me remplacer un de nos plus aimables et de nos plus sympathiques Collègues. Par une modestie trop grande, M. Gadeceau avait, il y a quelques années, refusé de prendre une présidence à laquelle vos suffrages l'avaient déjà appelé. Aujourd'hui, c'est un bonheur pour nous de le voir accepter. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, nous avons vu mon excellent ami, le Dr Poisson, appelé à la vice-présidence. J'en félicite la Société Académique, et je remercie notre aimable Collègue de son acceptation.

Avec des secrétaires comme M. le Dr Guillou et M. Mailcailloz, la Société Académique est assurée de l'avenir et je suis heureux de pouvoir inviter M. Gadeceau à prendre place à ce fauteuil, où l'on est fort bien assis.

ALLOCUTION DE M. E. GADECEAU

NOUVEAU PRÉSIDENT.

MESSIEURS,

En déclinant, il y a quelques années, toute candidature au poste d'honneur où vos suffrages m'appellent aujourd'hui, j'étais mû par cette pensée intime qu'il fallait à la tête de votre savante compagnie un de ces hommes influents qui joignent à une réelle valeur personnelle l'autorité inhérente à une haute position sociale.

Vous en avez jugé différemment, vous avez cru que cette autorité pouvait aussi prendre sa source dans l'estime, la sympathie, la confiance réciproques; je vous en exprime tous mes remercîments.

Ces raisons, développées en votre nom, par notre cher Secrétaire perpétuel, avec une cordiale éloquence, ont triomphé de mes derniers scrupules.

Assuré du concours de tous mes confrères, j'oserai donc m'asseoir, non sans confusion, dans ce fauteuil où tant d'hommes distingués ont pris place, et mon vœu le plus cher sera de maintenir l'excellente confraternité, l'aimable courtoisie, qui ont toujours régné parmi nous.

Placé de par les lois du temps entre les jeunes et les vieux, mais déjà du mauvais côté, je regarde malgré moi, d'un œil mélancolique, certaines places vides qu'occupaient ici nos doyens et je vous prie de me permettre, à mon entrée en fonctions, de saluer avec vous leur mémoire.

Ils pouvaient parfois nous paraître un peu formalistes, mais quel respect de soi-même et des autres ils nous enseignaient! Les rangs de nos vétérans se sont bien éclaircis; un sang jeune et généreux nous a été infusé et nous en avons constaté l'heureuse influence par de nouvelles. manifestations de vitalité.

Donc, place aux jeunes, il ne saurait me déplaire de m'en voir entouré, et nos deux derniers Présidents, recrutés dans cette jeune phalange, ont tenu si haut le drapeau de la Société Académique, que je crains bien de vous réduire à regretter d'avoir fait, cette fois, un pas en arrière.

Cependant, avec les vaillants lieutenants que vous m'avez donnés, je marcherai confiant et résolu à votre tête et, dans la mesure limitée de notre sphère d'action, nous chercherons à grouper de plus en plus autour de nous les esprits amoureux de la haute culture intellectuelle, ceux qui comprennent qu'on puisse se passionner pour autre chose que la politique ou les affaires et que la vie morale est aussi nécessaire à une grande nation que les conditions matérielles de l'existence.

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Par une dernière volonté qui cadre bien avec son caractère, celui dont je viens faire l'éloge n'a pas voulu sur sa tombe de discours officiels, et nous n'avons pu lui dire, suivant notre usage, le dernier adieu des survivants à ceux de nous qui s'en vont les premiers.

Mais dans cette enceinte où il est venu si souvent s'asseoir, au sein de cette Société qu'il a beaucoup aimée, nous éprouvons le besoin de parler de lui, de faire revivre son souvenir et de dire ce que fut Théophile-Ambroise Laennec, qui joignit à tant d'autres titres celui de membre et d'ancien président de la Société Académique de la Loire-Inférieure.

Nos Annales sont toutes pleines de ses communications et quelle qu'en soit la nature, elles ont ce caractère propre de n'être jamais banales; il n'aimait guère les complications, les remplissages. Il aimait encore moins tout ce qui sent le plagiat de près ou de loin, et sa figure s'éclairait de malice quand il racontait l'histoire d'un ancien collègue qui appor

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