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COMPTE

RENDU

PAR M. TYRION

DU TRAVAIL FAIT SUR LE MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE NANTES

PAR Mme B. S.

MESSIEURS,

Pour vous remercier de m'avoir fait le grand honneur de me confier la mission d'étudier le travail fait sur le Musée des Beaux-Arts de Nantes, par Mm B. S., et publié en 1895 dans le journal Le Progrès, j'aurais désiré vous apporter plus tôt mon appréciation sur cette œuvre. Un labeur absorbant et une santé ébranlée ne m'ont pas permis, durant plusieurs mois, de consacrer à la lecture de cet intéressant opuscu e un seul instant. Et vraiment, j'en ai souffert. Non pas que j'aie eu la pensée de vous intéresser par une étude savante, mais j'aurais été heureux de revoir plus tôt, avec un guide tel que Mme B. S., les chefs-d'œuvre conservés dans notre Musée de peinture. Jamais, et sous quelque forme qu'il se présente, l'art ne me laisse indifférent, et dans les salles trop petites de notre Musée actuel, j'ai passé des heures délicieuses dans la contemplation ou l'étude des œuvres des maîtres, commentées et expliquées par l'artiste de talent connue de tous qui a cru devoir se cacher, par modestie, j'en suis sûr, sous les initiales B. S.

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Nous prenant par la main, l'auteur nous fait parcourir chacune des salles du Musée, énumérant les principales œuvres, les admirant ou les critiquant tour à tour. Il cite certaines toiles ayant pour notre cité un intérêt tout spécial: l'Episode de la place du Bouffay en 1793 », de Debay, allié à la famille Crucy. « La Fête de la Nature », de Picou, ce grand peintre tombé depuis longtemps, mort dernièrement à l'asile Saint-Jacques, ayant produit jusqu'au dernier instant des œuvres marquées au coin du génie; puis, les Chrysanthèmes, du sympathique peintre nantais Chantron; « la Prairie traversée par une rivière », de Th. Rousseau; les œuvres de notre regretté compatriote Ch. Delaunay : « la Leçon de flûte », « David, vainqueur de Goliath », Ixion sur sa roue »,

la mort du centaure Nessus», où le talent de l'artiste paraît avoir été hésitant; le portrait de Regnier, de la Comédie française; enfin, celui du général Mellinet, ce héros ! Une toile d'Olivier Merson père « la Journée des barricades en 1588»; celle de son fils, le Miracle de saint François d'Assises », un chef-d'œuvre ayant obtenu une médaille d'or à l'exposition de Nantes, il y a quelque six ans.

Aucun maître, aucune école n'échappent à la critique de notre auteur, et c'est merveille de voir l'aisance avec laquelle il se meut au milieu des richesses de notre Musée nantais.

Son livre est venu combler une lacune, apporter des renseignements précieux au visiteur et compléter son éducation artistique et, rien qu'à ce titre, Mme B. S. aurait droit à tous nos éloges. Mais d'autres qualités viennent encore militer en faveur de son étude. L'ordonnance en est simple, claire, précise. En peu de mots, l'auteur nous fait l'historique ou la critique d'un tableau et son jugement est toujours sain, ses remarques ou ses observations toujours justes.

Rendant hommage au zèle et à la complaisance de M. Pommier, notre nouveau conservateur, Mme B. S. fait quelques réserves au sujet du classement de certaines toiles qu'elle voudrait voir disposer par écoles. Espérons que lors du placement de tous ces trésors dans le nouveau palais qu'en ce moment la ville de Nantes élève aux beaux-arts, il sera tenu compte des observations si sagement formulées par Mme B. S.

STANCES A LA POÉSIE.

Flamme qu'allume en moi le souffle de Dieu même,
Salut, ô Poésie, intime et pur bonheur !

Messagère du ciel, tu sais combien je t'aime,
Car toujours tu soutiens et consoles mon cœur.

Tu ranimes ma foi; puis lorsque je suis triste, Tes chants harmonieux endorment mon chagrin ; Jamais à la douceur ma peine ne résiste,

Tu verses sur mes maux un baume tout divin.

Plus haut, loin d'ici-bas, je plane avec ton aile,
Je m'envole au delà des terrestres douleurs.
Ne me quitte jamais, et dès que je t'appelle,
O Poésie, accours, accours sécher mes pleurs.

Grâce à toi, douce Fée, aux ennuis je fais trève,
Tu sais illuminer d'un rayon mon ciel noir,
Et ta céleste voix me berce dans un rêve;
Ah! quels beaux horizons tu me fais entrevoir !

Je parcours avec toi des plaines toutes roses,
Des vallons tout fleuris, des champs ensoleillés,
Tu me fais découvrir de ravissantes choses;
Par toi, tous les chemins de fleurs sont émaillés.

Tu mets des reflets d'or sur le plus humble chaume, Tu transformes parfois la cabane en palais,

Tu fais tout homme roi dans un charmant royaume, Tu portes le bonheur, tu sèmes les bienfaits.

Tu remplis de rayons les routes les plus sombres,
Partout où tu parais le désespoir s'enfuit;
Tu donnes l'espérance et tu chasses les ombres,
Toujours à ton aspect se dissipe la nuit.

Tout s'anime et sourit sous ta douce influence,
Belle Magicienne, et tu jettes des fleurs

Sur les plus noirs sentiers, même au désert immense;
Ces fleurs, tu les revêts des plus riches couleurs.

Tu fais tout rayonner, même aux heures d'orage,
Tu dores l'horizon d'un soleil radieux;
Tu fais briller l'étoile à travers le feuillage
Et je perçois en toi des bruits mélodieux.

Je vais à Dieu par toi comme par la prière;
Tu m'élèves là-haut: élan mystérieux !
Tu portes au Seigneur mon âme tout entière,
Tu me fais oublier la terre pour les cieux.

Et de ta harpe d'or la corde sympathique.
A des vibrations d'une intime douceur...
Rêveuse, je t'écoute... et ton pieux cantique
M'emporte vers la rive où fleurit le bonheur.

O Poésie, en moi chante avec ta voix d'ange,
Redis-moi tes accords les plus délicieux;
Fais-moi quitter souvent ce monde plein de fange,

Porte mon cœur meurtri jusques au seuil des cieux.

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