avant-port en eau profonde, Saint-Nazaire, situé à une heure de chemin de fer, muni de sa nouvelle entrée, prospère, grâce à nous, grâce à nos usines, à notre immense marché, grâce à la Loire navigable, et d'où partiront nos grandes lignes transocéaniques, désormais assurées d'une alimentation régulière.

Autour de notre grande ville, un beau pays agricole, enrichi par elle, lui apportant son blé, ses bestiaux, son laitage, ses primeurs, ses vins, ses fruits et lui demandant, en échange, tous les produits dont elle est l'immense entrepôt.

Voilà le rêve. Il est moins éloigné qu'on ne le pense généralement. Pour le transformer en réalité, il faudrait un grand mouvement d'opinion publique, il faudrait vouloir, avec une ténacité, avec un entêtement qui sont des qualités bretonnes. Le succès est à ce prix, et ce qui nous rendra bien forts dans la lutte, ce qui réchauffera toutes les ardeurs, c'est cette pensée qu'en travaillant à la grandeur de Nantes, nous travaillons à faire reprendre à notre France la place qui lui revient dans le monde, à lui donner sa revanche industrielle et commerciale en attendant l'autre.

SITUATION DU VIGNOBLE

DE LA LOIRE-INFÉRIEURE EN 1897

PAR A. ANDOUARD,

Vice Président du Comité d'études et de vigilance pour le phylloxera.

Nous n'avons plus guère de bilans heureux à espérer pour notre vignoble, jusqu'au moment où les progrès de la reconstitution ramèneront sa superficie au taux d'autrefois. Chaque année nouvelle confirme sa décadence, plus ou moins prononcée, suivant que l'atmosphère est sèche ou humide, chaude ou froide, mais inévitable parce que le principe en est vivace et n'épargne pas. Il a fléchi visiblement pendant le dernier exercice, par suite de la coalition de ses destructeurs les plus acharnés, dont je vais examiner successivement l'influence.

Le Phylloxera est toujours l'adversaire le plus redoutable. Il s'est emparé cette fois de sept communes précédemment respectées, dans lesquelles sa présence a été brusquement révélée sur un ensemble de 41 hectares, dont voici le détail :

Le funeste puceron ne s'est point arrêté là. Il a considérablement reculé les limites de son champ de bataille de tous côtés, sauf peut-être dans l'arrondissement d'Ancenis, où le mal était déjà si grand que son extension n'est pas très sensible. Le relevé suivant, dressé par le Service phylloxérique, permet d'apprécier le minimum d'étendue de l'aggravation :

observée dans le département. Elle entame sérieusement l'arrondissement de Paimbœuf et même celui de SaintNazaire, considérés tous deux, l'an dernier encore, comme peu compromis. Pour la modérer, les Syndicats et les viticulteurs non syndiqués ont traité par le sulfure de carbone près de trois cents hectares de vigne. Malheureusement le nombre des associations syndicales diminue rapidement d'année en année. Nous n'en avons plus que cinq aujourd'hui, auxquelles viennent s'ajouter, pour la lutte, les Sociétés viticoles de Clisson, le Landreau et Vertou.

Si faibles qu'ils soient, par rapport à la surface conta minée du vignoble, les éléments ainsi groupés apportent un utile appoint à sa défense. Il faudrait pouvoir les augmenter.

Le peu de rudesse de l'hiver a laissé envahir nos clos, de bonne heure, par des légions de rongeurs de toute espèce. Les Coléoptères qui se nourrissent de la vigne l'ont attaquée dès le début du printemps. Parmi eux, le Gribouri s'est particulièrement signalé dans plusieurs communes. L'Attelabe et l'Otiorhynque, plus dispersés, n'ont pas fait sentir plus durement que lui leur présence.