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HISTOIRE

DE LA

RESTAURATION

LIVRE VINGTIÈME

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Situation d'esprit de la France après le 20 mars.— Double conduite de Napoléon. Physionomie du congrès de Vienne. Remaniement de l'Europe par le congrès. - Politique de M. de Talleyrand. On apprend à Vienne le départ de Napoléon de l'île d'Elbe, sa marche à travers la France et la fuite de Louis XVIII. —Indignation des souverains contre les Bourbons et la France. Lutte de M. de Talleyrand contre les alliés.- Conférence du congrès du 13 mars. Discours de M. de Talleyrand. — Déclaration du 13 mars. guerre du 31.

- Traité du 25.- Convention de

I

Tout se taisait en France. On attendait que l'Europe prit la parole devant ce grand changement qui venait de s'accomplir en si peu de jours. Les communications, soigneuse

ment interceptées par la police de l'empereur, ne laissaient pénétrer du dehors aucune nouvelle de nature à enlever aux populations trompées ces espérances de paix que Napoléon avait semées de sa propre bouche sur la route de Cannes à Paris, et que les écrits de ses affidés et les rumeurs de ses agents continuaient à multiplier dans les campagnes. On se flattait que la rapidité de cette révolution déconcerterait toutes les résolutions du congrès; que les sentiments de famille, noués par le cœur de Marie-Louise et de son fils entre Napoléon et l'empereur d'Autriche, reprendraient leur puissance; que M. de Metternich, longtemps familiarisé avec la cour impériale, ne répugnerait pas à de nouvelles capitulations de conscience avec le dominateur de la France; que l'empereur Alexandre retrouverait son ancienne amitié dans son cœur; que les puissances secondaires de l'Allemagne, mécontentes et humiliées de la part qui leur était faite dans les dépouilles de l'empire français et du joug qu'il fallait accepter de l'ascendant des grandes monarchies du Nord, se rejetteraient par ressentiment vers la France; enfin que le roi de Naples, Murat, un instant infidèle à la cause de son beau-frère et de son bienfaiteur, saisirait le moment d'une réconciliation avec l'empereur, qui était en même temps sa sûreté, et jetterait le poids de l'Italie entière dans la balance de la guerre ou de la paix. L'Angleterre elle-même, aigrie par l'opposition contre lord Castlereagh et se plaignant avec amertume, par la bouche des orateurs de l'école de Fox, de voir ses intérêts sacrifiés sur le continent à la cause des rois soldée par ses subsides, laissait espérer un amollissement de sa haine contre Napoléon, revenu de beaucoup d'erreurs en revenant de la rude leçon de l'exil. Ces considérations, sincèrement ou artifi

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