MÉMOIRES DU MARECHAL DUC DE RAGUSE LIVRE VINGT ET UNIÈME SOMMAIRE. 1814 -1815 - Le gouvernement provisoire qui précéda la Restauration. prince de Talleyrand. L'abbé Louis. Beurnonville. Dessole. L'abbé de Montesquiou. Jaucourt. On veut détruire les restes de l'armée troduit au conseil. Débats violents. Excuses de l'abbé Louis. Cocarde tricolore. Fausseté de Talleyrand. Conversation avec l'em Entrée de Monsieur. Il est obligé de se déguiser. Si Ar Réponse Impression personnelle que me firent les Bourbons. -Louis XVIII. Madame la duchesse d'Angoulême. — Les émigrés s'emparent de toutes les charges. M. de Blacas. Son portrait. Le roi à Compiègne. Paroles de Bernadotte. Sa conversation avec Cause précipitée du départ de Bernadotte. Ma franchise avec le roi. Anecdote sur Louis XVIII. Déclaration de Châtillon. nion. Séjour qu'y fit Monsieur. Gouverneurs - Mau Anecdote. militaires. Conduite de Soult dans l'Ouest. - Anecdote sur lui. vaises mesures à l'égard de la garde impériale. — J'en exprime mon opiMesure impolitique sur le changement des numéros des régiConspiration contre le roi. Soult remplace Dupont. Insurrection des frères Lallemand. mencement du parti d'Orléans. ments. Mécontentement général. L'Empereur débarque le 1 mars. Sa marche. Ney envoyé pour combattre Nape- léon. Séance royale. Conduite de Soult. Louis XVIII ordonne son départ de Paris. Faute exorDépart du roi. Opinion des provinces que nous traverConduite des généraux. — Arrivée à Gand. Le roi nomme un conseil de ministres. Décision du congrès de Vienne. Dissertation sur la conduite de Napoléon à cette époque. Anecdote su: Napoléon et Decrès. — Séjour à Gand auprès du roi Louis XVIII. - Anecdote sur M. de Blacas. Échec du duc d'Angoulême dans le Midi Conduite de Grouchy. Je quitte le roi, et je vais aux caux d'Aix-la-Chapelle. Je visite une batterie d'artilleric anglaise. rencontre. Anecdote. Commencement de la guerre. Fleurus et de Ligny. Je rejoins le roi. 1 Singulière Bataille de Déroute des Prussiens. Mes sensations d'alors. Discussion sur la campagne de Waterloo. Blü cher arrive devant Paris. - Il passe la Seine sous les yeux de Davoust. Capitulation de Paris. Rapprochement. Fouché entre au ministère sous la protection de Monsieur. Anecdote sur le roi, Dernières illusions de Napoléon. Anecdotes diverses sur lui. On a vu par quel enchaînement de circonstances. je me suis trouvé lié d'une manière toute particulière à la Restauration. Je cherchai d'abord à rendre utile pour le pays l'influence que les circonstances et ma position pouvaient me donner; mais je ne découvris pas, dans les premiers dépositaires du pouvoir, un seul sentiment conforme à mes espérances. Le malheur de la Restauration a été d'être faite par des gens uniquement animés par des intérêts personnels et dépourvus de sentiments généreux et patriotiques. Si elle eût été dirigée par des hommes de quelque vertu, elle pouvait et devait faire le bonheur de la France. En jetant les yeux sur ceux qui se trouvèrent à la tête des affaires, à l'exception de trois individus, MM. Dessole, Jaucourt et l'abbé de Montesquiou, on ne voit que corruption. Donner des détails sur M. de Talleyrand serait superflu tout le monde le connaît. Il n'est ni un méchant homme ni un homme aussi capable qu'on s'est plu à le représenter. Réunissant en lui tout ce que les temps anciens et nouveaux peuvent offrir d'exemples de corruption, il a dépassé à cet égard les limites connues avant lui. Homme habile sur un terrain donné, et pour une chose déterminée, par exemple pour une négociation, sa capacité ne va pas au delà. Possédant tout juste la nature d'esprit et de caractère qui rend propre à ce genre d'affaires, il est dénué, comme chef de gouvernement, des premiers éléments indispensables à ces hautes fonctions. On ne peut se passer d'un certain degré de force pour suivre un système, et il n'a pas même celle de le concevoir. Il n'a ni fixité dans les principes ni constance dans la volonté. Instrument utile dans les mains d'un gouvernement établi, il ne sera jamais un principe d'action. - Que dire de l'abbé Louis, ce brutal personnage, ce financier philosophe? Que dire encore de Dalberg, homme avide, infidèle au pays qui lui a donné naissance, comme à celui qui l'a adopté, qui ne répugnait à aucune espèce de combinaisons du moment où elle pouvait l'enrichir. L'amour de l'argent était la seule pas-. sion de son cœur. Parlerai je de Beurnonville, ce militaire de parade, hâbleur de profession, et dépourvu de toute capacité? Quant à Dupont, c'était un homme d'esprit. Pendant quelque temps, il fut un objet d'espérance pour l'armée; mais il était flétri par une capitulation dont l'objet, disait-on, avait été de sauver les fruits de son pillage et de ses dévastations. J'arrive maintenant aux trois personnages que j'ai nommés d'abord, et que je regarde comme estimables. Le plus capable des trois était Dessole, un des généraux de l'armée, homme d'esprit, très-fin, mais malheureusement d'un caractère faible, sans élévation, trop préoccupé de ce qui concernait sa personne, et, par suite, hors d'état d'exercer une grande influence. L'abbé de Montesquiou était un homme d'un esprit piquant, mais bizarre, capricieux, irritable comme un enfant. Il était livré à la fois à des principes tout opposés; car il y avait en même temps chez lui du grand seigneur féodal et du doctrinaire. Enfin, Jaucourt, également doctrinaire, était plus remarquable par ses bonnes intentions que par son esprit et son caractère. |