veau révolutionnaire a tout applani. Il ne reste dans toute la France que deux classes, ceux qui gouvernent, et ceux qui sont gouvernés, les tyrans et les esclaves. Enfin, une dernière source d'inégalité qui tient à la nature de tout Gouvernement› c'est la propriété. Dans toutes les Constitutions, même dans les démocraties, on n'a jamais souffert que les Prolétaires, ou ceux qui ne possédoient rien, prissent part à l'administration de la chose publique. Une loi de Solon excluoit de toute magistrature les citoyens qui ne recueilloient pas, au moins, deux cents mesures de blé, d'huile, ou de vin. Le roi Servius, tout populaire qu'il étoit, enleva au bas peuple toute influence marquée dans les affaires. Il distribua le peuple romain, selon la gradation des propriétés en 192 Centuries, dont chacune avoit un suffrage dans l'assemblée des Comices. Mais il rejeta la foule de ceux qui ne possédoient rien dans la dernière Centurie, qui trouvoit toujours la décision formée, avant d'être admise à voter. Il étoit encore établi chez les Romains que, pour être soldat, il falloit avoir des foyers à défendre. Ce ne fut, dit Montes quieu, d'après Aristote, que dans la corruption de quelques démocraties, que les artisans parvinrent à être citoyens. La Démocratie, dit encore Aristote, se change en tyrannie, par-tout où les pauvres ont trop d'influence dans les délibérations publiques. En parlant de Carthage, il prédit que cette république, alors si florissante, périroit par l'accroissement naturel des prétentions et du pouvoir que la Constitution accordoit au peuple. Au temps de la seconde guerre Punique, environ cent ans après Aristote, Polybe observe que Carthage penchoit vers sa ruine, et il attribue sa décadence à l'autorité que le peuple avoit usurpée. Il est vrai que, si la Constitution des Empires devoit se traiter comme un problème d'aritméthique, rien ne seroit plus déraisonnable que de soumettre le grand nombre au petit. C'est à l'aide de ce sophisme grossier, et en oubliant que l'Etat se compose des hommes et des propriétés; c'est en apliquant à un Empire formé depuis treize à quatorze siècles des notions empruntées de l'Etat de nature, que le métaphysicien S..... n'a pas eu de peine à démontrer qu'en France le Tiers-état constituoit la nation. D'après cetta f maniére de raisonner, ce ne seroit pas aux bourgeois propriétaires, qui seuls composoient le Tiers-état, ce seroit à la populace, à la classe innombrable des Prolétaires, qui nulle part ne forme un ordre politique, qu'il faudroit transporter le nom et les droits de la nation. Telle fut, en effet, la conséquence que tirèrent les Jacobins du principe que leur avoient fourni les Constituționnaires. C'est de l'école de S..... qu'est sorti Marat. L'excès des conséquences suffiroit seul, pour démontrer la fausseté du principe. mais la faveur que toutes les législations accordent aux propriétés n'a d'ailleurs rien que de conforme à la raison et à la justice naturelle. 1o. L'administration politique suppose des sentimens et des lumières qui, pour l'ordinaire, sont le fruit d'une éducation à laquelle les classes indigentes ne peuvent atteindre. 29. L'Etat ne peut prendre confiance en ceux qui n'ont pas d'intérêt à sa conservation. L'homme qui ne possède rien n'a point de patrie, et il est difficile qu'il s'affectionne et s'intéresse pour un gouvernement qui le tient dans un état d'humiliation et de besoin. 3o. Si la propriété dans ceux qui administrent n'est pas toujours un garant de leur probité, elle est du moins un gage de responsabilité. 4o. Il est juste que tout citoyen jouisse des avantages de la société, en raison de la mise qu'il y apporte. Or le propriétaire donne plus à la société que celui qui n'a rien. Il est juste que celui-là ait le droit de protéger qui a quelque chose à défendre. Les Propriétaires n'ont pas moins intérêt que les prolétaires aux lois conservatrices de la sureté individuelle, et par conséquent, ceux-ci peuvent se reposer sur les premiers du soin de leur vie et de leur liberté. Mais à l'égard des propriétés, les uns ont droit et intérêt de conserver, les autres intérêt et désir d'envahir. Comment établir l'équilibre et la paix parmi des intérêts si opposés, à moins que l'avantage du nombre et de la force naturelle ne soit contrebalancé par des avantages politiques? Il y a toujours dans un Etat, dit l'Au "" * teur de l'Esprit des lois des gens distin gués par la naissance, les richesses ou les » honneurs. Mais s'ils étoient confondus parmi le peuple, et s'ils n'y avoient qu'une voix comme les autres, la liberté commune seroit leur esclavage; et ils n'auroient aucun intérêt à la défendre, parce » que la plupart des résolutions seroient La part qu'ils ont à la législation doit donc être proportionnée autres avantages qu'ils ont dans ១ l'Etat: ce qui arrivera, s'ils forment un " contre eux. " " » corps qui ait droit d'arrêter les entre prises du peuple, comme le peuple " a droit d'arrêter les leurs. " Ainsi, dans notre Constitution, lorsque les trois ordres étoient assemblés en Etats - Généraux, des trois n'étoit pas lié par le voeu des deux un autres. aux " Du mépris de ces maximes consacrées par la conduite de tous les législateurs, et par le suffrage de tous les Publicistes, sont nés tous les malheurs de la France, Suivons la marche de la Révolution à ses différentes époques: nous y verrons le développement progressif des principes anarchiques de la liberté et de l'égalité. Une |