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au nombre de celles qui honorent la vigilance & l'attention des Peuples. LA CONCLAMATION, c'est-à-dire la coutume d'appeller quelqu'un à haute voix par fon nom, n'a point été, quoi qu'en dife M. Bruhier, une épreuve pour conftater la mort. Il rapporte d'après Lanzoni, Médecin Ferrarois, que lorsqu'une perfonne » fe mouroit chez les Romains, fes

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proches parens l'embraffoient, lui » fermoient les yeux & la bouche » & que quand on le voyoit prêt à expirer, ils recueilloient fes der»nieres paroles & fes derniers foupirs; puis on l'appelloit par trois fois par fon nom à grands cris, & » on lui difoit un éternel adieu. Cette » cérémonie d'appeller le mourant par » fon nom s'appelloit conclamation. Vous voyez, Monfieur, que cette cérémonie n'a aucun trait à la question. Il ne s'agit pas des mourans,

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mais de ceux qui étoient fans aucune apparence de vie.Cette coutume pourroit néanmoins avoir été pratiquée à l'égard des morts. La fuperftition n'a que trop fouvent joui du droit d'autorifer ce qu'il y a de plus déraisonnable. Entre les différentes efpéces de magie que Moyfe défend, l'évocation des morts eft expreffément marquée, nec fit qui quærat à mortuis veritatem. * M. Bruhier établit différentes fortes de conclamations; c'est-à-dire, fuivant le fens qu'il a donné à ce terme, diverfes pratiques pour s'affu

rer de la mort **. Telles font entr'autres celles qui fe faifoient au fon des inftrumens. On fonnoit en

* Histoire de l'Academie des Inscriptions & Belles - Lettres, Tome VII. page 30. Extrait du Memoire de M. Bonamy, qui a pour titre du Rapport de la Magie avec la Théologie payenne.

**Les Romains, fuivant M. Bruhier, conclamoient dans leurs maisons ceux qui étoient morts dans les pays étrangers. Cette conclamation n'étoit-elle pas bien utile ?

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effet du cor & de la trompette aux funérailles des anciens. Les Auteurs ont différemment expliqué les motifs de cet ufage. Suivant Bartholin & Lanzoni, il avoit été établi pour modérer la douleur des furvivans. C'étoit auffi le fentiment de Sextus Empiricus*.Quelques-uns ont attribué l'origine de cette coutume aux idées fuperftitieufes des anciens, qui croyoient que l'ame qui voltigeoit autour du corps étoit fenfible àl'harmonie.D'autres ont pensé que les inftrumens fervoient à la magnificence du convoi. Tuba admixta ad dignitatem. Guth, Cap. 23. Enfin il y a des Auteurs qui croyent que le fon des inftrumens tenoit le même lieu dans les cérémonies funébres des anciens, que

* Ut hominum mortuos lugentium, animi Languentes, ejufmodi fono excitati minùs fentirent dolorem. Lanz. de luctu mortuali.. Eugentibus canunt tibia,qua eis luctum levant. Sext. Empiric..

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le fon des cloches dans les nôtres. Mais perfonne n'avoit penfé à l'usage que M. Bruhier a imaginé.

Je me hâre, Monfieur, de vous entretenir des fignes de la mort. Je ne me fuis arrêté à ces difcuffions préliminai rés qu'afin de prévenir les objections que vous n'auriez pas manqué de me faire d'après l'ouvrage de M Bruhier. Ha avancé avec confiance beaucoup de chofes que j'avois adoptées, ainfi que vous, avant de m'être impofé la tâche de les vérifier. Je fuis avec, &c.

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'AMOUR de l'humanité, Monfieur, vous fait regarder avec une forte de refpe&t les mains qui fouillent dans le fein des morts pour

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découvrir le falut des vivans. Vous
admirez ceux qui ont le courage de
chercher dans l'horreur des cadavres
les fecrets de la nature, & qui em-
ployent leurs mains à fauver les hom
mes par le fecours de ces découvertes.
Quelque utiles, quelque importans
que foient les travaux de l'Anatomie,
ils ne peuvent nous éclairer
que foi-
blement fur la connoiffance des fi-
gnes de la mort. Cette connoiffance
peut n'avoir pas été l'objet des re-
cherches de ceux qui ont acquis les
idées les plus exactes de la ftructure,
des attaches, de la fituation & des

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