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RÉPONSE.

« Le gouvernement de l'Eglise,» dit Fleury, » est fondé sur la charité et tempéré par l'hu» milité c'est pourquoi, dès les premiers

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temps, l'Evêque ne faisoit rien sans l'avis des » Prêtres de son Eglise ». Il convenoit que le Siége de Saint-Pierre fût le modèle des autres dans cette forme de gouvernement.

Aussi voyons-nous que le Clergé de Rome a formé, dans tous les temps, le Conseil du Pape: là se discutoient non seulement les affaires particulières à cette Eglise, mais encore celles de toute la Catholicité. Les lettres qu'écrivoit le Clergé de Rome, le Siége vacant, à Saint-Cyprien et à son Clergé, et celles de Saint-Cyprien au Clergé de Rome, écrites dans la même circonstance, prouvent de quelle haute considération celui-ci jouissoit dans l'Eglise. Ce Conseil n'a subi aucune modification essentielle, et l'Eglise Romaine conserve encore aujourd'hui tous ses anciens usa-, ges, vénérables monumens de l'ancienne discipline.

Il est connu aujourd'hui sous le nom de Sacré-Collége: il a été spécialement l'objet des discussions du Concile de Bâle : il fut dé

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crété (§ 23) «que les Cardinaux seroient pris de tous les Etats Ecclésiastiques, mais avec ces clauses, entr'autres, que le nombre n'en excéderoit pas vingt-quatre, et qu'il n'y en auroit jamais plus d'un tiers du même royaume, ni plus d'un du même diocèse.» Différens obstacles s'opposèrent à l'exécution de ce Décret. La même question fut présentée depuis au Concile de Trente les Orateurs du Roi de France y renouvelèrent les propositions que le Concile de Bâle avoit adoptées. Le Concile se borna à décider (§ 24) que le Pape prendroit des Cardinaux de toutes les nations, autant que cela pourroit se faire commodément, et selon qu'il les en trouveroit dignes. Il ne crut pas pouvoir aller plus loin la raison qu'en donna M. de Pibrac, Ambassadeur du Roi au Concile, dans sa lettre à Sa Majesté, est remarquable : « Les Pères du Concile, dit-il, «ont pensé

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qu'on ne pouvoit pas prescrire au Pape ce qu'il devoit faire dans le choix des Cardi« naux. » ( Mémoire sur le Concile de Trente.) Cet exposé nous fournit les réponses que nous pensons devoir faire aux deux questions. ci-dessus. Et d'abord, nous ne croyons pas que la réunion d'un Concile soit nécessaire, vu que le Concile de Trente, le dernier de

nos Conciles Généraux, s'est expressément occupé de l'objet en question. Au surplus, s'il s'agit ici d'un Concile Général, il ne pourroit se tenir sans le Chef de l'Eglise; autrement, il ne représenteroit pas l'Église universelle. Fleury le dit expressément : « L'autorité du Pape a toujours été nécessaire pour les Conciles Gé<< néraux (Quatrième Discours sur l'histoire ecclésiastique). » S'il s'agit d'un Concile National, son autorité seroit insuffisante pour régler un objet qui intéresse la Catholicité entière.

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Quant à la question, s'il ne faudroit pas que le Consistoire, ou Conseil particulier du Pape, fût composé de Prélats de toutes les Nations, nous croyons devoir ici nous borner à exprimer nos vœux pour l'exécution de la mesure, si modérée d'ailleurs, présentée à cet égard par le Concile de Trente, et dans laquelle se renferme la demande faite par Sa Majesté.

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CINQUIÈME QUESTION.

En supposant qu'il soit reconnu qu'il n'y pas de nécessité de faire des changemens dans l'organisation actuelle, l'Empereur ne réunit-il pas sur sa tête les droits qui étoient sur celles des Rois de France, des Ducs de

Brabant et autres Souverains des Pays-Bas, des Rois de Sardaigne, des Ducs de Toscane, etc., soit pour la nomination des Cardinaux, soit pour toute autre prérogative? »

RÉPONSE.

La prérogative dont jouissent les Souverains Catholiques de présenter des nominations de Cardinaux, et les autres de ce genre, sont des témoignages de la reconnoissance de l'Eglise pour la protection qui lui est accordée par les Souverains. Ces prérogatives ont été consacrées par le temps, et elles ont passé avec les autres titres aux Princes qui succédoient. D'après ces considérations, nous pensons que S. M. est fondée à réclamer les prérogatives semblables qui se trouvoient attachées aux Souverainetés des pays réunis, au moment où ils ont été incorporés à l'Empire François

DEUXIÈME SÉRIE.

QUESTIONS PARTICULIÈRES A LA FRANCE.

PREMIÈRE QUESTION.

« S. M. l'Empereur, ou ses Ministres, ont

ils porté atteinte au Concordat? »>

RÉPONSE.

Le Concordat a toujours été observé par S. M. l'Empereur et par ses Ministres, et nous ne croyons pas que le Pape puisse se plaindre d'aucune contravention essentielle. Il est vrai que, pendant son séjour à Paris, le Pape remit à S. M. des représentations sur un certain nombre des Articles Organiques, ajoutés aux dispositions du Concordat, et qu'il jugeoit contraires au libre et entier exercice de la Religion Catholique. Mais plusieurs des Articles dont se plaignoit S. S., ne sont que des applications ou des conséquences des maximes et des usages reçus dans l'Eglise Gallicane, dont, ni l'Empereur, ni le Clergé de France ne peuvent se départir.

Quelques autres, à la vérité, renferment des dispositions qui seroient très-préjudiciables à l'Eglise, s'ils étoient exécutés à la rigueur. On a tout lieu de croire qu'ils ont été ajoutés au Concordat comme des réglemens de circonstances, comme des ménagemens jugés nécessaires pour applanir la voie au rétablissement du Culte Catholique, et nous espérons de la justice et de la religion de S. M. qu'Elle daignera les révoquer, ou les

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