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lui ont pris, craignant les principes acides, et grands consommateurs d'acide sulfurique, les légumineuses, employées ordinairement pour former les prairies temporaires, doivent être semées quelques années après le défrichement, lorsque la terre est encore riche d'engrais, n'offre plus d'acidité, et possède encore de son plâtrage primitif une dose suffisante d'acide sulfurique.

Sur un sol meuble, profond, frais au moins pendant tout le printemps, à l'abri de l'humidité stagnante et du rhizoctone, on cultivera la luzerne qu'on sèmera avec de la graine bien exempte de cuscute, soit en automne et de bonne heure, au sud de la région de la vigne; soit au printemps, à la floraison de l'aubépine, dans toutes nos régions agricoles. Dans un bois défriché, où les couches inférieures de la terre sont épuisées par la végétation ligneuse, la luzerne semble devoir ne durer à son début qu'environ cinq ans.

Le trèfle rouge doit être préféré pour un sol peu profond et souvent humide. Il se sème surtout au printemps, ou sur le froment d'automne, ou sur une céréale de mars, et doit être défriché l'année sui

vante assez tôt, pour qu'on puisse préparer le terrain avant les semailles.

Plus sobre d'eau que la luzerne et surtout que le trèfle, le grand sainfoin est la seule ressource des terrains qui se dessèchent de bonne heure, au printemps. Sa graine, avec sa gousse, se sème ordinairement sur les céréales, en automne si le déchaussement n'est pas à craindre, au printemps dans le cas contraire. Avec la profondeur de la terre, son existence en plein rapport varie entre deux et quatre

ans.

Le trèfle incarnat qui se sème en automne et se récolte au printemps suivant, les vesces et les gesses qui se sèment en automne ou à la fin de l'hiver, et, pareillement, donnent tout leur foin au printemps suivant doivent suppléer un semis manqué de luzerne, de trèfle ou de sainfoin; mais ne sauraient entrer dans un assolement régulier, à cause de l'embarras irréparable qu'entraînerait leur insuccès accidentel.

§ 5.

Plantes à racines alimentaires.

Pour obvier à l'irrégularité des prairies temporaires, il faut leur associer la culture des racines, qui sont exposées à d'autres chances que les fourrages, et ménagent, pour l'hiver, un aliment frais, trèssalutaire aux bestiaux, lorsqu'il est mélangé en proportions convenables avec la nourriture sèche. En outre, cette culture a souvent l'avantage de nettoyer les terres et de mieux répartir le travail agricole sur les différentes saisons de l'année.

Peu épuisant, très-productif et se contentant de terres médiocres, légères ou fortes, le topinambour mérite que nous parlions d'abord de lui. On le plante à la charrue, à la fin de l'hiver. Chaque année, à la suite de la récolte, on labourera de nouveau les champs de topinambour, en y enfouissant les fanes et le fumier. Cette plante produit beaucoup de tubercules nains qu'on ne peut récolter, et qui,

restant en terre, servent de semence pour les récoltes suivantes. Aussi, doit-elle occuper une sole permanente, à long terme, et n'y être remplacée que par des fourrages dont les coupes réitérées arrêteront sa perpétuité.

Sur les terrains humides, on cultive le rutabaga, végétal engraissant et lactifère. On le plante au printemps, après l'avoir élevé en pépinière.

Lorsque le sol est frais, et que le climat n'est pas rigoureux en hiver, il est avantageux de cultiver le navet, racine également engraissante et lactifère. On le sème après les chaleurs de l'été. En hiver, on conduit le bétail manger les navets sur place.

Moins exposée aux ravages des insectes que le rutabaga et le navet, et se conservant plus facilement et plus longtemps en magasin que les autres racines, la betterave doit entrer dans un bon assortiment de nourriture fraîche pour le bétail. Elle aime une terre profonde, assez fraîche, et demande à être élevée sur couche dès le mois de janvier, puis à être repiquée dès que les gelées ne sont plus à craindre.

Enfin la pomme de terre vient clore la liste des racines dont nous conseillons la culture. Sujette à

des maladies nombreuses, et d'ailleurs épuisant le sol, elle ne doit venir que très-accessoirement compléter la nourriture du bétail. Mais, comme elle peut entrer pour une assez forte proportion dans le régime alimentaire de l'homme, on ne doit pas négliger sa culture. Ce tubercule aime un terrain meuble, frais, à l'abri de l'humidité stagnante, mais n'exige pas qu'il soit profond.

§ 6.

Légumes.

Lorsque le sol est tenace et souvent humide, la culture de la fève comme plante sarclée est une bonne préparation à l'éducation du froment. Ce légume doit recevoir l'engrais destiné à la récolte suivante, parce qu'il profitera de cet engrais sans l'épuiser; être semé avant ou après l'hiver, suivant que cette saison est habituellement douce ou rigoureuse; être disposé en lignes, pour qu'on puisse le biner avec la houe à cheval; être écimé lors de la formation des gousses inférieures, afin d'empêcher le

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