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Le conseil de ville, après avoir pris l'avis d'une commission, crut devoir protester contre des maximes si nouvelles dans le gouvernement français il consigna dans ses registres, le 15 avril, une déclaration portant :

Que Louis XVIII est Roi de France, par la loi fondamentale de l'Etat ;

Que l'exercice de l'autorité royale, en la personne de l'héritier du trône, ne peut être suspendu par aucune condition.

Qu'aucune révolution, qu'aucuns événémens n'ont pu porter atteinte à ces antiques maximes de la monarchie française (1).

Cette délibération fut mise aussitôt sous les yeux du Roi, par les soins du comte de Laurencin. Enfin, le 18 avril, le conseil municipal de Lyon, le clergé, le commerce, la garde nationale, firent au Roi et à la famille royale, de nombreuses députations, pour porter au pied de ces princes les hommages d'une ville qui s'était associée avec tant de transport à la restauration du trône (2).

Tels furent les événemens qui, à Lyon, précédèrent ou accompagnèrent la reconnaissance de Louis XVIII, et la proclamation des droits de son auguste maison: époque glorieuse pour les habi

(1) Voyez les pièces justificatives, n.o 6.

(2) On trouvera, sous le n.° 7 des pièces justificatives, les adresses qui furent présentées au Roi dans cette circonstance, et les nobles et touchantes réponses que S. M. y daigua faire.

tans d'une cité qui ne le cède à aucune autre par son amour pour son Roi (1).

(1) Des décorations accordées en divers temps à plusieurs des adjoints et des conseillers municipaux, ont manifesté la satisfaction du Roi pour les services de tous. Le conseil municipal à son tour, pour reconnaître au nom de la ville, ceux qu'avaient particulièrement rendus le maire et l'adjoint chargés de la police, sollicita de S. M. par de respectueuses instances, la dignité de pair en faveur de M. d'Albon, et décerna une épée à M. de Sainneville, à qui le Roi avait déjà conféré des lettres de noblesse, et à qui il accorda depuis le grade d'officier de la légion d'honneur.

Cependant, dans une brochure anonyme, intitulée : Tableau historique des événemens qui se sont passés à Lyon, depuis le retour de Buonaparte (seconde édition, pag. 23 et suivantes), on a calomnié toute l'administration municipale, en supposant que dès le mois de janvier 1814, toutes les autorités civiles, judiciaires et militaires, abandonnèrent leur poste; que M. d'Albon resta seul dans le sein d'une ville qui bientôt allait lui devoir sa conservation. Les noms des autorités et ceux même de MM. de Sainneville et de Laurencin, après tant de services rendus, et des services si connus, n'ont pas été rappelés une seule fois dans un écrit destiné en apparence à consacrer les actions des principaux personnages.

M. d'Albon montra, comme tous ses collégues, un zèle très-louable; mais il sera le premier à désavouer un éloge si exclusif. Il n'a pas besoin, pour faire valoir ses services, de jeter un voile sur ceux d'autrui. Aucun de ses collégues, un seul adjoint excepté, ne l'abandonna; tous partagèrent ses efforts, ou le servirent de leurs conseils. On offense un homme d'honneur en le louant de ce qu'il n'a pas fait ou de plus qu'il n'a fait.

CHAPITRE NEUVIÈME.

ABDICATION de Buonaparte.

Lyon au Roi.

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Proclamation du maréchal Augereau.

Armistice. Fin de la campagne de Lyon. Rencontre de Buonaparte et du Maréchal sur la route de Valence. l'évasion de Buonaparte. pour

Tentatives elles échouent.

Comment

Dislocation de l'armée de Lyon. Honneurs reçus par le maréchal à son retour dans cette ville.

La révolution qui s'était opérée à Paris et à Lyon,

n'était point encore connue au camp de Valence, coupé de Lyon par une armée autrichienne, lorsque le 11 avril, le prince de Hesse-Hombourg, présumant sans doute que le maréchal Augereau en avait pu être instruit par quelque voie extraordinaire, le fit prévenir par un parlementaire, que l'entrée des alliés à Paris serait célébrée le lendemain, dans ses camps, par des salves d'artillerie, et lui fit proposer une entrevue pour convenir d'un armistice. Le maréchal prit d'abord ces communications pour une ruse de guerre, et ne crut pas devoir céder aux insinuations d'un ennemi, avant d'avoir reçu des informations et des instructions officielles de son gouvernement. Le prince insista, menaçant de marcher de suite sur Grenoble, portant l'assurance jusqu'à indiquer ses points d'at

taque, et faisant sentir au maréchal qu'il aurait à se reprocher le sang qui pouvait couler encore. Celui-ci, non moins jaloux que le prince, d'en arrêter l'effusion, crut devoir envoyer M. Ducasse, son chef d'état-major, à Tain où était le quartiergénéral autrichien, pour y prendre connaissance des événemens annoncés, ainsi que des pièces qui les constataient.

Pendant ces pourparlers, arriva au camp français un député de Lyon, M. le comte de Laurencin, chargé de faire connaître à l'armée et à ses chefs, les grands événemens dont Paris et Lyon avaient été le théâtre, et de les disposer à se rendre au Roi. Il était porteur d'une lettre de MONSIEUR au maréchal Augereau, qui avait été confiée, par M. de Montciel au corps municipal; cette lettre en instruisant ce général des grands événemens qui venaient de rendre la France à son Roi et à la paix, lui montrait ce que la France, l'Europe et l'humanité attendaient de son patriotisme. En même temps, le comte de Laurencin l'instruisit de la reconnaissance qui avait été faite du Roi à Lyon, et que cette ville, qui lui devait déjà son salut, attendait de lui qu'il mettrait sans balancer un terme à ses maux, en s'unissant au vœu national.

Le Maréchal laissa éclater les plus nobles sentimens, et s'abandonnant aux mêmes espérances que tous les vrais Français, s'empressa de conclure l'armistice proposé qui fut signé le 13 avril.

Bientôt après il fut informé que ce même Buonaparte, qui avait si long-temps menacé tous les trônes de l'Europe, s'était vu forcé de descendre du sien; qu'il avait signé à Fontainebleau, le 11 avril, une déclaration portant, que « les puissances >> alliées ayant proclamé que l'empereur Napoléon » était le seul obstacle au rétablissement de la paix » de l'Europe, l'empereur Napoléon, fidèle à son » serment, déclare qu'il renonce pour lui et ses » héritiers, aux trônes de France et d'Italie. » Il sut enfin qu'en conséquence de cette détermination, les puissances alliées n'écoutant que le sentiment d'une générosité qui depuis a été bien funeste à la France, assignèrent à Buonaparte l'île d'Elbe, en souveraineté, pour sa retraite.

La nouvelle de cette abdication avait été apportée officiellement à l'armée, le 15 avril, par un officier que le gouvernement y dépêcha, avec ordre de suspendre les hostilités si elles ne l'étaient pas. Elle déliait les esprits les plus délicats, des sermens de fidélité que l'empereur pouvait avoir reçus.

La soumission de cette armée au Roi fut prompte et à peu près unanime. Quelques officiers, en petit nombre, et quelques soldats qui ne connaissaient que Buonaparte et la gloire militaire dont il avait toujours brillé à leurs yeux, hésitèrent d'abord, mais n'hésitèrent qu'un moment; bientôt ils cédèrent aux remontrances de leur chef et aux

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