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patrie, il voulut profiter inceffamment d'une occafion fi favorable en apparence de rétablir parfaitement fes affaires. Il fe mit en marche pour le Koueitcheou avec le jeune Prince Conftantin, fon fils unique. Mais leur voyage ne fut pas long.

kouei

ce de

le prend

Oufankouei, moins par fidélité Oufanpeut-être au parti tartare, que par marche un fecret dépit de n'avoir pas été contre confulté dans un complot tramé le Prinà fon voifinage, prit à cœur d'en Kouei, arrêter les fuites; & il parut le & le fait faire en zélé Mancheou. Ayant mourir. raffemblé fes troupes avec le plus de diligence qu'il lui fut poffible; il alla à la rencontre du Prince de Kouei; il l'attaqua dès qu'il l'eut atteint, le battit; & s'étant rendu maître de fa perfonne, il le fit mourir fur le champ avec fon fils. Tout fut dès-lors tranquille dans ces quartiers.

L'Empereur agréablement furpris, que celui dont il fe défioit, eût fi bien affermi fa couronne par l'extinction d'une Famille Impé

riale, feule capable de l'ébranler, ne tarda pas à en marquer fa reconnoiffance au Vainqueur. Il augmenta la Principauté de Yunnan de toute la Province de Koueitcheou, dont Oufankouei n'avoit auparavant que la moindre partie. Moit Le Monarque Mancheou ne de l'Em- furvécut que deux ans au funefte Tchan- fort de fon Compétiteur; étant dé

pereur

gti.

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cédé à Pekin l'an 1661, à l'âge de vingt-quatre ans & quelques mois. Son exceffive tendreffe pour une de fes Reines ou époufes du fecond ordre, que la mort lui avoit enlevée, le conduifit infenfiblement au tombeau. N'ayant point eu de fils de l'Impératrice, il fe nomma un fucceffeur parmi ceux qu'il avoit eu des Reines. Le choix tomba fur le fecond, âgé de huit ans, & nommé Ginti ou Chinfouginhoangti, fi célébre dans tout l'univers, fous le nom de Kanghi, qui étoit celui des années de fon régne.

Le Confeil de Régence com

Ar

au fujet

du pa

mença fon administration par un réglement qui lui fit beaucoup d'honneur : c'étoit au fujet des Eunuques du palais. On a vu dans le fecond livre de cette Histoiré combien ces vils infectes des Cours Afiatiques avoient été funestes à la dynastie des Mings. Depuis la révolution en faveur des Man- rêté des Princes cheoux, le crédit des Eunuques en Mangénéral étoit bien tombé; quel- cheoux ques-uns cependant avoient ac des Euquis de l'autorité au palais, après nuques la mort de Néchingouang; & leur lais. Chef en particulier étoit l'arbitre des graces au temps que mourut l'Empereur Tchangti. Ce Prince n'eut pas plutôt fermé les yeux, que les ennemis de l'Eunuque favori fe réveillèrent comme de concert. On l'accufa au Tribunal des crimes, on rechercha fa conduite; & fes Juges l'ayant reconnu coupable de péculat & de concuffion, le condamnèrent à être étranglé. Plus de mille de fes femblables furent privés de leurs emplois, & congédiés fans efpérance

Mau

vais

parti

de retour. On fit même quelque chofe de plus: on grava fur une grande plaque de fer à l'entrée du palais l'arrêté fuivant: Les Princes Mancheoux fe font engagés folemnellement à ne jamais confier aux Eunuques, des poftes ou des dignités qui ayent rapport à l'adminiftration

de l'Etat.

Cette fage conduite des Régens fe démentit bien l'année fuivante que pas l'étrange réfolution qu'ils priprenent les Ré- rent au fujet des côtes maritimes gens au du Petcheli du Chantong, du côtes Kiannang, du Chékiang, du Foumari- kien & du Koantong. Comme les times. Corfaires les infeftoient fréquem

fujetdes

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ment, & qu'on craignoit avec raifon qu'ils n'y fiffent à la fin quelque établiffement confidérable, les fortes têtes du Confeil de Régence, au lieu de fe réfoudre à former peu à peu une bonne marine, aimèrent mieux fuivre l'avis infenfé qu'on leur donna, de s'appauvrir, pour n'être pas voté. La création d'une marine auroit demandé bien des foins ; & le parti

au contraire qui fut fuggéré aux Régens n'en exigeoit aucun de leur part. Il confiftoit fimplement à ruiner les bourgs & les villages de ces fix Provinces qui fe trouveroient fitués le long de la mer dans la largeur de trois lieuës. Les Villes à la vérité furent épargnées, au moins celles qui pouvoient faire une bonne défense, mais tout le refte fut facrifié. Le Jéfuite Tanjaouang, Préfident du Tribunal des Mathématiques, employa le refte de faveur qu'il avoit encore, & qu'il perdit bientôt, comme nous le dirons, pour fauver le territoire de Ngaomen (23) dans la

(23) Ngaomen eft le nom chinois de Macao. Certe Place eft dans une Ifle affez mauvaife, nommée anciennement Gauffan, & placé à l'embouchure du Taho, dans la Baye deKoantcheou. Il y a près de deux cens ans que l'Emperenr Kyatfing permit à la nation portugaife de s'y établir; mais depuis bien des années le com

merce de Macao eft comme anéanti: les Chinois y tenant les Portugais fort à l'étroit. Vers le commencement du fiécle paffé les Hollandois tentèrent deux différentes fois de fe rendre maîtres de ce pofte, & ne purent point y réuffir. Macao eft au 22 d. 12 m. 14 f. de latitude, & au 130 d. 57 m. 30 f. de longitude.

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