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Les terres siliceuses sont sujettes aux sécheresses et alors sont fréquemment très-rebelles à l'agriculture. Très-filtrante et dépourvue de la propriété de fixer l'azote, soit sous forme d'ammoniaque auquel elle ne peut offrir de pore pour le loger, soit sous forme d'acide nitrique auquel elle ne peut offrir de base salifiable pour le retenir, la silice ne forme, à elle seule, que des sols mauvais dépositaires des engrais organiques et atmosphériques. D'ailleurs, manquant de chaux, les terres siliceuses, lorsqu'elles sont sèches, se refusent à produire du

froment, de la luzerne, du trèfle et du sainfoin. Elles ne peuvent alors porter que du seigle, lequel encore n'y donne que de bien modiques récoltes. Par contre, sur ces terres si pauvres pour la culture agricole, le pin sylvestre et le pin maritime étalent souvent un luxe frappant et qui indique, d'une manière évidente, l'appropriation des sols siliceux à la culture forestière.

Mais, lorsque, chose rare, les terres siliceuses sont fraîches ou arrosées, elles sont propres à toutes les cultures, au moyen d'engrais organiques et minéraux dont elles sont alors très-exigeantes. Parmi les terrains siliceux, il n'y a donc que ceux à l'abri de la sécheresse qui puissent offrir quelque chance de succès à un défrichement.

$ 2.

Terres calcaires.

A l'état pur, les terres calcaires ne sont guère plus fertiles que les terres siliceuses. Les engrais y perdent leur ammoniaque par l'infiltration et surtout

l'évaporation, mais y conservent un peu mieux leur acide nitrique en le combinant avec la chaux. Parfois même, ces terres composent, à leur profit, de l'acide nitrique, en prenant directement à l'air son azote et son oxygène. En outre, leur couleur blanche les rend froides.

Lorsqu'elles sont crayeuses, elles se réduisent en bouillie, par les pluies, et en poussière par les sécheresses qui deviennent ainsi fatales à la végétation. Par les gelées, elles se boursoufflent et déchaussent les racines. De semblables terrains sont très-mauvais pour l'agriculture qui n'en conserve la possession que parce que les labours y sont faciles. Les forêts pareillement y viennent assez mal. Pourtant des plantations de pins y ont assez bien réussi et doivent être soigneusement conservées.

Mais, lorsque les sols calcaires sont sablonneux, ils sont meilleurs. La pluie ne les pétrit plus en bouillie, la sécheresse ne les convertit plus en poussière, et la gelée ne les soulève plus, de manière à déchausser les jeunes plantes. Aussi, lorsqu'ils ont une consistance et une fraîcheur suffisantes, ils sont propres à la culture du froment et des autres plantes

qui mûrissent au commencement de l'été. Mais, lorsqu'ils sont inconsistants et secs, les arbres peuvent seuls y prospérer comme sur les sables siliceux qui se trouvent dans des conditions analogues. En conséquence, nous engageons à ne jamais déboiser un sable calcaire sans consistance.

Lorsque les terrains calcaires se sont enrichis d'argile et de silice, ou seulement d'argile et qu'ils forment des limons ou des sols argilo-calcaires, ils deviennent plus fidèles dépositaires des engrais et, ordinairement, possèdent tous les principes minéraux indispensables à la végétation. Ils sont ainsi trèsaptes à produire de bonnes récoltes de céréales, de fourrages légumineux, de foins et de racines. Alors, quand ils ont toutes les autres qualités nécessaires pour donner la fertilité à un sol arable, on trouve le plus souvent du profit à les faire passer de la culture forestière à la culture agricole.

§ 3.

Terres argileuses.

Nous venons de dire que les limons et les sols argilo-calcaires conservent l'engrais. C'est leur argile qui leur communique cette propriété. Mais à côté de cette précieuse qualité, se trouve une exigence bien onéreuse. L'argile, quand on la fume, commence par se faire sa part de l'azote qu'on lui confie, et ordinairement ce n'est que lorsqu'elle en possède 0,0015 de son poids qu'elle rend à la végétation agricole tout l'azote reçu en dépôt et produit des récoltes proportionnelles aux fumures. En revanche, la complète saturation des argiles ne semble pas indispensable à la réussite de la plupart des arbres forestiers lesquels paraissent même pouvoir arracher à l'argile une partie de l'azote qu'habituellement elle prétend s'approprier au détriment de l'agriculteur. Dès lors, on conçoit que si l'on déboisait et cultivait une argile trop pauvre d'azote, on pourrait, pour l'en saturer, être contraint à une dépense ruineuse.

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