vans, parmi lefquels fe trouvoit le Jéfuite Nanhoaigin. (26) Le difcours de ce jeune Prince fut court & fenfé: » il dit qu'on lui » demandoit une décifion impor» tante; qu'il en connoiffoit la » difficulté; & qu'il ne vouloit >> point la donner légérement, fans » être bien convaincu de quel côté » étoit la vérité. » S'adreffant enfuite au Chinois Yangkouanfien Préfident du Tribunal des Mathématiques, & à l'Européen Nanhoaigin: ne pourriez-vous pas, ajoûta-t-il, me fournir içi quelque moyen fenfible & à ma portée, de difcerner fûrement lequel de vous deux fe trouve avoir raison? Expliquez-vous librement, & ne craignez rien. (26) Le Pere Ferdinand Werbieft, flamand de nation. I fut tiré de prifon pour paroître devant l'Empereur dans la conférence dont il s'agit. La manière dont il fatisfit ce Monarque, lui gagna tellement fa bienveillance qu'on pouvoit prefque le regarder fur le pied de favori. Peu de Miffionnaires de notre Europe ont eu des talens égaux aux fiens. Il mourut en 1688. L'Empereur compofa & écrivit lui-même l'éloge fu nébre de ce Scavant, à qui il fit faire de magnifiques obféques. Comme le premier des deux Aftronomes ne fe preffoit pas de répondre, l'autre prit la parole avec confiance. Les moyens que Votre Majefté demande, dit-il au Monarque, font en grand nombre, & elle pourra en faire ufage à loifir. Celui que je prends la liberté de lui propofer à préfent, eft des plus fimples. Qu'on dreffe plufieurs ftyles à angles droits, nous calculerons mon adverfaire & moi, jufqu'où l'ombre folaire parviendra demain à midi; lui felon la méthode chinoife, moi fuivant celle de mon pays. Celui de nous deux qui déterminera au jufte ces divers points, doit avoir gain de caufe évidemment. Le moyen, comme on le voit, étoit facile & fûr: auffi l'Empereur par un doux fourire, fit-il comprendre à toute l'assemblée, combien cette ouverture le charmoit. Les ftyles furent bientôt placés, & le calcul fe fit fur le champ. Celui de Nanhoaigin fe trouva jufte, mais l'erreur du Chinois parut fi grande, que les deux Tribunaux L'Em en rougirent. Cette preuve ne fut ou moins. C'étoit autant qu'il en falloit Pereur pour faire comprendre aux perclare en fonnes défintéreffées que le Préfifaveur dent Yangkouanfien avoit voulu trono- tromper l'Empereur, pour décrémie, diterles Mathématiciens étrangers, de l'Af d'Euro pe. ce qui eft à la Chine une faute capitale. Auffi le Tribunal des crimes fe hâta-t-il d'en prendre connoiffance: le procès fut fait au jaloux Aftronome, il fut convaincu d'imposture, & comme tel condamné à la mort. Mais l'Empereur content de voir les Chinois humiliés, eut pitié du coupable Yangkouanfien. Il le priva feulement de fon emploi, le renvoya dans fon pays. au rang du peuple, & donna la Préfidence des Mathématiques à l'Européen victorieux. (27) (27) Ces honneurs gieux qui parle ainfi à Clément XI. dans ve mes J'ai actuellement Ce grand Prince fit encore plus : pour n'être pas expofé deformais à confirmer à l'aveugle de mauvaises fentences fur ces matières, il voulut s'en inftruire à fond fous la direction du nouveau Préfident. Les progrès qu'il y fit font connus de tout le monde; (28) bientôt il fut en état d'examiner par luimême les fujets qui fe préfentoient pour les poftes, où la géométrie & l'aftronomie font néceffaires : ce qui étoit bien capable d'écarter les avanturiers. Un examen en effet fur la parallaxe & les réfractions ne peut que paroître effrayant, quand on a pour examinateur & pour juge un Souverain bien inftruit de la matière, & auffi abfolu que l'eft l'Empereur de la Chine. un phénoméne uni- Kanghi s'est servi long-temps pour calculer à l'européenne. Les caractères chinois d'un beau rouge qu'on voit en marge, font de la propre main de ce Monarque. A cette |