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des universités constituées (il y en a quatre: Louvain, Bruxelles, Liége et Gand), l'enlève par conséquent aux simples facultés et crée un jury spécial pour les candidats qui ne sont d'aucune Université.

Une commission composée de hauts personnages est chargée d'entériner les diplômes après s'être assurée qu'ils ont été obtenus dans des conditions sérieuses (?). Comment s'assurera-t-elle de cela?

L'Etat de New-York a aussi une loi sur l'instruction.

La Hongrie se distingue. Elle a fait 51 lois qui sont analysées dans l'annuaire par M. le Dr Paul Hoffmann professeur de droit romain à l'Université de Buda-Pest, parmi lesquelles une loi sur le règlement des relations entre les domestiques et leurs maîtres (donneurs de service), ainsi que sur les ouvriers et journaliers de la campagne. Le maître a des obligations en ce qui concerne les gages, le logement, la nourriture, l'habillement, les jours de maladie, l'école...

Le domestique doit être fidèle, ponctuel... dénoncer les vols, ne pas sortir sans permission ni recevoir de visites de jour et de nuit, laisser sa malle dans la maison..., etc.

Le maître peut réprimander et retenir des gages sauf recours à l'autorité.

En France une pareille législation serait peut-être fort utile. Nous en sommes encore au droit coutumier, aux usages locaux.

La Hongrie a elle aussi une loi sur le règlement du régime sanitaire qui est un véritable Code de 176 articles dont nous n'avons malheureusement qu'une analyse.

Le Wurtemberg a une loi sur les droits et les devoirs des fonctionnaires. Est fonctionnaire toute personne nommée à un emploi public par le roi ou les autorités supérieures à l'exception des militaires et des institeurs primaires. Est-ce qu'en Wurtemberg les instituteurs sont soumis à l'obéissance passive et n'ont pas de droits? mystère ! Pourquoi ne sont-ils pas fonctionnaires. Il est question dans cette loi des modes de nomination, de révocation, des garanties, du traitement... etc. Mieux vaut des lois en ces matières que le bon plaisir de l'administration ou des partis.

Mentionnons aussi trois lois sur la pêche ou la conservation des phoques, en Allemagne, Hollande et Norvège. Pourquoi ne fait-on pas une législation internationale sur ce sujet et même sur toute question de pêche maritime en général. Il est temps de songer à la mise en culture des océans.

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La table chronologique de cet annuaire ne comprenant pas moins de pages on nous excusera de ne pas chercher à citer toutes les lois même les plus intéressantes. On légifère d'ailleurs sur tout, sur les phoques, les domestiques et les fonctionnaires. Au Canada sur les sauva

ges, en Hongrie sur les législateurs eux-mêmes pour les obliger à sié

ger.

L'annuaire de 1878 a 900 pages.

Il contient une loi anglaise très-importante sur les prisons.

Une loi Hongroise modifiant la loi de 1868 qui avait supprimé les dispositions restrictives du taux de l'intérêt. Cette nouvelle loi fixe le taux légal à 8 p. 100.

Diverses lois sur les eaux et forêts édictées en Suisse, Belgique et Italie. La Suisse a fait un grand pas dans le sens de la réglementation avec une loi sur le travail dans les fabriques.

Le grand-duché de Luxembourg est entré dans la même voie en ce qui concerne le travail des femmes et des enfants.

Comme dans le précédent annuaire il y a divers lois sur la propriété artistique, littéraire, et artistico-industrielle.

Mentionnons aussi une disposition curieuse de la loi du canton de Schaffouse sur l'exercice des droits du peuple qui rend le vote obligatoire. C'est une expérience que fait Schaffouse et qui sera curieuse à suivre.

La Constitution de la Géorgie est in extenso dans l'annuaire. C'est la première Constitution américaine dont la Société donne la traduction.

Le Bulletin nous fait connaître bien des discussions intéressantes. Parmi les questions à l'ordre du jour nous remarquons:

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En 1877, l'expropriation pour cause d'utilité publique en divers pays. Les conclusions du congrès de l'Association anglaise pour la réforme et la codification du droit des gens. Le vote des lois de finances en Angleterre. Le droit public et l'administration en Louisiane. La loi Plimsoll sur l'organisation de nouveaux tribunaux égyptiens. En 1878, le projet de réforme du Code de commerce italien. Le Homestead aux Etats-Unis. La loi de mai 1877 relative aux brevets d'invention en Allemagne. La propriété immobilière en Angleterre. L'utilité d'une unification des diverses législations relatives aux lettres de change. La législation hypothécaire de la ville de Brême. Cette énumération rapide suffit à montrer l'intérêt des séances de la Société. Les économistes en entrant dans cette association fort hospitalière, outre l'avantage qu'ils auront de profiter de ses travaux, pourront prendre part aux débats et aider à éclaircir maintes questions qui ne peuvent l'être sans le secours de l'économie politique.

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LÉON ROQUET.

PROTECTION ET LIBRE-ÉCHANGE, par M. E. FAUCONNIER, docteur en droit. Paris, Germer-Baillière, 1879, in-8° de 144 pages.

M. E. Fauconnier, auteur d'un livre socialiste, dont nous avons récemment entretenu nos lecteurs, publie aujourd'hui une brochure protectionniste, ce qui est bien naturel. En effet, socialisme et protectionnisme ont un même point de départ, savoir: qu'il appartient au pouvoir politique de diriger l'activité industrielle et commerciale de la société, parce que, si l'on abandonnait cette activité à elle-même, la nation ne saurait éviter la décadence et la ruine. Cette proposition, que nous ne trouvons exprimée nulle part dans les publications socialistes et protectionnistes, y est constamment sous-entendue, comme une vérité première indiscutable.

L'auteur de la brochure qui nous occupe procède à cet égard comme ses devanciers et ses maîtres, Sismondi, Lisdt et Carey. Il nous expose comment, d'après lui, doit être dirigée l'industrie nationale, ou plus exactement, comment la direction de cette industrie ne doit pas être abandonnée à l'initiative des particuliers. Son œuvre est surtout, comme celle de ses devanciers, une œuvre de critique et de négation.

Cette œuvre, nous n'essayerons pas de l'analyser, parce que, n'ayant rien de scientifique, elle échappe à toute analyse: c'est l'improvisation d'un esprit honnête, habitué à lire et à sentir, plus qu'à penser et à réfléchir sur les matières dont il s'occupe. Il y a des citations, il y a des chiffres, il y a des fleurs de rhétorique en abondance et pas mal de contradictions, mais quant à des principes, quant à une analyse rigoureuse quelconque, quant à une déduction un peu correcte, on l'y chercherait vainement.

Dans les publications de ce genre, ce qu'il importe le plus de remarquer, ce sont les postulats sous-entendus. Nous avons exprimé plus haut celui qui se trouve à la base de toute conception socialiste et protectionniste. Signalons-en quelques autres dont la présence se révèle dans cette brochure, comme dans la plupart des publications des mêmes écoles.

M. Fauconnier, qui nous fait l'honneur d'adresser sa brochure aux journalistes économistes, raisonne contre nous comme si nous avions proposé de détruire les branches d'industrie protectionnistes, qui veulent bien faire notre fortune en prenant notre argent. Nous lui ferons remarquer qu'aucun journaliste économiste, à notre connaissance, n'a fait une proposition semblable, bien que tous aient pu dire que la France serait plus riche, si ces branches d'industrie n'avaient jamais été protégées. y a dans cette manière de présenter les choses une inexactitude qui est une injustice.

Comme les autres protectionnistes et socialistes, notre auteur ne tient

pas plus compte du progrès industriel que s'il n'existait pas : il suppose toujours que la supériorité industrielle dans telle ou telle branche tient à je ne sais quelle fatalité qu'il ne songe pas à définir. Il lui arrive aussi de mêler les choses les plus disparates, de se plaindre, par exemple, des dépenses causées par les guerres de Crimée, du Mexique et autres, des emprunts témérairement souscrits à l'étranger, de la concurrence faite à la navigation et à la batellerie par les chemins de fer, comme si tout cela avait un rapport quelconque avec la liberté des échanges.

Lorsqu'il aborde plus directement la question qui fait l'objet de sa brochure, il revient timidement à la vieille théorie de la balance du commerce et suppose qu'un peuple peut se ruiner en important trop et en exportant son argent. Il fait aussi des suppositions étranges et bien gratuites, celle de trois artisans, par exemple (p. 12), qui, achetant au dehors les marchandises dont ils ont besoin, ne se fourniraient pas de débouchés l'un à l'autre. Mais il est clair que dans cette hypothèse les trois artisans ne pourraient continuer leurs achats au dehors, puisqu'ils n'auraient rien à donner en échange. S'il n'y avait qu'eux dans la nation, l'importation s'arrêterait, faute d'exportation. L'hypothèse a le défaut d'être impossible.

M. Fauconnier craint que si on nous abandonne le soin de nos intérêts privés, nous allions vendre tout ce que nous possédons à vil prix, contre des marchandises que nous consommerons aussitôt et que nous ne soyions bientôt ruinés. Si nous ne sommes pas réduits à cette extrémité, c'est grâce à la sagesse de nos gouvernants, grands économes, comme chacun sait, incapables de la moindre légèreté financière, du moindre écart et de la moindre erreur dans l'administration de nos intérêts! Il est difficile de voir les choses d'une façon plus opposée à la réalité des faits.

Nous ne faisons certes pas un crime de tous ces écarts à M. Faucon nier. Nous voyons qu'il est docteur en droit, peut-être docteur de la Faculté de Paris, qui n'a jamais abusé de la méthode scientifique moderne et qui lui préfère les traditions de l'enseignement théologique. Nous devons nous attendre à voir venir en grand nombre des docteurs imbus des sentiments et des idées répandus dans la brochure qui nous occupe, et qui ne seront pas toujours peut-être exprimés avec la même honnê

teté.

Mais puisque ces messieurs possèdent le secret, inconnu des économistes, de la meilleure direction à donner au travail d'un pays, nous les prierons de négliger un peu les critiques et les récriminations dans lesquelles ils se sont complu jusqu'ici pour nous apprendre une bonne fois :

1o La définition économique de l'État et de la nation; 2o le catalogue non-seulement par genres, mais par espèces concrètes, des industries

qui conviennent au pays et de celles qui ne lui conviennent pas, de celles qu'il faut encourager et de celles qu'il faut décourager; 3° comment le gouvernement maintiendra l'égalité de condition et l'équité de rémunération entre les individus d'intelligence, de force et de moralités diverses qui sont occupés dans l'atelier industriel; 4° de nous définir de même, en détail et par le menu, le commerce extérieur qu'il convient de faire ou de ne pas faire.

Une fois ce travail fait et établi par raison démonstrative, il est clair que les économistes n'auraient plus rien à dire et ne seraient plus admis à soutenir que la direction de l'industrie excédant la capacité de la science et du gouvernement, doit être abandonnée à l'initiative individuelle et à l'échange libre.

En attendant que ce grand travail soit terminé, nous engageons M. Fauconnier à négliger un peu les lectures protectionnistes et à creuser davantage sa pensée, de façon à ce qu'après l'avoir lu on sache s'il croit l'agriculture meilleure que l'industrie, ou au contraire. Nous le voyons quelque part soutenir que dans le commerce international l'avantage est à celui qui fournit les produits dont on peut le moins se passer, qui sont, sauf erreur, les produits agricoles, et soutenir ailleurs qu'il vaut mieux vendre des objets manufacturés, qui donnent à l'ouvrier un salaire plus élevé, et ailleurs se plaindre de l'intermittence du travail des manufactures. Entre tant d'affirmations divergentes, nous demeurons perplexes.

COURCELLE-SENEUIL.

LE PROBLÈME MONÉTAIRE ET LA DISTRIBUTION DE LA RICHESSE. Etude par M. TH. MANNEQUIN, membre de la Société d'Economie politique de Paris, ancien membre du comité international des poids, mesures et monnaies à l'Exposition universelle de 1867. - Paris, Guillaumin, 1 vol. in-8°, 1879.

M. Th. Mannequin n'est pas de ceux qu'on présente aux lecteurs du Journal des Economistes. Loin de là. Son nom compte au contraire parmi ceux qui ont le plus souvent frappé leurs yeux. Outre qu'il a souvent figuré, et toujours avec grand profit pour la science, dans les discussions mensuelles de la Société d'Economie politique, un assez grand nombre de publications l'ont signalé, presque d'année en année, de la façon la plus honorable. Travail et Liberté; Les lois naturelles de la propriété et de la Justice; Les provinces argentines et Buenos-Ayres depuis leur indépendance; La liberté civile et la justice criminelle; Le problème démocratique ou la politique du sens commun sont autant de titres qui, après lui avoir conquis nombre de suffrages des plus autorisés, l'ont aussi

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