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puie, sont de nature à fournir aux protestans de graves sujets de réflexions. Nous profitons de cette occasion pour annoncer que M. de Haller vient de retourner dans sa famille. Puisse-t-il obtenir dans sa patrie l'accueil que lui méritent ses ouvrages, ses vertus et ses services!

Le diocèse de Tours a été favorisé cette année de plusieurs missions, qui doivent être du nombre de celles que les libéraux pardonnent plus volontiers; elles ont eu lieu dans les campagnes. La première s'est faite à Bléré, et nous en avons parlé cet hiver; la se conde, à Luzillé, n'a pas eu des suites moins heureuses. Le missionnaire qui avoit évangélisé ces deux paroisses, M. Claude, a commencé, le 11 mars, une nouvelle mission à Azai-le-Rideau, même diocèse; il a été secondé par des prêtres voisins et par un religieux plein de zèle. Ses prédications ont produit un grand effet, et M. l'archevêque de Tours, ayant appris ce qui se passoit, a désiré, malgré son âge et ses infirmités, jouir du spectacle édifiant d'une population unie par les liens de la piété et de la charité. Il s'est rendu à Azai pour la plantation de la croix, qui s'est faite le jeudi de la semaine de Pâque, 26 avril. Le prélat a été reçu avec les honneurs qui lui, étoient dus, et a été complimenté par M. le curé. M. Claude a prêché pour la plantation de la croix, et, de retour à l'église, M. l'archevêque a donné la béné diction du saint Sacrement. Cette cérémonie avoit attiré à Azai un grand nombre d'habitans des environs, qui ont témoigné à l'envi leur respect pour le premier pasteur.

Il n'est personne qui, en lisant l'Histoire de l'Eglise gallicane, n'ait regretté qu'un si grand et si important ouvrage soit resté imparfait, et n'ait pensé avec douleur à la difficulté de le continuer aujourd'hui, moins encore peut-être par le manque d'écrivains que

par l'impossibilité de rassembler les matériaux néces❤ saires. La révolution a dispersé ces grandes bibliothèques des abbayes et des chapitres, où se conservoient tant de monumens précieux, et elle a rendu plus pénibles que jamais les recherches que nécessiteroit la continuation d'un travail exécuté avec tant de soin, mais aussi avec tant de secours par les pères Longueval, Brumoi et Berthier. Le Gallia Christiana fourniroit sans doute beaucoup de documens; mais ce vaste recueil n'est lui-même point achevé; il y manque trois métropoles, Tours, Besançon et Vienne, et nous n'avons aucune espérance de voir conduire à fin cette entreprise, qui convenoit à des hommes savans et retirés du monde, mais qui est au-dessus des forces de notre littérature actuelle. Ne seroit-il pas à désirer que, pour suppléer aux ressources qui n'existent plus, et conserver des traditions qui se perdent chaque jour, des ecclésiastiques se chargeassent dans les divers diocèses de recueillir les matériaux qui existent encore, les notes éparses, et les souvenirs fugitifs qui peuvent intéresser chaque église? Nous osons appeler sur cet objet la sollicitude éclairée de nos évêques; il leur seroit facile d'encourager quelques-uns de leurs ecclésiastiques à ce travail, et ils sauveroient ainsi de l'oubli des pièces et des faits dont le temps fait disparoître chaque jour la trace. Ce n'est que par un tel soin qué l'histoire des temps passés est venue jusqu'à nous, et nous devons faire pour nos successeurs ce que nos devanciers ont fait pour nous. Des copies déposées à l'évêché, au séminaire et dans les bibliothèques publiques, seroient un moyen sûr de perpétuer les documens qui existent encore. Ce ne sont pas seulement nos vues que nous donnons ici; ce sont aussi celles d'un ecclésiastique distingué par son esprit, ses connoissances, et par le rang qu'il occupe dans le clergé. C'est lui qui nous a engagés à appeler l'attention sur un

sujet qu'il regarde avec raison comme étant de quelque importance. Il nous apprend qu'un prélat illustre a approuvé son projet, et il espère que les autres évêques se feront un plaisir d'accueillir une idée qui ne peut que tourner à la gloire de la religion, et à l'édification des fidèles.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 10, jour de la Pentecôte, le Roi a reçu après la messe M. le comte Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie. Deux voitures de la cour, à la livrée du Roi, ont été chercher cet ambassadeur à son hôtel, et l'y ont reconduit après la cérémonie. Le lendemain, M. le baron de Vincent, ambassadeur d'Autriche`, a été reçu par le Roi avec le même cérémonial.

S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, est ar rivée à Vichy, dans les premiers jours de ce mois. L'auguste Princesse a reçu sur sa route les témoignages les plus vifs de respect et de dévouement. La présence de S. A. R. à Vichy comble de joie tous les habitans de cette ville.

-La chapelle de l'hospice que S. A. R. Mme, la duchesse de Berri fait construire à Rosny, et dans laquelle doit être déposé le cœur de M. le duc de Berri, ne tardera pas à être terminée.

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Une ordonnance royale, du 9 de ce mois, accorde divers avantages nouveaux aux sous-officiers et soldats, tant de l'infanterie que de la cavalerie, soit pour réengagement, soit pour ancienneté de service.

-Le 8, une grande partie des élèves des Ecoles de Droit et de Médecine étoient invités à assister à un service funèbre qui devoit être célébré, à Saint-Eustache, pour le repos de l'ame du sieur Lallemand, tué le 3 juin 1820. Un avis publié dans les journaux, et affiché à la porte de Saint-Eustache, annonça que service étoit ajourné (par ordre) indéfiniment. Cet avis n'empêcha pas un grand nombre de jeunes gens de se rendre à l'église; quelques-uns d'entr'eux déchirèrent les affiches, et tinrent des propos au moins déplacés; on les arrêta. Trois mille environ se sont rassemblés sur les boulevards, et se sont portés vers le cimetière du père Lachaise;

mais des gendarmes étoient placés à l'issue de chaque barriere, et, quand les jeunes gens ont paru, des magistrats les ont invités à se retirer; ce qu'ils ont fait sur-le-champ. La veille, des désordres avoient eu lieu à l'Ecole de Droit, après la lecture d'une lettre, dans laquelle M. le préfet de police engageoit les élèves à s'abstenir de toute réunion.

A

· La cour d'assises de Paris a condamné à trois ans de prison et 50 fr. d'amende le nommé Bénéfice, soldat au 6. régiment d'infanterie de la garde, pour avoir proféré des cris séditieux, étant ivre, et avoir forcé, les armes à la main plusieurs personnes à proférer ces mêmes cris.

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Le sieur Victor Ducange, qui doit être jugé prochainement par la cour d'assises de Paris, comme auteur d'un roman intitulé: Valentin, ou le Pasteur d'Uzès, a été arrêté, le 7, et écroué à la Conciergerie.

M. le chevalier de La Noue, ancien officier de la chambre du Roi, est nommé maire de Soissons.

-M. Verger, ancien procureur du Roi à Avignon, est nommé président honoraire du tribunal de première instance de cette ville.

-A Lyon, on se dispose à transférer prochainement les restes du lieutenant comte de Précy, au monument des Brot

teaux.

L'école d'enseignement mutuel qui avoit été établie à Chaumont (Marne) vient d'être fermée.

G

Mlle. Lenormand, diseuse de bonne aventure, qui étoit parvenue à se faire quelque réputation par ses annonces et ses ouvrages, a été condamnée, le 7 juin dernier, au tribunal de police correctionnelle de Louvain, pour faux titres et manœuvres frauduleuses, à un an de prison et 50 francs d'amende.

-Le 19 mai, le roi de Naples s'est rendu, dans le plus grand appareil, à l'église del Carmine Maggiore, pour y rendre grâce à Dieu de son heureux retour dans ses Etats. Le peuple a joint ses prières à celles du monarque. Ce prince a rendu un décret ordonnant la convocation d'une junte temporaire de conseil.

M. le duc de Blacas-d'Aulps, ambassadeur de France à la cour de Rome, doit prolonger son séjour à Naples, comme étant chargé d'une mission diplomatique auprès du gouvernement de ce royaume.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 8, M. le président prévient les défenseurs que les réquisitoires de M. le procureur-général et de M. l'avocat-général occuperont deux séances, et qu'ils aient en conséquence à préparer leurs plaidoieries. Les avocats demandent un intervalle de trois jours entre les réquisitoires et les plaidoieries. La cour en délibérera.

M. le procureur-général a la parole. L'orateur se propose de prouver d'abord les faits, et ensuite d'attribuer à chacun d'eux le caractère légal qui lui appartient. La discussion des faits qui établissent les moyens et le but de la conspiration a été présentée dans un ordre trèslumineux, et avec un talent supérieur. M. le procureur-général a terminé par une éloquente péroraison. Ce réquisitoire a duré près de trois heures.

Le 9, la chambre a tenu d'abord une séance législative. M. le ministre des finances présente à la chambre deux projets de loi, l'un relatif aux donataires dépossédés; l'autre concernant divers échanges intéressant le domaine de la couronne. M. le ministre de l'intérieur communique ensuite deux autres petits projets, adoptés dernièrement par l'autre chambre, et relatifs aux villes de Lyon et de Dunkerque. La chambre entend immédiatement après le rapport de M. de Pressigny, archevêque de Besançon, sur le projet de loi relatif aux pensions ecclésiastiques, et s'est ajournée au 12.

A midi et demi, la chambre se forme en cour de justice. M. de Vatimesnil a la parole pour exposer les charges qui pèsent sur chacun des accusés. L'orateur a établi avec clarté la différence qui existe entre les auteurs et les non révélateurs d'un complot; puis il a passé en revue les principaux faits relatifs à chaque accusé, et les a placés ainsi tour à tour dans l'une ou l'autre catégories.

M. le procureur-général prend de nouveau la parole, et requiert de la cour que Sauset et Lacombe soient acquittés de l'accusation; que Laverderie, de Trogoff, Robert, Gaillard, Eynard, Delamothe, Varlet, Mouchy et Bérard, soient condamnés à la peine de mort; Caron au bannissement; Dequevauvilliers, Charpenay, Depierris, Butteau, Modwich, Loritz, Lecoutre, Brédard, Fesneau, Mallent, Dumoulin, Thévenin, Remy, Bruc, Pégulu, Desbordes et GodotPaquet, à un emprisonnement de deux à cinq ans, et à une amende -de 500 francs à 2000 francs.

La cour s'ajourne au 13, pour laisser aux avocats le temps de préparer leur défense.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 8, on reprend la discussion sur le budget des affaires étrangères. M. le général Foy a la parole pour appuyer l'amendement de M. Labbey de Pompières, tendant à retrancher sur les dépenses de ce ministère une somme de 750,000 francs. L'honorable membre se plaint de

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