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varais qui ont été produits par le 17 et dernier soulèvement; les Alpes de Provence et l'énorme falaise de la Montagne Noire qui proviennent du 16° soulèvement; les Alpes de la Savoie et du Dauphiné qui remontent au 15° soulèvement. C'est sur ces montagnes que l'éboulement des terres et les torrents sont les plus dangereux. Au contraire, nos montagnes les plus anciennement formées, celles de la Bretagne produites par les 8 premiers soulèvements, bien que, la plupart privées de la protection des forêts, ne présentent ni torrents, ni éboulements; parce que, depuis longtemps, elles ont façonné leurs versants et adouci leurs talus.

Généralement la nécessité de conserver en bois un sol incliné sera indiquée par les accidents qu'aura causés la dénudation de terrains similaires dans la localité. A cet égard, nous pouvons même préciser davantage, en disant qu'il ne faut pas déboiser les versants rapides de nos montagnes, et notamment des Alpes, des Pyrénées, des Cévennes, du Jura, des Vosges, des montagnes de l'Auvergne, du Forez, du Limousin et du Morvan.

§ 3.

Existence des sources et cours d'eau.

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Le déboisement complète son action fatale sur le régime des eaux en appauvrissant ou tarissant les sources. Voici comment. Celles-ci sont produites par l'infiltration des eaux à travers la couche supérieure et perméable du sol, puis par leur égouttement lent sur la couche inférieure imperméable, vers le thalweg de cette dernière couche au fond duquel elles prennent leur écoulement souterrain. Quand une source existe, il faut ainsi que, dans son bassin d'alimentation, la couche supérieure du sol ait la faculté d'absorber l'eau et de la conserver pour ne la débiter que peu à peu. Or, les forêts développent à un haut degré ces deux propriétés dans leur sol végétal. Par leurs racines, elles maintiennent la terre végétale et perméable sur le flanc des coteaux, et y creusent des canaux que la pourriture ultérieure de ces racines rend libres pour l'infiltration. Par leurs détritus, elles donnent au sol le terreau, matière émi

nemment hygroscopique. Par leurs dômes de verdure et leur couverture de feuilles mortes, elles défendent la terre contre le soleil et le vent, et ainsi anéantissent presque entièrement les pertes que les eaux versées de l'atmosphère subissent par l'évaporation qui pourrait en enlever les trois quarts. Seulement, les arbres provoquent l'évaporation du peu d'eau qui reste attaché à leur feuillage après la pluie, ainsi que de l'eau exhalée par leurs stomates et qui ne peut guère être estimée à plus du cinquantième des eaux pluviales; toutes quantités bien petites comparativement à celles enlevées par l'évaporation sur les terrains sans abri. En outre, la fraîcheur des forêts amène parfois sur elles les pluies d'été qui apportent aux sources un contingent précieux. Il en résulte que le déboisement doit appauvrir ou tarir les sources, en diminuant la perméabilité et l'hygroscopicité de la couche supérieure du sol à moins que cette couche ne devienne bien cultivée, bien ameublie et bien fumée; en la laissant parfois s'ébouler des coteaux très-rapides; et,

en la livrant, au moins une partie de l'année, à l'action desséchante du soleil et du vent, sans y attirer la pluie.

Non content de diminuer les sources, le déboisement en altère même la qualité. En effet, les sources qui se forment et passent sous les forêts sont toujours limpides, parce que, leurs conduits étant constamment les mêmes et lavés depuis longtemps, elles ne se chargent d'aucune impureté; tandis que celles provenant de terrains cultivés se troublent chaque fois qu'il pleut abondamment, la pluie y pétrissant le sol et formant de la boue. C'est ainsi que, par le déboisement, les sources toujours limpides sont transformées en sources troubles à chaque orage.

Après avoir exposé comment l'existence des sources se rattache à celle des forêts, nous allons examiner la manière de reconnaître qu'une forêt se trouve totalement ou partiellement dans le bassin alimentant une source, et l'opportunité de conserver le massif boisé qui entretiendrait une source d'une utilité manifeste.

L'eau de pluie ou de neige qui forme des sources pénètre les couches perméables de la terre, et s'écoule ensuite sur les couches imperméables vers le fond de leurs vallons, absolument comme l'eau coulant sur la surface du sol. Le faîte des couches per

méables, ou, autrement dit, de la surface du sol, indique et suit le plus souvent le faîte des couches imperméables, à partir duquel descendent les versants imperméables qui amènent l'eau jusqu'au fond de leurs vallons. Le thalweg des couches imperméables suit aussi ordinairement celui des couches superficielles; et, par suite, c'est presque toujours du fond des vallées, vallons, gorges ou plis de terrain que les sources jaillissent. Le bassin qui alimente une source est alors facile à délimiter, puisqu'il est composé des versants dont les eaux supposées couler superficiellement pourraient descendre jusqu'à la source. Il est ainsi borné par les lignes de faîte qui terminent les versants, et par deux lignes de plus grande pente qui, aboutissant à la source, indiquent les portions de versant amenant à celle-ci leurs eaux.

Quand une forêt se trouve dans le bassin d'une source, il faut, avant de permettre ou de prohiber le défrichement de cette forêt, étudier les versants du bassin, leur inclinaison, ainsi que la profondeur, l'hygroscopicité et le degré de perméabilité de leur sol perméable. Sur les versants très-inclinés, l'égouttement et l'écoulement de l'eau contenue dans la cou

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