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M. le maréchal. Vous deviez le connaître mieux que moi.

Me. Berryer au témoin. Avez-vous remarqué dans les discours et les dispositions du maréchal, la fidélité pour le Roi?

Le témoin. Oui, jusqu'au 13 le maréchal fut fidèle. Il paraît que les lettres venues dans la nuit le firent changer.

« Le 13 même, il fit venir tous les officiers, et leur tint les discours les plus favorables à la cause du Roi, »

Me. Berryera invitéle témoin à s'expliquer sur l'esprit des troupes dans les provinces.

Le témoin. Je pense que les officiers supérieurs des corps, et les officiers employés dans l'armée et qui avaient reçu des faveurs du Roi, étaient dévoués à sa cause. Quant aux officiers en demi-solde, il est aisé de concevoir la cause de leur exaspération.

A Besançon, les cris séditieux n'avaient pas été très-forts. Ils avaient été réprimés d'abord, et punis.

Onzième témoin, M. le baron Clouet, colonel, etc., chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion d'honneur, a dit :

<< Depuis huit ans j'étais le premier aide-decamp de M. le maréchal.

» A l'époque du débarquement de Bonaparte,

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le maréchal était dans sa terre des Coudreaux, et j'étais à Tours, dans ma famille.

» Le 9 mars, je reçus l'avis que M. le maréchal venait de passer à Paris pour se rendre à son gouvernement de Besançon. Je partis le 10, et; en

passant par Paris le 12, j'y trouvai l'ordre de le rejoindre; je partis le même jour. Je fis un détour pour ne point entrer à Dijon, qui avait arboré le drapeau tricolore. Je suis arrivé à Dôle le 13, entre cinq et six heures du soir; j'y trouvai les troupes françaises portant la cocarde tricolore. J'appris que M. le maréchal était dans la ville, je me rendis chez lui; et c'est alors seulement que j'eus connaissance des événemens du 14. Je dînai à la table du maréchal, et deux heures après j'entrai dans son cabinet pour le prier de me permettre de retourner dans ma famille; ce qui me fut accordé d'autant plus facilement, que j'étais malade. Je ne me souviens pas des propos qui furent tenus à table; mais j'ai l'idée qu'ils étaient indifférens. J'ai écrit au maréchal; cette lettre n'a coûté beaucoup à cause du respect et de la reconnaissance que je lui dois. Je rejoignis M. de Bourmont à Lons-le-Saulnier dans la nuit, il était au lit, très-affligé : nous nous entendimes sur-le-champ ; il m'engagea à parti pour Paris an moment où j'allais lui en parler.

J'avais un faux passe-port que j'avais scellé du cachet du maréchal. Nous fùmes long-temps en route, et nous n'arrivâmes à Paris que le 18 ou le 19. Ce n'est que dans la voiture que j'ai appris les détails de ce qui s'était passé à Lons-leSaulnier. >>

Interrogé s'il n'a pas fait un voyage avec le maréchal, le témoin a répondu qu'il avait été avec lui au-devant de MONSIEUR, et qu'à propos du procès de Louis XVI, le maréchal avait exprimé son attachement pour la famille royale, et son indignation franche et vive contre les auteurs de la mort de ce prince.

Interrogé depuis combien de temps il connaissait le maréchal, il a répondu : Il y a sept à huit ans; je le connais susceptible de recevoir des impressions subites et vives, et je pense que ·la seule manière d'expliquer....'

c'est

Douzième témoin, M. le maréchal duc de Reggio.

Il n'a été appelé que pour constater l'identité de deux lettres qui lui ont été adressées par le maréchal Ney, et qu'il a remises à son épouse. Le maréchal les a reconnues; on en a donné lecture. Elles contiennent des détails de service, et des mesures à prendre pour s'opposer à Bonaparte.

Ces pièces sont annexées au procès.

On a donné aussi lecture de trois dépêches adressées par le maréchal Ney au duc d'Albuféra. Elles ne sont relatives qu'au service. On en a ordonné également l'annexe.

Séance du 5 décembre.

Treizième témoin, M. Magin; il a déposé : « Le 20 mars, j'ai reçu de M. Delaboulaye, inspecteur de la navigation à Montereau, une lettre dans laquelle il m'annonçait que le maréchal Ney était à Montereau, chez Labbé, aubergiste. Le maréchal a dit que le retour de Napoléon avait été arrêté au congrès de Vienne, que tout était arrangé par les soins de Talleyrand, qui ramenait l'archiduchesse Marie-Louise et son fils. >>

Quatorzième témoin, M. Pantin, ancien avoué près le tribunal de première instance de Paris; il a déposé :

« Vers le 15 ou le 20 juillet dernier, j'ai été arrêté dans une promenade publique par M. Magin, qui, en me parlant des grands événemens qui venaient de se passer, me demanda quelle était mon opinion, de la fuite de l'individu nommé Bonaparte et du retour de Sa Majesté; il ajouta que ces événemens n'avaient rien de surprenant. » (Ici le témoin a déposé les mêmes faits que nous ve

nons de rapporter dans la déposition de M. Magin.)

Quinzième témoin, M. Perrache, avocat près le tribunal de première instance de Paris. Il a rapporté, d'après M. Pantin, , le propos tenu par

M. Magin.

Seizième témoin, M. Félix. Il a dit :

« J'ai vu le maréchal, à Lille, haranguer les soldats en faveur de Napoléon. Il a demandé aux colonels s'il y avait parmi eux des intrus; il leur a dit que, s'il y en avait, il fallait les chasser. Il paraît qu'il y a eu des distributions d'eau-de-vie aux soldats ; à la suite, deux jeunes gens qui avaient crié vive le Roi! ont été massacrés. Ces faits se sont passés le 27 ou le 28 mars. »

Un pair. Précisez l'époque.

Le témoin. C'est le jour de l'arrivée du maréchal.

Le maréchal. C'est le 24 ou le 25.

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Le témoin. Vous logiez sur la grande place. Dix-septième témoin, M. Debeausire. Il a déposé :

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D'après l'acte d'accusation, j'espérais avoir passé un marché pour la fourniture des remontes de deux régimens à Lille. Je suis censé avoir refusé de faire ces fournitures après le départ du Roi, et le maréchal m'aurait dit qu'en traitant

TOME II

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