Page images
PDF
EPUB

دو

éloignement: nous devons attendre » de notre travail de plus grands » éclairciffemens.» Tous les myftéres de la nature ne font pas impénétrables: il ne faut que l'obferver avec foin pour découvrir une infinité de merveilles qu'elle expofe à notre curiofité, ou pour abandonner les fauffes idées que nous avions de fes opé rations. La fource de la plupart de nos doutes fe trouve moins fouvent dans les difficultés de connoître la vérité, que dans la négligence des moyens capables de détruire nos erreurs. La lecture des bons Auteurs & nos obfervations particuliéres, nous fourniffent des faits que nous devons raffembler, comparer, féparer ou réunir fuivant les diverfes circonftances qu'ils préfentent: fans ce travail, qui demande d'être dirigé par le difcernement, on ne peut faire un pas fûr dans les routes périlleufes

[ocr errors]
[ocr errors]

que nous avons à parcourir. La putréfaction n'a été regardée comme un figne infaillible de la mort, que faute des recherches par lesquelles il étoit fi facile de diffiper nos doutes fur un objet fi fenfible. De même en confultant les notions expérimentales reçues & adoptées par toutes les Nations de la terre, on auroit vu les conféquences fâcheufes qui pouvoient réfulter de cette opinion. La putréfaction des morts eft capable d'empoisonner les vivans. Cette remarque eft de M. l'Abbé Desfontaines: Ses craintes à ce sujet font faciles à juftifier; & de plus, je pense qu'on peut mettre en queftion fi la putréfaction eft un figne infaillible de la mort? Un peu de réflexion & d'expérience auroit fait voir que l'affirmative, vague & indéterminée, zelle enfin que M. Bruhier l'annonce n'eft pas fuffifamment prouvée

[ocr errors]

On ne peut pas dire généralement que la putréfaction foit un figne tellement certain, qu'il ne puiffe induire en erreur, & expofer des perfonnes à être enterrées fous les fimples apparences de la mort. Si l'on fe contente d'un commencement de putréfaction, les taches livides de la peau & la mauvaise odeur du fujet détermineront le jugement. Mais les taches livides ne font point des marques certaines de pourriture; & l'on fçait, qu'en maladie furtout, le corps. peut exhaler une odeur très-fætide: combien de gens font infupportables en fanté par l'odeur qui infecte leur atmosphére particuliére ? La putréfaction parfaite, à laquelle perfonne ne fe peut méprendre, ne met pas infailliblement à l'abri du danger affreux de donner la fépulture aux vivans. Ne voyons-nous pas tous les jours des perfomnes furvivre à la perte de leurs

membres dont la pourriture s'étoir emparé ? La pourriture ne peut-elle pas attaquer de même un fujet dans l'état équivoque que M. Bruhier fuppofe; c'est-à-dire, dans la fituation où il pense, que fans avoir perdu la vie, elle ne fe manifefte néanmoins par aucune marque extérieure ? Ainsi dire

vaguement qu'il faut attendre la putréfaction, c'est donner un précepte fort dangereux, pour les fujets mêmes en qui la putréfaction fe manifeftera.

M. Bruhier, pour donner la putréfaction comme un figne infaillible de la mort, auroit dû diftinguer la pourriture qui attaque un corps vivant, de celle qui s'empare d'un mort: car chacune a des caractéres distinctifs qui lui font propres. Jamais la gangréne féche n'a eu lieu fur un corps mort; parce qu'il n'y a dans un mort ni la chaleur ni

l'action des vaiffeaux par laquelle les fucs fe durciffent & deviennent avec les folides une maffe homogéne qui forme la croûte folide que nous appellons Efcarre. La putréfaction qui attaque les morts est toujours une gangréne humide, c'eft une efpéce de diffolution. Mais cette gan gréne eft bien différente de celle qui attaque les parties d'un corps vivant. Dans ce cas-ci, on voit une tuméfaction, une tenfion & une rougeur inflammatoire qui fépare le mort du vif. La furpeau fe détache de la peau, & produit des véficules remplies de férofité. Dans les morts au contraire, il n'y a ni tenfion ni rougeur; l'épiderme fe ride, la peau eft d'abord pâle, elle devient d'une couleur blan che, grifâtre; elle prend après des nuances plus foncées ; elle devient d'un bleu qui tire fur le verd, & enfuite d'un bleu noirâtre qu'on apper

« PreviousContinue »