François, roi d'Italie, accorde à S. A. R. le prince des Asturies une rente de six cent mille francs également sur le trésor de France, pour en jouir sa vie durante. La moitié de ladite rente sera réversible sur la tête de la princesse son épouse, si elle lui survit. Art. 7. S. M. l'empereur des François, roi d'Italie, accorde et garantit aux infans don Antoine, oncle de S. A. R. le prince des Asturies, don Charles et don Francisque, e, frères dudit prince: 1.o Le titre d'altesse royale, avec tous les honneurs et prérogatives dont jouissent les princes de son sang; les descendans de LL. AA. RR. conserveront le titre de prince, celui d'altesse sérénissime, et auront toujours le même rang en France que les princes dignitaires de l'empire; 2.° La jouissance du revenu de toutes leurs commanderies en Espagne, leur vie durante; 3.° Une rente apanagère de quatre cent mille francs pour en jouir eux et leurs héritiers à perpétuité; entendant S. M. I. que les infans don Antoine, don Charles et don Francisque, venant à mourir sans laisser d'héritiers, ou leur postérité venant à s'éteindre, lesdites rentes apanagères appartiendront à S. A. R. le prince des Asturies, ou à ses descendans et héritiers; le tout aux conditions que LL. AA. RR. don Charles, don Antoine et don Francisque adhèrent au présent traité. Art. 8. Le présent traité sera ratifié, et les ratifications en seront échangées dans huit jours, ou plus tôt si faire se peut. En supposant que des princes puissent ainsi disposer de leurs couronnes en faveur d'étrangers, sans consulter la nation de laquelle ils les tiennent, et qui rentre nécessairement dans ses droits primitifs, si elle est abandonnée par la dynastie qu'elle a choisie, il manquoit néanmoins à la renonciation de Charles IV et des autres princes qui avoient signé les actes de Bayonne, le consentement de deux membres de la maison d'Espagne, auxquels ces actes nepouvoient porter aucun préjudice. L'un étoit FerdinandIV, roi des Deux-Siciles, frère de Charles IV; et ce monarque réserva ses droits par une protestation du 9 juillet 1808; l'autre étoit don Pedro, fils de Gabriel, frère puîné de Charles IV et de Ferdinand IV. Ce jeune prince s'étoit trouvé à Lisbonne, lorsque la cour de Portugal s'embarqua pour Rio-Janeiro; il l'y accompagna, et échappa ainsi à la prison qui fut le sort réservé aux autres membres de sa famille 1. Peu après la signature du traité de Bayonne, Charles IV, la reine son épouse, la reine d'Étrurie leur fille, et ce prince de la Paix, l'auteur de cette triste catastrophe, furent conduits à Compiègne; mais, comme le vieux roi trouva le climat du nord de la France trop froid, on lui permit de se rendre à Marseille, où on le laissa souvent manquer du nécessaire. Ses fils, 1 L'infant don Pédro, marié à la fille aînée du prince régent, aujourd'hui roi de Portugal, est mort au Brésil le 4 juin 1812, laissant un fils. D'ESPAGNE. 171 au lieu du château de Navarre dont Buonaparte disposa autrement, obtinrent pour prison le château de Valençay, appartenant à M. de Talleyrand-Périgord. Buonaparte disposa ainsi de la propriété de ce ministre, pour le punir, dit-on, de s'être opposé à ses projets sur l'Espagne. parte est nommé Murat, que Charles IV, peu de jours avant Joseph Buonason abdication, avoit nommé son lieutenant- roi d'Espagne. général, gouvernoit le royaume. Le 13 mai, il prévint le conseil royal que, tous les droits à la couronne d'Espagne ayant été cédés à Buonaparte et devant passer à un de ses frères, Buonaparte désiroit que le conseil fit connoître celui à qui il donnoit la préférence; bien entendu que, par cette désignation, le conseil ne seroit pas censé approuver ou désapprouver les précédens traités, et sans préjudice des droits de Charles IV et de ses fils. Le conseil répondit, le même jour, qu'il lui paroissoit convenable que le choix tombât sur le frère aîné de Buonaparte. Le conseil fut obligé d'envoyer cette déclaration à Bayonne par deux de ses membres. Une proclamation de Buonaparte du 25 mai appela à Bayonne une junte, composée de 1 50 Espagnols notables, pour donner à l'usurpation un air de légitimité. Elle s'assembla le 15 juin; mais, dès le 6, Buonaparte avoit nommé roi d'Espagne son frère Joseph, qu'il avoit fait revenir de Naples. On proposa à la junte une constitution, qu'elle accepta le 7 juillet, et le sur-lendemain le nouveau roi Acte de BayonDe du 15 juillet 1308. P'Espagne. partit pour occuper un trône que des torrens Par un autre acte, signé à Bayonne, le de France fut attachée à la couronne de Naples. Insurrection de Si Buonaparte se flattoit que les Espagnols accepteroient un roi de sa main, son erreur fut promptement dissipée. Ce peuple, fier et valeureux, montra à l'Europe comment on secoue le joug de l'oppression! Une insurrection qui éclata le 2 mai à Madrid', et que Murat étouffa dans le sang, fut le pré 'MM. AZANZA et O-FARRIL ont fait voir jusqu'à l'évidence, par leur mémoire, que l'insurrection du 2 mai 1 lude de plus grands événemens. Le 5 mai, Ferdinand avoit signé deux décrets, l'un adressé à la junte de gouvernement qu'il avoit établie à Madrid avant son départ, et l'autre au conseil royal, et, à son défaut, à quelque chancellerie que ce fût. Le premier autorisoit la junte à se transférer elle-même, ou en substituant ses pouvoirs à une ou plusieurs personnes, dans tel lieu qu'elle jugeroit convenable, et à exercer, en son nom et à sa place, la souveraineté; lui enjoignant de commencer les hostilités au moment même où elle apprendroit que le roi seroit conduit dans l'intérieur de la France, се qu'on n'obtiendroit de lui que par violence, et de s'opposer, dans ce cas, par tous les moyens que l'on jugeroit convenables, à l'entrée de nouvelles troupes françoises sur le territoire de la péninsule. Le second décret portoit l'ordre de convoquer les cortès dans l'endroit qui paroîtroit le plus propre à leur prompte réunion, pour qu'ils eussent à s'occuper uniquement et sans délai de rassembler les forces nécessaires pour la défense du royaume. Ces deux décrets qu'il avoit fallu confier à un messager à pied, n'arrivèrent à Madrid que Iorsque la junte avoit reçu le décret du 6, qui ne fut pas le résultat d'un complot prémédité, mais qu'elle fut causée par les apprêts que faisoit Murat pour enlever l'infant don François de Paule, le plus jeune des fils de Charles IV. |