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70; chemises, grandes, 73; chemises, petites (moins de 15 ans), 144; robes, grandes et petites, 113; draps de lit, 54; pantalons, 57; blouses, grandes et petites, 85; habits ou redingotes restaurés, 18; couvertures de lit, 26; jupons et camisoles, ensemble 52; paires de bas, 73; gilets de finette, 15; objets divers, environ 200. Ces secours ont été donnés, savoir à 140 hommes, 243 femmes, 271 enfants au-dessous de 15 ans.

Un registre des sécours distribués est tenu régulièrement, avec le nom des indigents qui les ont reçus et la date de la remise. MM. les curés, les administrateurs du bureau de bienfaisance, les donateurs peuvent, aussi bien que les dames associées, prendre communication de ce registre. L'association a pris saint Vincent de Paul pour patron; elle a beaucoup contribué à l'édification et à Tornement d'une chapeile latérale consacrée à ce saint dans l'église Notre-Dame. Chaque année, le 19 juillet, toutes les dames de l'association sont tenues d'assister à la messe qui est célébrée à cet autel. Il est peu d'œuvres qui, avec des ressources et des allures plus modestes, fassent autant de bien que l'ouvroir des dames de Bar. Les domes de charité adjointes au bureau de bienfaisanee en font toutes partie.

Il y a une trentaine d'années, M. l'abbé Barry, aujourd'hui curé de la paroisse Notre-Dame, était simple vicaire à la paroisse Saint-Etienne de la ville haute. M. Rollet, son curé, avait l'habitude de distribuer tous les vendredis, en allant dire sa messe, une aumône à chacun des pauvres qui se trouvaient sur son chemin. Bientôt M. le curé eut à passer entre deux rangs d'une haie qui s'épaississait de jour en jour : les aumônes ne s'arrêtaient pas; mais bien peu de pauvres qui venaient ainsi de recueillir un bienfait, entraient ensuite à l'église pour entendre la messe. Le digne M. Rollet en exprima un jour le regret à son vicaire. Si M. le curé veut bien me confier ses aumônes et me laisser agir, répondit M. Barry, je crois pouvoir lui faire espérer que ses regrets cesseront.-Faites done, et que Dieu vous faverise! Le vendredi suivant, M. le vicaire accompagnait son curé àl'église.-Mes amis, dit-il aux pauvres rangés sur leur passage, M. le curé a eu la bonté de me confier le soin de distribuer ses aumônes; allons tous entendre la messe, ensuite je vous ferai la distribution. A la messe, M. Barry ajouta bientôt les prières du matin, puis une courte allocution; mais en même temps, car Dieu avait béni l'œuvre, les aumônes s'accroissaient, ainsi que le nombre des personnes qai prenaient l'heureux vicaire pour dispensateur de leurs charités : une quaranLaine de pauvres de la paroisse prenaient jort à ces distributions. Devenu curé de Notre-Dame, M. Barry continua son œuvre ; la compléta. Avec l'autorisation de Mgr l'évêque, la messe du vendredi, transférée an dimanche, devint messe paroissiale. Plus de 200 pauvres des trois paroisses de la ville y assistent. Un grand nombre de famil

les chrétiennes, qui avaient l'habitude de donner à leur porte, soit tous les dimanches, soit chaque premier dimanche du mois, ont remis leurs aumônes et la liste de leurs pauvres à M. le curé. Voici comment les aumônes se distribuent.

Tous les pauvres présents à la messe reçoivent, sur le fonds général des aumônes, chacun 10 centimes par dimanche. Une trentaine reçoivent en outre, de sources particulières, tous les dimanches, de 15 à 40 cent. Enfin, le premier dimanche du mois, 97 pauvres environ reçoivent jusqu'à 1 fr. 50 cent. M. le curé évalue à 2,000 fr. les aumônes distribuées chaque année; il donne sans compter, dit-il; jamais le fonds n'est épuisé; Dieu y pourvoit!

:

Cette œuvre a obtenu des résultats satisfaisants et que chacun a pu apprécier on rencontre dans les rues, les dimanches, bien moins de mendiants qu'autrefois; les portes des églises, à la sortie des offices, en sont moins encombrées. Mais il y a d'autres résultats, tout spirituels, dont M. le curé est plus flatté encore, à juste titre. Beaucoup de ces pauvres, qui n'étaient venus dès l'abord que pour les deux sous de la messe, ont fini par tirer le meilleur profit de cette habitude de la prière commune et des instructions toutes paternelles du digne curé. Des habitudes plus morales, des sentiments et une pratique plus dignes de bons Chrétiens ont fréquemment remplacé de mauvaises mœurs et une désolante indifférence.

Commercy. Il existe à Commercy un ouvroir de dames bienfaisantes, créé sous la direction de M. le curé de la ville. Son but est, comme celui de l'ouvroir de Bar, de travailler en commun à confectionner des vêtements pour les distribuer ensuite aux pauvres. Les ressources de cet ouvroir se bornent aux souscriptions volontaires des dames associées, qui sont au nombre de 60 environ; quelquefois le produit d'une loterie vient ajouter à ces ressources. Les cotisations sont fixées par le règlement à 3 fr.; mais la plupart des associées donnent davantage, 5, 10 et même 20 fr. Les recettes s'élèvent d'ordinaire de 4 à 500 fr.; rarement, et quand la loterie est très-productive, elles atteignent 1,000 fr. Les dames associées s'estiment alors fort heureuses, car elles peuvent ajouter quelques aliments aux secours habituels; ce qui augmente considérablement leur influence morale sur les familles indigentes, qu'elles se font un devoir d'aller visiter et consoler elles-mêmes. C'est en 1844 que l'ouvroir des dames de Commercy a pris naissance; il est venu fort à propos suppléer le bureau de bienfaisance, qui, en raison de la modicité de ses ressources, était loin de pouvoir soulager avec quelque efficacité la population indigente de la ville.

Etain. Une association libre formée à Etain d'abord pour soulager les pauvres et en diminuer le nombre, voyant ses efforts couronnés de succès, ne tarda pas à comprendre que, pour donner de la durée à

ces succès, il fallait, à tout prix, empêcher d'autres pauvres de surgir à la place de ceux qu'elle faisait disparaître; en d'autres termes, qu'il fallait travailler avec la même constance à donner aux enfants une saine instruction et une bonne éducation, à leur inspirer l'amour de l'ordre et du travail. L'association s'est mise à l'œuvre; un oùvroir, depuis plusieurs années organisé pour les jeunes filles par les soins du bureau de bienfaisance, fut réglementé de nouveau; la présence des jeunes apprenties y fut encouragée; l'exactitude de l'envoi des enfants des deux sexès aux écoles et à la salle d'asile fut exigée des parents pour avoir droit aux secours; une sorte de patronage fut exercé sur les jeunes garçons sortis des écoles et placés en apprentissage. Tant de soins, d'efforts, de sacrifices, tant de courage à remplir une tâche, noble et digne sans doute, mais souvent ingrate aussi, laborieuse toujours et incessante, devaient obtenir de consolants résultats. La mendicité a disparu; la santé des indigents s'est améliorée; les habitudes d'ordre, de propreté, de travail sont en progrès; près de 300 enants des deux sexes fréquentent, à titre gratuit, les écoles, l'ouvroir, la salle d'asile; un très-petit nombre s'absentent sans excuse légitime. En résumé, les familles nécessiteuses, depuis le chef jusqu'au dernier des enfants, sentent qu'une main bienfaisante et protectrice est constamment tendue pour les soutenir, les encourager, les relever au besoin.

Montmédy. Depuis que la mendicité est interdite à Montmédy, on voit beaucoup de personnes s'empresser de porter secours aux malheureux. En décembre 1849, une quête à domicile a été faite par les soins de deux habitants des plus notables. Cette quête a produit d'heureux résultats. Les dames, voulant aussi procurer des secours aux pauvres, se sont réunies à l'hôtel de ville à l'effet de nommer une présidente, une viceprésidente et une trésorière pour distribuer les aumônes aux pauvres les plus nécessiteux. Elles se sont imposé en outre l'obligation d'aller, tous les jeudis, travailler à l'hôtel de ville les fruits de ce travail devront servir à acheter des vêtements aux malheureux.

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Saint-Mihiel. A a suite d'une loterie tirée au profit des pauvres le 3 mars 1842, les dames de Saint-Mihiel ayant pu juger combien les œuvres de bienfaisance devenaient plus profitables et plus faciles au moyen de la centralisation des secours et des renseignements que chacun peut apporter à la masse, afin que ces secours soient placés le mieux possible, ont conçu le projet d'une association formée entre elles, sous le titre d'ouvroir de bienfaisance, pour la confection des vêtements et autres objets destinés à la classe indigente. Ce projet a été approuvé par M. le préfet de la Meuse le 6 septembre 1843, et l'ouvroir a été détinitivement installé le 2 décembre. L'ouvroir des dames de Saint-Mihiel fonctionne, à peu

de chose près, comme celui de Bar-le-Duc. Il y a cette différence, que l'ouvroir de Bar est une œuvre tout à fait indépendante du bureau de bienfaisance, du moins jusqu'à ces derniers temps: celui de Saint-Mihiel est une annexe du bureau. De ces rapports, resserrés encore par un règlement dont le docteur Erard a présenté le projet, il résulte une meilleure et plus économique répartition des secours, un plus réel et plus efficace soulagement pour les malheureux. Environ 60 personnes font partie de l'ouvroir à titre d'associées, sous la direction des 12 dames de charité adjointes au bureau de bienfaisance. Les secours se composent d'une cotisation de 5 fr., payée par chaque dame associée, et des dons et aumônes qu'elles recueillent de la charité privée. Le bureau de bienfaisance a admis comme règle générale de n'accorder ses secours aux familles indigentes qu'après un séjour de 5 années. L'ouvroir secourt non-seulement les pauvres inscrits sur les listes du bureau, mais encore tous les indigents que les dames jugent en avoir besoin.

Voici la nature des secours accordés cetle année (1850): Secours en argent pour aider à payer les loyers, 547 fr; secours en argent aux malades, 162 fr.; secours en aliments, comme supplément aux bons du bureau, 182 fr. 50 c.; secours de combustibles, 29 fr.; sccours de sucre, pour sirops, etc., 67 fr. 75 c. Total de la dépense en numéraire, 985 fr. 25 c. Secours en objets de linge et d'habillement : chemises, grandes et petites, 64; blouses, 62; robes, 36; jupons, 19; camisoles, 16; layettes, 12. Il y a au moins 400 pauvres qui prennent part aux bienfaits de cette association:

Verdun. Au siége de l'évêché, il parastra naturel que la charité ait toujours été florissante. Les établissements publics y sont plus richement dotés, et, eu égard à la population de la ville, ils suffisent aux besoins de l'assistance. Ç'a donc été à prévenir la misère qu'ont dû se diriger les efforts de la charité privée et des œuvres libres de bienfaisance. Ces dernières sont au nombre de trois: la société maternelle, l'association pour la mise en apprentissage des jeunes filles pauvres, le refuge des orphelines. La société maternelle de Verdun a été fondée, en 1835, par Mmes Cantrez et Catoire le gouvernement l'a autorisée en 1848. Elle distribue aux femmes en couche jugées dignes d'être secourues : une layette complète, avec une petite couverture piquée, en hiver, et quelquefois le berceau; une bonne chemise pour la mère; 500 grammnes de sucre; des fascines, 4 en été, 6 en hiver. La société a secouru, en 1849, près de 90 femmes. Ses ressources sont cependant trèsrestreintes. Elle compte 90 souscripteurs qui payent une cotisation volontaire, depuis 3 jusqu'à 10 francs. A dater de 1848, elle reçoit un secours de l'Etat. Les souscripteurs ont produit, en 1849, 450 fr.; le gouvernement a alloué 350 fr.; total des recettes, 800 fr. C'est donc grâce à une bonne gestion

economique, et parce que les dames associées confectionnent elles-mêmes les layettes, que la société maternelle de Verdun peut admettre tant d'heurenses mères à ses secours. L'association pour la mise en apprentissage des jeunes tilles pauvres a été fondée en 1843 par Mmes Hatry et Deshor

ues.

Elle a pour objet de compléter, à l'égard des jeunes filles pauvres, l'éducation professionnelle et morale qui n'a pu être qu'ébauchée à l'école, et de les soustraire aux dangers de toute nature auxquels les exposent Toisiveté, la misère et la fatale incurie des parents. Les jeunes apprenties sont choisies de préférence parmi celles que leur parents négligent et envoient mendier, et dans les familles les plus nombreuses et les plus pauvres. Elles sont placées, en ville, chez des maîtresses-ouvrières d'une réputation irréprochable et capables d'en faire de bonnes. ouvrières. Les seules professions qu'on leur donne sont celles de repasseuses, ouvrières eu linge et tailleuses de robes. L'apprentissage dure 2 ou 3 ans il est alloué, par chaque élève, soit pour frais d'apprentissage, soit pour son entretien,une somme de 60 fr. L'œuvre a pour président le curé de la cathédrale; elle comprend un nombre variable de souscripteurs. Douze dames patronesses, choisies dans les différentes paroisses, surveillent les jeunes apprenties, soit chez leurs maîtresses, soit dans leurs familles. Elles viennent encore en aide aux plus méritantes, après l'apprentissage, en faisant leur possible pour leur trouver de l'occupation. L'une des dames patronnesses remplit les fonctions de secrétaire et de trésorière. Il n'y a d'ordinaire que trois réunions générales par année; elles ont pour objet de déterminer le nombre de jeunes filles à placer en raison des ressources réalisées, d'arrêter le choix des apprenties et des maitresses, de rendre des comptes. La moyenne des ressources est de 1,200 à 1,300 fr., produit d'une collecte annuelle et d'un secours de l'Etat. Il y a, année commune, 24 jeunes filles placées en apprentissage. A la suite du choléra de 1849, la supérieure des sœurs du bureau de bienfaisance de Verdun a recueilli, dans les pièces inoceupées de la maison qu'elles habitent, avec l'autorisation de la commission administrative, tout ce qu'elle a pu de jeunes orphelines. Pour éviter les difficultés, elle a pris l'entretien à sa charge, et a payé au bureau de bienfaisance leur pension annuelle sur le pied de 90 fr. par élève: en comprenant dans ce chiffre le produit du travail, évalué à 15 franes. Quelques personnes généreuses ont voulu contribuer par leurs dons à une aussi bonne œuvre, et ont pris l'engagement de payer à la supérieure, à un taux plus ou moins élevé la pension de quelques orphelines; à l'aide de ces pensions, un plus grand nombre d'indigentes ont pu être recueillies. Le pensionnat contient aujourd'hui 50 orphelines: le gouvernement lui a donné récemment l'existence légale, sans

rien changer à son organisation première. Cette sanction sans réserve était bien due à une œuvre qui produit tant de bien et à si peu de frais. Ainsi qu'on a pu le remarquer, ce sont les dames qui donnent partout dans la Meuse, l'exemple du dévouement, qui entreprennent, à peu près exclusivement, la mission glorieuse et pénible de soulager les misères

Ces détails, extraits des Annales de la charité, sont dus à M. Florentin, receveur des établissements de bienfaisance à Barle-Duc.

Somme Il existe à Amiens une Conférence de Saint-Vincent de Paul, une Société› des malades à domicile, une société maternelle. Une autre société, dite des demoiselles amies de l'enfance, confectionne des vêtements pour les enfants des salles d'asile. Les sœurs de Saint-Vincent de Paul, en même temps qu'elles desservent le bureau de bienfaisance d'Amiens, ont fondé dans cette ville un ouvroir où les jeunes filles travaillent la semaine et se rassemblent pour aller assister au service religieux, sous la conduite des sœurs. Lorsqu'elles ont besoin de vêtements, elles les confectionnent ellesmêmes avec l'étoffe qu'on leur fournit, et on va jusqu'à leur en payer la façon. La concurrence de la charité publique et de la charité privée produit de doubles emplois, qu'il serait bien important de prévenir. Certains indigents reçoivent à la fois du bureau de bienfaisance, des paroisses, du temple protestant et des sociétés privées. La fainéantise, valide en tout ou partie, parvient quelquefois ainsi à ne manquer de rien, à recevoir même avec excès sans travail aucun, La charité privée, dans le département de la Somme, se fait surtout l'auxiliaire des bureaux de bienfaisance, avec lesquels les hospices concourent pour l'assistance à domicile.

Calvados. A Caen, une Association des dames de bienfaisance, dont les ressources ne sont pas bien connues, donne des secours. à domicile concurremment avec le bureau, de bienfaisance. Il y existe une Conférence de Saint-Vincent de Paul. La charité des paroisses se meut dans une sphère à part, et on ignore absolument de quelles sommes elle dispose. L'association des dames de Saint-Vincent, se rattache à un projet général d'extinction de la mendicité dans la ville et sa banlieue, conçu par M. le maire de Caen, et ce magistrat municipal (M. Bertrand, doyen de la faculté des lettres), aspire. à relier les secours de diverses origines, à concentrer toutes les forces charitables de la cité pour arriver à l'extinction de la mendicité par l'apaisement des besoins moraux et matériels les plus impérieux. Il cherche à fonder pour les jeunes garçons qu'on trouve mendiant dans les rues, ce que réalise déjà pour les jeunes filles l'association des dames de Saint-Vincent.

Cette dernière association, toute laïque,. ne compte encore que cinq ans d'existence, et réunit déjà 160 membres. Elle a fondé

trois ouvroirs, et patronne 500 enfants. Celui des ouvroirs que nous avons visité reçoit 20 pensionnaires et 40 externes. Les élèves y sont entassés, chose triste à dire, dans une maison et un quartier sans air. Le poids de l'œuvre porte tont entier sur un petit nombre de dames fondatrices, et les ressources sont loin de répondre aux besoins. Son but est de soustraire les jeunes filles au désordre, à la paresse, an vagabondage, ainsi qu'aux mauvais exemples de la famille. Les patronnées appartiennent aux classes les plus dénuées de la ville; on trouve parmi elles de petites mendiantes, de malheureuses enfants repoussées des écoles, d'autres qui ne peuvent se procurer d'ouvrage, d'autres dont des pères et mères manquent de pain pour les nourrir. On admet des orphelines qui, élevées dans des maisons religieuses, en sortent sans appui et sans expérience. L'oeuvre va plus loin: elle recueille les servantes sans emploi, dont le libertinage chercherait à exploiter le dénûment.

L'association donne l'enseignement professionnel aux unes dans ses trois ouvroirs, en place d'autres dans des maisons d'éducation, d'autres en apprentissage, d'autres dans des maisons particulières, où elles peuvent gagner leur vie, mais où l'association ne les abandonne pas.

A Vire, une société de dames dite de Saint-Vincent de Paul dispose d'environ 5,000 francs. Elle compte 40 membres. La société vient de s'y établir (1831). Des sœurs de la Miséricorde forment une autre société dont la destination est de visiter les malades. Les ressources de la charité privée sont si multipliées qu'on en porte le chiffre à 25,000 francs, et on n'évalue pas celui de la charité religieuse à une somme moindre. Ainsi 50,000 francs sont employés au souJagement des classes souffrantes, pour une population qui n'excède guère 7,000 âmes. Avec ces 50,000 francs, on pourrait nonseulement assister tous les pauvres, mais amortir le paupérisme. Pour cela, il faudrait établir entre les secours un lien commun. Mais à commencer par ceux du bureau de bienfaisance, ils sont distribués sans ordre et très-inégalement. On devrait faire usage d'un livret remis à chaque pauvre, et sur lequel on inscrirait les secours qui lui seraient délivrés par la charité publique, religieuse ou privée.

Nous avons parlé du Bon-Sauveur de SaintLô au mot ALIÉNÉS.

Le Sacré-Cœur de Marie, d'Avranches, ne reçoit pas seulement les jeunes orphelines de la ville, il en admet plusieurs de l'arrondissement. La population est de 34 enfants; la maison pourrait en contenir de 60 à 80. Il y a de l'inconvénient à ce que des enfants de tout âge vivent en commun; on pourrait Jes classer, si leur nombre était plus grand. La fondatrice a dû employer des sommes considérables à construire la maison, qui est à peine achevée. Un jardin de 4 à 5 hectares en dépend; son produit' entre pour une as

sez forte partie dans le régime alimentaire. La culture est un exercice pour les jeunes filles. On les emploie à de gros ouvrages: ce sont elles qui font la lessive. Il est consommé par jour 50 livres de pain. La viande de boucherie coûte de 25 à 30 centimes le demi-kilogramme. On tue dans la maison deux porcs et trois vaches, qui entrent dans la consommation. On dépense pour 500 fr. du bois, et du cidre pour une somme égale. La maison vit au jour le jour. On voit tout de suite que ce n'est qu'une ébauche, mais cette ébauche mérite d'être encouragée par l'Etat et les autres pouvoirs publics. Quoiqu'il reste beaucoup à faire, personne ne fera jamais pour la maison autant que sa fondatrice.

Les orphelines apprennent à lire, à écrire, à travailler, et travaillent parfaitement. Elles suivent le catéchisme de la paroisse. Leur uniforme est demi-deuil les jours ordinaires, et bleu le dimanche; elles sont coiffées de calottes bleues. On en fait des femmes de chambre et des cuisinières; 150 ont été placées jusqu'ici, vers l'âge de 17 à 18 ans. Leur santé est excellente.

La maison pourrait être utilisée pour le département tout entier. Le président du comité d'extinction de la mendicité d'Avranches et le sous-préfet de la ville devaient, lors de mon passage (1852), s'aflilier à la société de Saint Vincent de Paul, afin de contribuer à établir, par leur présence, une harmonie désirable, surtout dans les petites villes, entre les secours à domicile et les conférences de Saint-Vincent de Paul

Il existe à Valogues un asile d'orphelines, fondé en 1840. C'est le bureau de bienfaisance qui a fourni le local, lequel est trèsbeau. Les jeunes filles sont logées et nourries à raison de 10 francs par mois. L'établissement a reçu du ministère une subvention de 500 franes, il y a deux ans. Il réclamait un secours de la même somme pour l'année 1852. Le chiffre des enfants est de 34, comme à Avranches. Dix personnes payent la modique pension de 120 fr. pour les 34 jeunes filles. Celles-ci reçoivent l'éducation primaire et professionnelle. On les reçoit vers 6 à 7 ans, quelquefois plus jeunes, dès l'âge de 3 ans même. On les place plus tard comme femmes de chambre. Le maire de Valognes insistait avec nous pour qu'on en fit surtout des cuisinières. Il sort de l'ou · vroir de bons travaux dont on fait cas dans la ville. Les jeunes filles peuvent gagner jusqu'à 1 fr. et même 1 fr. 25 c. par jour. C'est pour la maison une ressource, à laquelle se joignent environ 1200 franes produit d'une loterie; sans cela, l'asile d'orphelines ne pourrait faire face à sa dépense.

Il vient de se fonder à Valognes une société nouvelle pour la visite et le soulagement des pauvres à domicile. Elle est composée de 30 à 40 dames. Une collecte produit 4,000 fr. Chaque dame reçoit par mois 12 ou 14 fr. qu'elle distribue aux pauvres de sa circonscription.

Le maire de Cherbourg affirme, dans un

mémoire officiel que nous avons eu entre les mains, que sur 28,000 âmes dont se compose la population, un tiers à peine est à l'abri du besoin: les deux autres tiers se composent de familles d'ouvriers attirées de tous les points de la France, notamment de la Bretagne, par les travaux du port et par ceux de la digue, et n'ayant, dans leurs vieux jours, d'autre perspective que l'assistance publique ou privée. Les familles émigrantes ont tellement multiplié depuis 60 ans, que la population s'est élevée de 9,000 à 28,000! Loin que ce soit en devenant plus riche, comme Saint-Etienne, comme MuThouse, que Cherbourg a grandi en habitants, c'est en devenant de plus en plus pauvre. La classe aisée est très-charitable; mais son aisance ne serait que le nécessaire ailleurs (7 ou 8,000 fr. sont le maximum du revenu). A deux heures de distance de Cherbourg, à Valognes, on trouve des revenus de 100 à 200,000 fr., et telle famille donne aux pauvres, dit-on, jusqu'à 25,000 fr. On voit à quel point les conditions économiques peuvent différer entre deux villes d'un même département et qui se touchent, comme Valogues et Cherbourg. Une masse relativement énorme d'habitants vit dénuée de tout dans cette dernière ville, et l'intempérance vient s'ajouter aux causes de la misère. L'ivrognerie n'est pas seulement l'accessoire des divertissements du peuple, elle en est l'unique élément. On mange pour boire. Il a été imaginé une sorte de pâtisserie détestable, qui crée la faculté indéfinie d'absorber des boissons alcooliques. Les femmes le disputent aux hommes; elles font usage surtout d'une mauvaise eau-devie chaude dans laquelle elles jettent du café, et qui produit une ivresse instantanée et profonde. C'est dans une conversation avec le maire que nous nous sommes procuré ces détails, qui par conséquent n'ont rien de hasardé.

La plus ancienne fondation privée de Cherbourg est la manufacture de dentelles, dirigée par les dames de la Providence. Elle a été créée par actions en 1803. Les actionnaires ont retiré trois fois leur mise. La société fondatrice n'en est pas moins désintéressée; car, lorsqu'elle renonçait à recevoir les intérêts de son capital, elle était loin d'espérer le succès obtenu. Un traité a été passé avec une maison de commerce de Laen, en vertu duquel les parties contractantes se sont interdit l'une de travailler your une autre maison que celle de Caen, et celle-ci de s'approvisionner ailleurs que dans la manufacture de Cherbourg. Les ouvrières devinrent bientôt si habiles, qu'une robe de dentelles sortie de leurs mains put être offerte en présent à l'impératrice MarieLouise. La manufacture a longtemps fabriqué des blondes qui se vendaient en Espagne; 280 personnes de tout âge sont employées, 80 en ville, les autres dans la maison. Les salaires partent de 5 c. pour mon ter à 1 fr. L'enseignement primaire marche de front avec l'éducation professionnelle;

300 enfants sont instruites gratuitement. Il est consacré à l'enseignement des jeunes filles deux heures le matin et une heure l'après-midi; une heure est donnée à la couture. L'enseignement a lieu pendant le travail. Que l'on juge des services qu'un pareil établissement rend à la ville!

Une autre maison de charité dite de JésusMarie a été créée il y a vingt-deux ans. Elle a pour base un pensionnat qui procure aux religieuses de quoi élever 36 orphelines (internes). Un atelier de couture, de 18 à 20 indigentes externes, est annexé à la maison. Les religieuses de Jésus-Marie projettent la fondation d'un ouvroir destiné aux jeunes filles des quartiers éloignés du centre. Ce sera surtout une maison de préservation. Lafondation actuelle est un très-bel établissement.-Une association de jeunes demoiselles vient de se former pour élever des jeunes filles. Ses ressources consistent dans une quête; un ouvroir a été créé par ce moyen. Une Conférence de Saint-Vincent de Paul s'est établie aussi dans ces dernières années. Elle est composée de jeunes hommes, au nombre de 20, n'ayant tous d'autre richesse que leur travail. Cherbourg ne fournit pas d'hommes de loisir comme les villes riches. Un des employés de l'arsenal est le président de la société. A force de dévouement, la conférence. rend aux classes pauvres de très-grands services. On est étonné, nous disait le maire, de tout le bien qu'elle sait faire avec le peu d'argent dont elle dispose. Entre autres secours rendus aux classes nécessiteuses, les sociétaires instruisent et moralisent, dans des classes du soir, les enfants auxquels leurs travaux ne permettent pas d'aller aux écoles. L'enfance, comme on le voit, ne manque pas sensiblement de secours, mais il n'en est pas de même des adultes. Que sont 20,000 francs employés par le bureau de bienfaisance, tous frais déduits, pour 15 ou 1,800 habitants nécessiteux? Il n'est pas de ville ou une société de charité maternelle fût plus nécessaire.

Rhône.

-

-FRANCE DU MIDI. Lyon. -Nous trouvons quelque part que Lyon compte 18 sociétés de charité privée, disposant de 130,000 fr. Nous eitons ce renseignement pour ce qu'il vaut. Il est au-dessous de la réalité; car nous allons donner la monographie de 25 œuvres diverses en nous laissant guider dans nos investigations par un respectable prêtre, M. l'abbé Bey, auteur d'une brochure intitulée La ville des aumônes. Et tout de suite nous le laissons parler. « La véritable splendeur, la solide gloire de Lyon, dit-il, c'est son aspect moral et religieux, c'est son invincible attachement au catholicisme, qui l'a fait nommer par un des plus grands Papes qui aient honoré la chaire de saint Pierre, la Rome de France; c'est son antique foi qu'elle reçut, il y a bientôt dix-huit siècles, du vénérable Pothin, le premier de cette longue suite de pontifes qui ont illustré son Eglise par leur éminente sainteté, leur talent, leur zèle apostolique. Une ardente charité a distingué

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