Page images
PDF
EPUB

les utiles fervices que font les Jefuites à l'Eglife, lefquels pour l'établissement de cette puiffance, pour leur ambition particuliere, font auffi peu de confcience de nuire aux meilleurs Catholiques, qu'à ceux qu'ils tiennent féparés de l'Eglife, pour vérifier une partie du décret de notre Sorbonne, Multas in populo querelas, multas lites, amulationes, diffidia, contentiones, variaque Schifmata inducit. Sans reprendre l'exemple de nos troubles derniers, où ils vouloient faire un retranchement de ceux qui étoient ferviteurs du Roi Henri III Prince très-Catholique, jufqu'à leur dénier la fainte Communion; l'Ecole de Paris en a reffenti la calomnie, le Cardinal Bellarmin aiant écrit que fa doctrine étoit erronée & approchoit de l'héréfie. Mais les Jefuites ne font pas ce tort à l'Ecole de Paris feule; il n'y a ordre d'Eccléfiaftiques, ni Religion, qu'ils n'aïent voulu décrier. Qui ne fçait ce que leur ambition a coûté à l'Eglife catholique d'Angleterre ? Ils ont compofé un grand difcours de trente ou quarante articles, qu'ils ont publié & fuppofé avoir été fait l'an 1603 par le Roi répondant aux graves remontrances de fon Parlement, duquel comme véritable, ils impofent aux Nations étrangères, l'aïant fait imprimer en Latin, Italien & Allemand. Poffevin l'a emploïé dans fa Bibliotheque, afin que l'impofture pafsâr a la postérité. »

دو

C'eft le fait dont nous avons déja parlé. Il y en a bien d'autres de cette efpéce dans ce beau plaidoier. Le célébre Avocat s'éleve enfuite contre un autre principe des Jefuites, qui prétendent que le Clergé eft abfolument exempt de l'autorité temporelle. Il rapporte

des paffages de Bellarmin & d'autres Jefuites qui pouffent cette exemption aux derniers excès. Il montre que fi cette exemption du Clergé avoit lieu, les Eccléfiaftiques feroient autant de garnisons étrangeres en un Etat. II rapporte les maux que les Jefuites avoient fait tout récemment dans la Republique de Venife & en Angleterre; la féduction à laquelle avoit eu recours un Confeffeur Jefaite, pour engager fa pénitente à donner aux RR. PP. un Palais qu'elle avoit près de la ville de Brente; les moïens qu'ils avoient mis en œuvre, pour fouftraire à l'Inquifition d'Espagne un Pere Menas de leur Société, coupable d'incefte; les blafphêmes, que renferment plufieurs Sermons fur la béatification de leur Pere Ignace. Enfin il prouve que la Sorbonne avoit raifon de dire dans fon célébre décret de 1554, que cette Société paroiffoit dangereufe en matiere de foi: Periculofa in negotio fidei. Il cite plufieurs erréurs aufquelles la Société eft attachée ; il infifte fur l'art des équivoques qu'elle a inventé pour dire aux Magiftrats tout ce qu'ils veulent, & faire toutes les déclarations que l'on voudra, fans qu'elles aïent pour eux la moindre conféquence. Il conclud en demandant qu'on les réduife aux conditions de leur rétabliffement; qu'on les affujettiffe aux Magiftrats; qu'on réprime leurs entreprises fur les Evêques & les Curés; qu'on ne leur permette jamais d'inftruire la jeuneffe ; & fur-tout qu'on les oblige de s'attacher à la doctrine de l'Eglife de France, & non à leur nouvelle Théologie dreffee & compofée pour l'intérêt de leur grandeur & autorité particuliere. L'Arrêt qui intervint donna gain de caufe à l'Uni

XV.

verfité, & caufa aux Jefuites une extrême humiliation.

VIII.

On ne voïoit alors à la Cour, comme Diverfes nous l'avons dit, que contestations entre les actions de Seigneurs. Elles éclaterent quelque temps Louis XIII. après, & aboutirent à une rupture ouverte. Affemblée Le nombre des mécontens augmentoit, & des Etats. les factions fe multiplioient tous les jours. La

plus redoutable fur celle qui avoit le Prince de Condé pour Chef. Les Proteftans ne manquerent pas de profiter de la foibleffe du Gouvernement, pour parer les coups qu'on vouloit leur porter. En 1613 on publia un Edit contre le Luxe. Il y étoit défendu de porter de l'or & de l'argent fur les habits. Le Roi & les Princes furent les premiers à l'obferver, & chacun fuivit bien-tôt leur exemple. Louis XIII étant entré dans fa quatorziéme année le 27 de Septembre 1614, voulut fignaler par un Acte de religion & de juftice le commencement de fa majorité. Il confirma tous les Edits du feu Roi contre le Duel & le Blafphême. Il tint pour cela fon lit de juftice au Parlement le 2 d'Octobre. Dix jours après, les Etats généraux s'affemblerent aux Auguftins. Ils étoient compofés de trois chambres; de celle du Clergé, de celle de la Nobleffe & de celle du Tiers-Etat. La premiere étoit de cent cinquante perfonnes, parmi lesquelles il y avoit cinq Cardinaux, fept Archevêques, & quarante-fept Evêques. Le Cardinal de Joïeufe en fut éla Préfident. Cent trente-deux Gentils-hommes formoient la chambre de la Nobleffe, qui eut pour Préfident le Baron de Senecei; &

dans la derniere, qui étoit celle da TiersEtat, où préfidoit Miron Prévôt des Marchands, on comptoit cent quatre-vingtsdeux Députés, tous Officiers de Juftice ou de Finance. On convint qu'après trois jours d'un jeûne public, pour implorer le fecours Divin, il y auroit le Dimanche 26 d'octobre une Proceffion folemnelle de l'Eglise des Auguftins à celle de Notre-Dame, & que l'ouverture de l'affemblée fe feroit le lendemain au Louvre. Le Roi, la Reine & toute la Cour affifterent à la Proceffion. Henri de Gondi Evêque de Paris officia pontificalement, & François de Sourdis Archevêque de Bordeaux, prêcha.

Quand on fut affemblé, le Roi dit que fon but principal dans la convocation des EtatsGénéraux, étoit d'écouter les plaintes de fes fujets & d'apporter aux maux les remedes convenables. Le Chancelier [ de Silleri] dit enfuite à tous les Députés, que Sa Majesté leur permettoit de dreffer les cahiers de leurs demandes & de leurs plaintes, & qu'elle promettoit d'y répondre favorablement. «Des Cont. de trois Chambres qui compofent les Etats-Gé- Méz. pag néraux, dit le continuateur de Mezerai, la 186. Chambre du Tiers-Etat et toujours celle contre laquelle la Cour eft le plus en garde. Comme elle eft ordinairement formée des Députés des Provinces, qui ne briguent ni la faveur, ni les graces de la Cour, elle prend plus vivement les intérêts du peuple dont elle connoît mieux les griefs & les fujets de plaintes. Le Clergé & la Nobleffe au contraire, ne portant que la moindre partie des charges publiques, font auffi moins fenfibles aux abus qu'il s'agit de réformer; outre que

du Concile

les gratifications de la Cour tiennent les principaux de ces deux Ordres dans une entiere dépendance. Ainfi la Reine & les Miniftres ne fongeoient qu'à rompre les mesures du Tiers-Etat par rapport à la reformation du Gouvernement. Comme il auroit été dangereux de rejetter hautement fes demandes, on jugea qu'il n'y avoit pas de meilleur expédient que de mettre la divifion entre les trois Chambres, & de rendre l'Affemblée la plus tumultueufe qu'il fe pourroit. Pour cet effet on engagea le Clergé & la Nobleffe à propofer des articles de réformation aufquels le Tiers-Etat auroit peine à confentir. Comme on ne doutoit pas que le Tiers-Etat n'en proposât auffi de fon côté, qui n'accommoderoient ni le Clergé ni la Nobleffe, on efpéra que ces conteftations porteroient l'Affemblée à fe féparer, ou qu'il feroit aifé de la congédier, en amufant le peuple par des promeffes vagues. La chofe arriva en effet, comme la Cour l'avoit projetté.

XVI. Les Etats étant près de finir, l'Evêque de Le Clergé Beauvais alla prier le Tiers-Etat de la part demande de du Clergé, de fe joindre à lui, pour demannouveau la der au Roi la publication du Concile de publication Trente dans le Roïaume. Miron, Président de Trente. de la Chambre du Tiers-Etat, dit entr'autres Son zele chofes : « La bigarrure du temps auquel nous contre la vivons, apporte à vous & à nous la néceffité doctrine de rejetter la publication de ce Concile plutôt que de l'einbraffer. Néanmoins MM. du Clergé fe peuvent mettre d'eux-mêmes dans perfonne ce Concile, en pratiquer les réfolutions, retranchant la pluralité des bénéfices, & auMerc. Fr. tres abus aufquels il a remedié. » Les Députés Tom. 3. des Provinces furent confultés, & tous rejet

qui met en

sûreté la

facrée des

Rois.

en

terent

« PreviousContinue »