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ment pour prouver la clémence et la générosité

des Syracusains.

à Corinthe.

Tout le peuple se rangea à cet avis: on désigna Son exil à Deucétius pour lieu de son exil Corinthe, métropole de Syracuse; et on lui assura dans cette ville une subsistance honorable.

Depuis que Syracuse eut recouvré sa liberté, jusqu'au moment où Denys la lui enleva, l'histoire ne nous a conservé le souvenir que d'un grand événement, celui de l'invasion des Athéniens sous la conduite de Nicias: avec une armée nombreuse ils formèrent le siége de Syracuse. Les habitans, secourus par plusieurs villes alliées, et commandés par le brave Hermocrate, résistèrent vaillamment; mais malgré leur courage ils se voyaient enfin réduits à capituler, lorsqu'une armée lacédémonienne, sous les ordres de Gylippe, défit la flotte des Athéniens, tua ou prit tous leurs soldats, et fit périr leur chef. Cette guerre désastreuse, conseillée par Alcibiade, justifia son exil, et fut la cause de la ruine de sa patrie.

DENYS LE TYRAN.

(An du monde 3598.-Avant Jésus-Christ 406.)

d'Hermo

LES revers ralentissent, mais n'éteignent point, Exploits l'ambition: Carthage avait réparé ses pertes et accru crate. sa puissance; pour les États comme pour les

hommes la soif des richesses s'irrite en se satis

Sa mort.

Description de la ville

faisant, et la fertilité de la Sicile tentait sans cesse l'avidité des opulens Carthaginois : ils envoyèrent de nouveau dans cette île une forte armée. Le vaillant Hermocrate déploya contre eux le même courage qui l'avait fait triompher des Athéniens; il combattit souvent avec succès, et défit en plusieurs rencontres ses nouveaux ennemis.

Un jeune homme, destiné à opprimer sa patrie, Denys de Syracuse, la servait alors avec zèle ; il se faisait distinguer dans l'armée par son intelligence et son intrépidité : les uns lui attribuaient une noble origine, les autres une basse extraction.

La gloire des exploits d'Hermocrate excita la jalousie de ses compatriotes: l'ombre n'est pas plus inséparable du corps que l'envie ne l'est du mérite; une faction le fit condamner à l'exil. Indigné de cette injustice, il voulut rentrer à Syracuse à main armée, et punir ses ennemis; mais il périt dans le combat. Denys, qui l'accompagnait, fut blessé dans cette action; et, pour apaiser la colère du peuple, ses parens répandirent le bruit de sa mort. Il ne reparut dans Syracuse que lorsque le temps, qui calme tout, eut assoupi les passions.

Les Carthaginois, profitant des dissensions de d'Agrigente cette république, attaquèrent Agrigente, une des plus opulentes et des plus belles villes de Sicile. On y admirait un temple dédié à Jupiter, qui avait trois cent quarante pieds de longueur,

soixante de largeur et cent vingt de hauteur. Pour juger de la richesse de ses habitans, il suffit de savoir qu'ils avaient creusé hors de la ville un lac d'un quart de lieue de tour et profond de trente pieds. L'un de ses citoyens, Exenète, vainqueur aux jeux olympiques, rentra dans Agrigente avec trois cents chars attelés de chevaux blancs. Un autre, nommé Gillias, possédait un vaste palais ouvert en tout temps aux voyageurs. Cinq cents cavaliers, maltraités par un orage, se réfugièrent un jour chez lui; il les hébergea tous et leur distribua des armes et des habits.

Les Carthaginois s'emparèrent de cette grande cité, et la chute d'Agrigente répandit la terreur dans toute la Sicile. Le peuple de Syracuse murmurait contre les magistrats qui ne l'avaient pas secouru; mais comme on les craignait, personne n'osait prendre la parole pour les accuser. Denys, sortant alors de sa retraite, s'élance à la tribune et Harangue reproche aux chefs de la république leur coupable inertie. On le condamna d'abord à une amende comme séditieux; il ne pouvait continuer à parler qu'après l'avoir payée; un riche citoyen, l'historien Philiste, vint à son secours, et lui prêta surle-champ l'argent nécessaire.

Denys, après avoir satisfait à la loi, reprit la parole. Nourri dans l'étude des lettres, exercé à l'éloquence, il retraça pathétiquement la gloire et les malheurs d'Agrigente; il imputa tous les maux TOME 3.

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do Denys.

de la Sicile à la trahison des chefs de l'armée, à l'orgueil et à l'avidité des grands, enfin à la vénalité des magistrats, corrompus par l'or des Carthaginois. Il indiqua pour unique remède la déposition des coupables et la nomination d'autres chefs, choisis dans le sein du peuple et dans les rangs des amis de la liberté.

Ce discours, qui plaisait aux passions, exprimait des désirs formés depuis long-temps par la multitude, mais comprimés par la crainte. Un ap plaudissement unanime y répondit: on déposa les chefs de la république; on en nomma de nouveaux; et Denys fut placé à leur tête.

Les généraux étaient plus difficiles à renverser. Il travailla par de sourdes et de longues menées à les rendre suspects; mais, fatigué de la lenteur de cette mesure, il prit un moyen plus prompt et plus efficace. Les troubles de Syracuse avaient fait exiler une foule de citoyens qui regrettaient amèrement leurs biens et leur patrie; et, comme on devait alors lever de nouvelles troupes contre: les Carthaginois, Denys représenta que ce serait une folie que de payer des soldats étrangers, quand il existait tant de Syracusains brûlant du désir de mériter leur réhabilitation par leurs services. II obtint ainsi le rappel des bannis qui grossirent et fortifierent son parti.

Dans le même temps la ville de Géla demandait qu'on augmentât sa garnison. Deux factions la

divisaient alors; celle du peuple et celle des riches. Denys s'y rendit avec trois mille hommes. Le premier masque des tyrans est presque toujours populaire; il se déclara contre les riches, les fit condamner à mort, confisqua leurs biens, doubla la solde de ses troupes, et paya la garnison commandée par le Lacédémonien Dexippe.

Tout lui réussit dans cette entreprise; mais il échoua contre l'incorruptibilité de Dexippe qui refusa de s'associer à ses projets.

Denys, revenu à Syracuse, fut reçu en triomphe par le peuple; mais, opposant alors à la joie publique un maintien triste et sévère, il dit à ses concitoyens : << Tandis qu'on vous amuse par de >> vains spectacles pour vous cacher les dangers >> qui vous menacent, Carthage se prépare à vous >> attaquer. L'ennemi sera bientôt à vos portes, et » la trahison est dans vos murs. Vos généraux >> vous donnent des fêtes, et laissent vos troupes » manquer de pain. L'ennemi ne déguise plus ses >> .perfides espérances; le général carthaginois » vient de m'envoyer un officier pour m'engager » à suivre l'exemple de mes collègues, et pour >> m'inviter, sous l'appât des plus fortes récom» penses, à trahir ma patrie en faveur de Car

thage. Incapable de cette lâcheté, je prévois » que les fautes de ceux qui partagént avec moi >> le commandement me rendront en apparence > complice de cette infamie: je renonce aux di

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