Page images
PDF
EPUB

Fermiers bons & folvables, & enfin de foutenir dans l'opinion du Public la fureté des fommes prêtées au Roi fur la fignature des mêmes Fer

miers.

des Fermiers

Mais ce qui eft excufable de la Profit énorme part des Miniftres des finances, ne depuis 1687. l'eft pas du côté des Fermiers, qui jufqu'en 1711. fe font prévalus de l'occurrence. Et en effet depuis 1687. jufqu'en 1711. à compter au 1. Octobre, ils ont touché 10 pour cent d'intérêt de 18000000 de livres d'avance, pendant 24 années montant lefdits interêts 43300000 livres; leurs droits de prefence à 12000 livres par an, & quarante perfonnes 11520000 livres; les gages des quarante Commis à 1500 livres, 1440000 livres ; les fraix de voyage à 100000 livres par an, 2400000 livres ; les étrennes & gratifications à 130000 livres par an, 3120000 livres le total eft de 63280000 livres c'est à dire par année 2636666 livres 15 fols 10 deniers, & chacun 6591613 livres ; ce qui eft un profit énorme & criant,

Tome II.

:

R

I. Par raport aux interêts à 10 pour

cent.

II. Par raport au prétendu droit de prefence, qui ne fe peut comparer à la taxe des Députez aux Etats de Languedoc, dont les plus confiderables n'ont que quatre livres par jour,

III. Par raport aux gages des Commis.

IV. Les fraix de voyage, où il est certain que tout Fermier gagne plus qu'il ne met du fien.

V. Et enfin par raport aux étrennes & gratifications qui, auffi-bien que le droit de prefence, doivent être retranchées en leur entier, fe contentant de répéter la moitié des interêts au denier 10, le denier 20 étant plus que fuffifant pour un fonds qui n'a jamais couru de rif

que,

que

des Fermiers

L'Auteur ne prétend pas que cette propofition doive être exécutée fans y refléchir. Ce qui eft jufte n'eft pas toûjours à propos. Il faut, avant que de toucher une femblable corde, avoir en main d'autres Fermiers, ou du moins des Régiffeurs d'experien ce & de fidelité affurée: ce qui eft plus rare que l'on ne penfe communément; quoiqu'au fonds il ne foit pas difficile d'en trouver de plus ha- Incapacité biles les Fermiers de ce tems, d'aujour puifque de quarante il n'y en a pas d'hui. dix qui foient au fait, je ne dis pas de toutes les Fermes, mais de l'une d'entre elles de forte qu'il eft vrai de dire que leur ignorance a plûtôt alteré ces Fermes, qu'elle ne les a conduites à l'utilité du Roi, & à la leur particuliere. Ils font favans à reprefenter une néceffité politique de les conferver dans leurs poftes, pour affermir la confiance publique dans les billets de la caiffe des emprunts, qui font les billets où ils ont figné, comme garans des prêts faits au Roi; mais dans le

Inutilité de

leurs billets

fonds, ce prétexte est tout à fait
vain.

I. Parce que l'on n'a garde d'efpe

de, la caiffe rer qu'à l'avenir le Public fe condesemprunts. fie affez à de telles fignatures, pour faire de nouveaux prêts à leur caution.

II. Parce que le Public fait bien
que
les Fermiers font infolvables pour
de fi groffes fommes.

III. Parce qu'il ne s'attend pas
d'en être payé en argent comptant,
& qu'il fait bien que n'y ayant pas
de difference entre ces billets, &
ceux des monnoyes ou affignations
en general, le papier des Treforiers
finira également par des conftitutions
fur la ville: ce qui fait dire à l'Au-
teur qu'il feroit néceffaire de faire
une claffe pareille à ces differens bil-
lets, & mettre le tout à la charge
de la ville, dont le Roi ne paye
l'interêt qu'à 4 & demi pour cent;
au lieu qu'il paye celui des billets à

1

cinq. Et il eft d'ailleurs remarqua-
ble qu'il n'eft point de Fermiers Ge-
neraux qui n'ayent beaucoup de ces
billets, qu'ils ont été obligez de pren-
dre pour interêts, & droits de
pre-
fence: de forte qu'en aprofondiffant,
on s'aperçoit que le Roi paye des
interêts d'un fonds qui lui apartient,
& qu'on l'a engagé à des principaux
que
ces Meffieurs fe font appropriez
fans aucun droit, & même fans ti-
tre, pendant que tout l'Etat lan-
guit, & eft réduit dans une extrê-
mité qui décourage jufqu'aux Parti-
fans, par le déplaifir qu'ils ont de
n'en pouvoir prefque plus rien arra-

cher.

inrerêts

du

Le Roi retiroit de fes forêts en Diminution 1688. plus de 20000000 de livres du revenu des de revenu; mais depuis ce tems on a Roi. tellement multiplié les charges & les droits, que l'on peut affurer qu'il y a plus de 8000000 de livres d'alienation depuis 1689. ce qui fait prefumer que, vû le cours de l'interêt de la finance au denier 10, le

« PreviousContinue »