ber entre les mains du Dieu vivant. 32. Or rappellez en votre memoire ce premier tems auquel après avoir été illuminez par le Batême, vous avez foutenu de grands combats dans les afflic tions que l'on vous a fait fouffrir;

33. Ayant été d'une part expofez devant tout le monde aux injures & aux mauvais traitemens ; & de l'autre ayant été compagnons de ceux qui ont fouffert de femblables indignitez.

34. Car vous avez compâti à ceux qui étoient dans les chaînes, & vous avez vû avec joye tous vos biens pillez, fçachant que vous aviez au-dedans de vous d'autres biens plus excellens, & qui ne periront jamais.

35. Ne perdez donc pas la confiance que vous avez, qui doit être recompenfée d'un grand prix.

36. Car la patience vous eft neceffaire, afin que faifant la volonté de Dieu, vous puiffiez obtenir les biens qui vous font promis.

37. Parce que, felon qu'il est écrit: Encore un peu de tems & celui qui doit venir viendra, & ne tardera point.

38. Or le jufte qui m'appartient, dit le Seigneur, vivra de la foi. Que s'il fe

retire & s'il s'affoiblit, il ne me sera pas agréable.

39. Mais quant à nous, nous ne fom mes point des perfonnes à nous retirer de Dieu & à nous affoiblir, ce qui feroit notre ruine; mais nous demeurons fermes dans la foi pour le falut de

nos ames.

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SAMEDI VII. JOURNE’E.

La mort defirable au Chrétien com. me enfant d' Adam ; pour ne plus offenfer Dieu.

Et ne nos inducas in tentationem,

Et ne nous abandonnez pas à la tentation.

Q

UOIQUE nous foyons enfans de Dieu, membres de Jefus-Christ, animez de fon Esprit, & juftifiez par sa fa grace, nous ne laiffons pas pendant cette vie d'être les enfans d'Adam. Nous portons toûjours en nous l'image de cet homme terreftre, nous en fentons les inclinations au fond de nous-mêmes; & fi l'homme interieur eft en partie renouvellé & fait participant de l'adoption divine, l'homme exterieur eft toûjours corrompu & toûjours dans la vieilleffe de fa premiere origine. C'eft un ennemi que nous nourriffons au milieu de nous-mê-mes, & qui eft toûjours prêt à nous don

ner le coup de la mort. C'est un venin qui affiege le cœur, & dont nous pouvons être étouffez à chaque moment de la vie. C'est un corps de peché, & un fond de corruption, d'où mille pensées, mille defirs indeliberez, mille mouvemens dereglez, mille tentations honteufes fe forment continuellement, s'élevent contre l'efprit, & lui livrent des combats dont il ne peut échapper fans miracle, c'est-à-dire, fans un fecours furnaturel qui ne lui eft point dû.

par fa

ལས་

Quand le Saint-Efprit ne nous auroit point obligé de croire que cette vie est une tentation & un combat continuel: Tentatio, ou, militia eft vita hominis fuper terram: en pourrions-nous douter ? Et y a t'il quelqu'un qui ne connoiffe pas propre experience qu'il n'y a ni paix ni tréve à esperer dans cette vie, ni avec le monde, ni avec le démon, ni avec nous-mêmes qui fommes notre plus dangereux ennemi? Peut-on penfer à un dan ger fi terrible fans être frappé d'une frayeur mortelle ? Peut-on fe fouvenir fans trembler de la funefte experience que l'on a faite fi fouvent de la foibleffe humaine, & des playes reçûës dans cette cruelle guerre de la chair & de l'efprit?

Peut-on ne pas defirer d'être délivrez au plutôt de cet ange de Satan, de cet afferviffement à la corruption, & ne foupirer. pas dans l'attente de l'effet de l'adoption' divine, qui fera la rédemption parfaite de notre ame & la délivrance de nos corps; afferviffement qui a fait gémir & foupirer fi souvent ceux-mêmes qui avoient les prémices de l'efprit Apoftolique?

Puifque, felon faint Auguftin, c'eft le commencement de la felicité que de bien connoître combien l'on eft miferable, demandons à Dieu la grace de bien fentir la mifere de notre état prefent; de connoître de plus en plus le péril où nous fommes à chaque moment de la vie, de perdre celle de l'éternité. Car il femble que la plupart des hommes foient endormis fur cet article. La confufion & le tumulte des créatures dont les enfans d'Adam fe laiffent occuper, & comme enchanter & enforceler, les empêche de s'appercevoir de ce qui fe paffe chez eux, c'eft-à-dire, dans leur corps & dans leur cœur.

Le Saint-Elprit a compris toutes les tentations de cette vie dans la concupifcence. de la chair, la concupifcence des yeux & l'ambition du fiecle, c'est-à-dire, dans les plaifirs des fens, la curiofité de l'efprit & l'orgueil du cœur,