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les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle; et encore: Je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles.

Nous croyons aussi, avec tous les catholiques, que le pape, évêque de Rome, est le successeur de saint Pierre (1), et, comme tel, le chef visible de l'Eglise,

in Caná Domini, dans toute l'étendue de son archevêché; mais Guillaume du Vair, premier président du parlement de Provence, s'opposa à cette publication, et députa en cour un conseiller pour avertir le roi et le chancelier, et se plaindre des entreprises de l'archevêque d'Aix. Voilà de quelle manière le livre du docteur Richer a été condamné en France. Ceux qui ont fait cette condamnation ne l'ont entrepris que pour établir les opinions des ultramontains, que ce docteur avait détruites; l'auteur n'a jamais été entendu pour sa défense; on n'a point épargné l'argent pour lui susciter des ennemis; les parlemens se sont toujours opposés à sa condamnation : tous ces défauts font voir combien cette condamnation est irrégulière et injuste; aussi n'a-t-elle point empêché que tout le monde, dans la suite, n'ait rendu justice à la pureté des sentimens de ce grand homme. Voici de quelle manière en parle Morisot, dès l'année 1633, aussitôt après la mort de l'auteur: Libellum, an. sal. 1611, scripserat de ecclesiastica et politica Potestate, maximis omnium doctorum scriptis æquiparandum, quem , quem verè dicere possum libertatis gallica totiusque Ecclesiæ gallicano, regumque et principum, quotquot ubique regnant, firmissimum tutissimumque columen et munimen. Ep. 9, cent. 2. Enfin, le clergé de France et la Sorbonne ont été obligés de consacrer et d'autoriser cette même doctrine qu'ils avaient voulu proscrire dans le livre de Richer.

(1) Quelques-uns ont témérairement nié le voyage de saint Pierre à Rome, et ont prétendu que ce premier apôtre

et qu'il l'est de droit divin (1), parce que Jésus-Christ a dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai

n'y avait jamais été, contre ce qu'en a cru toute l'antiquité ecclésiastique, avec tous les auteurs qui ont parlé de ce voyage dans les termes les plus formels et les plus décisifs. D'autres, donnant dans un excès contraire, ont osé dire que le voyage de saint Pierre à Rome est un article de foi; ce qui est une erreur un fait qui ne découle point des monumens de la révélation ne peut jamais être de foi, de quelque certitude humaine qu'il soit revêtu. Ainsi, la relation du voyage de saint Pierre à Rome et de son martyre paraît être revêtue d'une très-grande certitude humaine, mais elle n'est point de foi. Nous croyons que saint Denis a fondé l'Église de Paris: le croyons-nous comme de foi? (Edit.)

(1) L'hérésie des protestans, touchant le pape, consiste à soutenir que Jésus-Christ n'a rien accordé de particulier à saint Pierre, pas même une PRIMAUTÉ d'ordre et de rang... Les calvinistes et les presbytériens regardent le pape comme l'Antechrist et la bête de l'Apocalypse, qui a introduit dans l'Eglise l'idolâtrie par le culte des images et par l'adoration du saintsacrement. Les presbytériens veulent que l'Eglise ne soit gouvernée que par les anciens, ayant tous une égale autorité et une égale puissance, sans qu'aucun d'eux soit le chef des autres... Les anglicans admettent l'ordre hiérarchique, ont des évêques et des archevêques soumis à l'archevêque de Cantorbéry, qui a la primatic sur toutes les Eglises anglicanes; mais ils ne reconnaissent point le pape, et ne mettent l'ordre qu'au nombre des petits sacremens... Les luthériens, malgré la haine qu'ils portent au pape, reconnaissent qu'il est le premier évêque du monde; mais ils ne le reconnaissent point comme centre d'unité, et ne lui accordent la qualité de premier évêque que parce qu'il siége dans la capitale du monde, et non

mon Eglise. Et encore : Pierre, m'aimez-vous? paissez mes brebis. Nous espérons que Dieu ne permettra jamais à l'erreur de prévaloir dans le saint Siége de Rome, comme il est arrivé dans les autres siéges apostoliques d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem, parce que Jésus-Christ a dit : J'ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne manque pas. Nous croyons que le pape est principalement chargé de l'instruction et de la conduite du troupeau, parce qu'il est dit: Et quand vous serez convertis, confirmez vos frères; et encore: Paissez mes brebis, non seulement les agneaux, mais les mères.

Mais nous croyons bien aussi que tous les évêques

parce qu'il est le successeur de saint Pierre...... L'erreur des ultramontains sur le pape, consiste à soutenir que Jésus-Christ n'a bâti son Eglise que sur saint Pierre; que c'est à lui seul e‡ à ses successeurs que Jésus-Christ a donné la puissance des clés, et non à l'Eglise, qu'ils disent être née esclave et servante, utpotè serva nata; qu'ainsi les autres évêques, et à plus forte raison les prêtres, n'ont de pouvoir qu'autant que le pape leur en communique; qu'il a un pouvoir absolu de gouverner l'Eglise, indépendamment des canons; qu'il est l'ordinaire des ordinaires, et qu'ainsi il a un pouvoir immédiat dans tous les diocèses; qu'il est infaillible et supérieur aux conciles; que l'autorité temporelle des rois est soumise et subordonnée à sa puissance spirituelle, qu'ainsi il a un pouvoir souverain sur toutes les couronnes du monde; qu'il est le maître des bénéfices; qu'enfin il a un pouvoir absolu sur le spirituel et sur le temporel, et qu'il n'y a pour lui d'autres lois que sa volonté..... La vérité catholique tient le milieu entre l'hérésie des protestans et l'erreur des ultramontains. (Edit,)

ont reçu leur pouvoir immédiatement de Jésus Christ, parce qu'il a dit à tous ses apôtres : Recevez le Saint-Esprit. Et saint Paul parlant à des évêques, dit que le Saint-Esprit les a établis pour gouverner l'Eglise de Dieu. Il ne fit point difficulté de s'opposer à saint Pierre et de lui résister en face, quand il le jugea répréhensible. Même ce que Jésus-Christ dit à saint Pierre en particulier, se doit appliquer à proportion à tous les autres, suivant la tradition constante de tous les siècles. Ainsi, chaque évêque a tout pouvoir pour la conduite ordinaire de son troupeau. C'est à lui de proposer la foi, de l'expliquer, de décider les questions; c'est à lui d'administrer les sacremens, de juger, de corriger; et tant qu'il fait son devoir, le pape n'a droit d'exercer aucun pouvoir sur ce troupeau particulier; mais sitôt qu'il fera quelque faute contre la règle de la foi ou de la discipline, le pape a droit de le corriger (1), et c'est son devoir. Il y a

(1) Le pape a droit de le corriger. Nous ne reconnaissons point qu'aussitôt qu'un évêque fait quelque faute, le pape ait par lui-même le droit de le corriger. Les évêques ne sauraient être punis et corrigés, selon les principes de l'équité naturelle, qu'ils ne soient entendus, que leur cause ne soit examinée et jugée. Or, selon les maximes du royaume, les évêques ne peuvent être jugés à Rome par le pape, ni en France par des commissaires nommés par le pape, mais seulement par douze évêques de leurs confrères, pris de leurs provinces et présidés par leur métropolitain. Les évêques ne

donc grande différence entre les évêques et les cu

peuvent être jugés en première instance, disent les dix-neuf évêques dans leur lettre au roi, que par douze de leurs confrères non choisis à la volonté de ceux qui voudraient les faire condamner, mais pris de leur province, et présidés par leur métropolitain..... C'est ce privilège canonique dans lequel Votre Majesté nous promet à son sacre, avec un serment solennel, de nous maintenir. L'évêque de Beauvais, répréhensible dans ses mœurs et dans sa doctrine, fut renvoyé par arrêt du Parlement, conformément aux libertés de l'Eglise gallicane, pardevant l'archevêque de Reims et ses suffragans, ses juges naturels, pour que son procès lui fût fait selon les décrets et constitutions canoniques. Voici les termes de l'arrêt du Parlement, de l'année 1569: «La Cour, pour maintenir la liberté de l'Eglise gallicane, qui a toujours été défendue par le roi et ses prédécesseurs rois très-chrétiens, au vu et au su des SS. PP. papes de Rome, qui pour le temps ont été, a arrêté qu'elle a entendu et entend que le supérieur auquel messire Odet de Coligny, cardinal de Châtillon, évêque de Beauvais, est rendu pour lui faire son procès sur le délit commun, par arrêt de ladite Cour, conclu et donné le 11 de ce mois, est l'archevêque de Reims, supérieur métropolitain, duquel l'évêque de Beauvais est suffragant; pour, par ledit archevêque de Reims, appeler les autres suffragans évêques, s'ils. se trouvent en nombre, sinon par les évêques circonvoisins, être fait le procès audit cardinal évêque de Beauvais sur le délit commun, selon les décrets et constitutions canoniques, sans que ledit cardinal de Châtillon évêque de Beauvais puisse être trait et tiré hors de ce royaume : et a ordonné et ordonne la Cour que de ce en sera fait un registre, afin qu'il soit connu et entendu par tous, même par la postérité, que

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