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lui-même le fixer avec autant de cerpas titude. Il comptoit sur un mouvement patriotique; son opinion nous a entraînés. Mais lorsque des mesures sont indispensables, faut-il faire dépendre leur succès d'un sentiment généreux?

» Ce sentiment ne pouvoit agir que par une entière confiance dans l'assemblée nationale. Mais tout en méritant cette confiance par nos intentions et par notre dévouement sans bornes à la chose publique, ne lui avons-nous donné aucune atteinte involontaire?

» On s'éclairera de plus en plus, sans doute, sur les circonstances qui ont hâté vos arrêtés du 4 de ce mois et avec le tems vous n'aurez pas même besoin d'apologie: il n'en est pas moins vrai que si ces arrêtés eussent paru plus lentement, si les discussions qui les ont suivis, les eussent précédés, il n'en seroit résulté aucune inquiétude sur les propriétés. Certainement elles n'ont reçu aucune atteinte; mais pour reconnoître cette vérité, il faut que l'on s'accoutume à distinguer ce qui appartient à la nation, d'avec ce qui ap

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partient aux individus, et ces abstractions ont à lutter contre l'habitude.

>> Je vous ait dit, MESSIEURS, que nous avions voulu, contre la force des choses, fixer l'intérêt de l'emprunt. Cette fixation n'a pas été seulement intempestive, elle a produit un autre mal.

» Nous avions mis la dette publique sous ła sauve-garde de l'honneur et de la loyauté nationale, et en fixant l'intérêt de notre emprunt à quatre et demi pour cent, sans égard au prix actuel des effets royaux, lequel rapporte un intérêt beaucoup plus considérable, il a paru que nous voulions établir une différence entre la dette con-> tractée, et celle que nous résolvions de contracter. Nous avons semblé dire que l'une nous sera plus sacrée que l'autre : contradiction malheureuse! elle étoit loin de notre intention! Mais la défiance raisonne peu, et les formes de cet emprunt ont ainsi donné des alarmes sur la dette publique, tandis qu'il devoit être considéré comme un moyen d'en assurer le remboursement.

» Pensai-je donc que nous devions déeréter un emprunt à un intérêt égal à celui

qui rend le prix actuel des fonds publics? Non, MESSIEURS; mais en autorisant l'emprunt, nous devions laisser au ministre dont les intentions ne sont pas suspectes, le soin d'en régler les conditions selon l'exigence des conjectures.

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» Tout ce que je viens d'avoir l'honneur de vous exposer est très-simple, et vous auriez pourvu, si nous avions en général plus de tems pour nous consulter sur les questions importantes, si nos délibérations étoient plus tranquilles, si, ne pouvant faire bien sans la réflexion, on nous laissoit plus de moyens pour réfléchir.

>> Je ne saurois trop le répéter, MESSIEURS le respect pour la foi publique est notre sauve-garde, et le crédit national est, dans ce moment, l'unique moyen de remplir les devoirs qu'elle nous impose. Quand, par impossible, nous voudrions suivre la détestable maxime qu'il n'est point de morale en politique, avons-nous dans les mains une force publique qui se chargeât de contenir la juste indignation des citoyens?

» Nous ne pouvons compter ni sur le crédit du roi, ni sur celui du ministre des finances. Quand tout est remis par le roi,

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par ses serviteurs, par la force des évène mens, dans la main de l'assemblée nationalé, est-il possible de pourvoir à la chose publique par un autre crédit que celui de la nation? Et si les volontés ne se réunissent pas dans l'assemblée nationale, où se formera le crédit public? à quel état de confusion ne marcherons nous pas ?

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» Je propose donc d'arrêter, que l'assemblée nationale persévérant invariablement dans l'intention la plus entière de maintenir la foi publique, et considérant la nécessité urgente des fonds de l'emprunt décrété le g août, à l'intérêt de quatre et demi pour cent, autorise sa majesté à employer les besoins que la situation des affaires et les moyens impérieux du moment lui paroîtront exiger, pour assurer à l'emprunt un succès plus prompt, lors méme que ces moyens apporteroient quelques modifications à l'article IV de l'arrêté du 19 août.

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» La publicité de cet arrêté suffira dissiper les fausses craintes que les fatalités imprévues ont fait naître, et les et les personnes qui dépendent du maintien de la foi publique, sentiront de plus en plus qu'il est

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de leur intérêt de seconder les intérêts de l'assemblée nationale puisqu'ils tendent au rétablissement de l'ordre public, sans lequel les mesures les plus sages ne peuvent avoir aucun succès ». Cette motion fut envoyée à l'impression pour être remise le lendemain dans les bureaux, et discutée le surlendemain.

Du 20 au 23 août 1789.

C'est le 20 août que le préambule de la déclaration des droits du comité des cinq a été adopté avec quelques modifications (1). Dans celle du l'assemblée s'étoit oc

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(1 Ces modications sont les suivantes : le mot rétablir a été remplacé par le mot exposer. Il y avoit les droits naturels inaliénables, imprescriptibles et sacrés de l'homme; on a retranché le mot impres criptibles. --A la phrase: Afin que les actes du pou voir législatif et exécutif; on a ajouté après le mot législatif, ceux-ci : Et ceux du pouvoir exécutif. Enfin on a mis après ces mots: L'assemblée natio➡ nale déclare, ceux-ci : En présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivans de l'homme et du citoyen (Voyez la séance du 17 août, où l'on a rapporté le projet de la déclaration des droits du comité des cing. ).

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