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che nous le bénissions : il a repris son bien : que Dieu le bénisse! -Vous êtes un homme de bien, vous parlez comme un ange et vous M. le duc, nous avons ri vingt fois ensemble du manteau ducal, du chapeau de plumes, du tabouret du Louvre qui étoient les beaux restes de là Pairie : Eh bien, regrettez-vous toutes ces belles choses? LE CI-DEVANT DUC ET PAIR : moi, Monsieur, regretter ces haillons de la féodalité, ces parodies de la grandeur? Non, en vérité. J'étois obligé de ramper dans l'anti-chambre d'un favori, ou à la toilette d'une favorite, ou dans la garderobe d'une femme de chambre': enfin je valetois à Versailles pour me ruiner à Paris, et dominer en province à présent je resterai chez moi, je me reposerai: ou plutôt je m'occuperai dans ma terre, j'aurai comme vous une excellente table et je m'enivrerai gaîment avec mon curé et mon fermier. Ils vous élirons leur maire. Et vous, M. le richard, vous avez amassé des millions: avouez que le métier étoit bon, mais un peu scélérat. LE CI-DEVANT FERMIER CÉNÉRAL: il faut bien l'avouer: le cardinal de Fleuri nous avoit nommés les FILIERS de l'Etat nous en étions lés PILLARDS: plus d'une fois, j'en conviens, le cœur m'a saigné de voir notre bonne compagnie faire envoyer le monde aux galères pour deux sols de tabac l'argent qui nous arrivoit par torrent, étoit mêlé des larmes publiques et des malédictions populaires notre rôle étoit assez embarrassant quand les grands avoient besoin de nous, ils se prosternoient à notre porte ; quand nous avions besoin d'eux, ils nous fouloient sous leurs pieds nous 'avións, pour ainsi dire, deux faces, l'une rayonnante

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d'or, l'autre trempée dans la boue: allons, il vaut mieux être républicain estimé que publicain maudit : j'ai quelques millions en assignats : je vais acheter un magnifique Domaine d'un ci-devant abbé : je veux vivre et mourir en terre sainte et moi aussi.

et moi aussi et moi aussi, s'écrièrent tous les convives: ils burent à la santé de la nation, et ils sortirent démocrates-ivres, après avoir été aristocrates à jeun.

Evénemens.

ROME Des intrigues de cabinet ont été érigées en scrupules de CONSCIENCE. Louis XVI, ami de la religion, s'est laissé persuader que les évêques de France obéiroient mieux aux lois françoises, si elles étoient sanctionnées par le pape. En conséquence, un courier lui a été dépêché, pour lui demander cette sanction. Ainsi, voilà le consistoire de Rome, exerçant le VETO sur la nation françoise. Les moines triomphent. Ils espèrent voir renaître le temps où avec une bulle ils bouleversoient un royaume. Les véritables croyans gémissent. Le manteau de la religion, employé pour couvrir la cabale ecclésiastique, les scandalise et les alarme. Les évêques font semblant que leur diocèse et leurs pouvoirs ne peuvent s'étendre que par l'autorité du pontife romain. Est-ce que le pontife romain a reçu du Ciel une toise pour mesurer, du haut du capitole, tous les diocèses de la chrétienté? Lorsqu'un évêque prêche par hazard, ne peut-il être entendu en CONSCIENCE que par ses diocésains? Et lorsqu'un étranger meurt dans une ville éloignée de sa patrie, ne peut-il en CONSCIENCE être administré par un pasteur qui n'étoit pas le sien. En un mot, la communion romaine et la domination romaine sont-elles la même chose, et la CONSCIENCE ne saura-t-elle jamais les distinguer? Nous demandons à nos bons villageois, ce qu'ils pensent de la CONSCIENCE des hypocrites et de, l'artifice des mécontens.

TURIN M. de Calonne, après avoir encouragé les princes réfugiés en Piémont, à tenir ferme, ayant su que le pape devoit être consulté sur nos lois, est parti sur-le-champ pour aller éclairer la CONSCIENCE du sacré collège. C'est le casuiste qu'il falloit aux cardinaux. Il compte obtenir lui-même la pourpre romaine et revenir en France en qualité de légat. Mais le pontife de Rome n'est pas trop bien disposé pour lui. Pressé par M. de Calonne de refuser le consentement qu'on lui demande, on ne sait pourquoi, il lui a répondu, diton: Par votre déficit, vous avez nécessité en France "une révolution politique : par mon refus, vous y , nécessiteriez une révolution religieuse. Vous avez " perdu la cour de France, vous voulez perdre la cour ,, de Rome".

MONS, en Brabant: Depuis que les armes Autrichiennes ont soumis un peuple qui s'est mal défendu, parce qu'il n'étoit dirigé que par des moines et des prélats, une foule de françois mécontens se sauve à Bruxelles et à Mons. Ils espèrent y trouver une populace qui rampe devant eux, des prêtres qui les encensent aux autels, et peut-être des soldats qui les accompagnent pour dompter la France. S'ils y reparoissent en ennemis, ils seront châtiés en déserteurs. Que pourra une armée de fuyards et d'oppresseurs, contre une nation déterminée à mourir, plutôt que de reprendre le joug affreux qu'elle a brisé?

SAINT-PIERRE, dans la Martinique : La discorde qui divise les habitans de cette colonie et qui les arme les uns contre les autres, a déja fait couler leur sang. Voilà le fruit de l'insubordination! Voilà ce que produit la mésintelligence des bons citoyens et la cabale des mauvais ! Voilà ce qui nous arriveroit à nous-mêmes si nous venions à nous désunir.

CAHORS, département du Loth: Une insurrection crminelle vient de troubler et d'ensanglanter le district de Coutances. Les paysans de ce district, ou trompés, ou injustes, se refusoient à payer les droits seigneuriaux non supprimés. Ils avoient planté des MAIS en trophées de liberté, et ils y ont attachés des listes abominables de proscriptions. Les magistrats ont

fait marcher des troupes contre ces malfaiteurs. Un nommé LINARD s'est mis à la tête des derniers, et rassemblant tous les mauvais sujets du canton, il a rcpoussé les troupes de ligne. De-là, il est allé faire le siège de la ville de Gourdon qu'il a prise., pillée, et ravagée indignement. Il a étendu le pillage et la dévastation sur la campagne. Par un décret de l'assemblée nationale, des commissaires ont été envoyés pour concilier les esprits, et des troupes suffisantes sont parties pour réduire les rebelles et châtier les perturba

teurs.

LYON: Tandis qu'un peuple mal conseillé se livre à des excès, l'aristocratie, plus mal conseillée encore trame des complots. On vient d'en découvrir un qui alloit bientôt éclater à Lyon. Une foule de brigands avoient été introduits dans la ville, et ils étoient munis de poignards. On avoit répandu de l'argent pour faire soulever le peuple, sous le prétexte de demander la diminution des impôts que l'on avoit grand soin d'exagérer. L'armée des mécontens, prête à paroître, alloit se rendre maîtresse de Lyon, et en faire la capitale de la contre-revolution, et l'exemple du carnage. La providence et le patriotisme qui veillent sans cesse sur nos implacables ennemis, ont dévoilé leurs trames. Les trois agents de la conspiration, DESCARS, GUILLIN et TERRASSE, ont été arrêtés, et tous leurs papiers sont saisis. On prétend que les cOMTES de Lyon, les NOBLES de Paris sont impliqués dans cette conjuration. Les premiers ont pris la fuite et se sauvent à Chambéry. Les seconds quittent de même Paris et vont précipitamment se réunir à Mons. L'assemblée nationale, pour prévenir ou arrêter une émigration qui pourroit devenir dangereuse, et qui emporte au moins notre argent, a décrété que tout fonctionnaire public, ou salarié, ou pensionné, sera privé de toute pension, de tout salaire et de tout grade, s'il ne revient en France sous un mois. Ce décret comprend les princes du sang, comme fonctionnaires publics ou salariés par la nation. Ainsi va s'évanouir l'espérance des com ploteurs ils seront, ou soumis, ou dépouillés : nous

leur disons : vous pouveZ ETRE NOS CONCITOYENS OV NOS ENNEMIS: CHOISISSEZ.

BARÈGE, près des frontières de l'Espagne : Les Espagnols commencent à ouvrir les yeux mais les moines inquisiteurs qui ont besoin d'un peuple aveugle, écartent de lui toute lumière, comme si c'étoit une impiété. Les bons livres de France n'arrivent donc en Espagne que par contrebande. On avoit dressé à ce métier périlleux un chien barbet; on l'enveloppoit de brochures, ainsi qu'un colporteur. Il reconnoissoit les sentiers favorables, et il reconnoissoit aussi les espions ennemis, appelés ALGUAZILS. Ce sont les sbirres de l'inquisition. Rencontré par eux, le malheureux chien a été saisi, conduit dans les prisons du SAINT-OFFICE, jugé par les SAINTS-BOURREAUX qui président à ce sénat monacal, condamné au supplice du feu, et brûlé en grande cérémonie devant une populace imbécille et féroce, qu'il appelle AUTODAFÉ, c'est-à-dire, acte de foi, un spectacle, une boucherie, digne des sauvages et non des chrétiens.

MENDES, EN GEVAUDAN: On annonçoit par-tout avec affectation, que les citoyens du Gévaudan envoyoient des députés à l'assemblée nationale, pour protester contre tous ses décrets. Cette nouvelle que les mécontens répandoient avec une joie criminelle, vient d'être hautement démentie. Un député du Gévaudan a publié un écrit dans lequel il avoue que quelquesuns de ses compatriotes se sont laissé séduire dans leur simplicité par des charlatans et des fourbes; mais que, malgré ces derniers, la constitution est aimée, admirée, observée fidèlement, et qu'elle sera soutenue avec courage par le peuple de ces montagnes, où LA LIBERTÉ TROUVEROIT UN ASYLE QUAND ELLE SEROIT BANNIE DU RESTE DE LA TERRE.

CLERMONT-FERRANT : Un Chanoine de Saint-Pierre de Clermont-Ferrant, professeur de théologie depuis trente ans, a été député par les ci-devant chanoines ses confrères, à l'assemblée nationale; et là, en théologien patriote, il a condamné toutes les protestations seditieuses, faites contre les décrets par des évêques

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