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regarde bien plus qu'à la valeur des choses. Que peut-on d'ailleurs lui offrir qui ne vienne de lui? mais l'aumône du pauvre, quelque peu considérable qu'elle soit, lui est agréable, parce que le pauvre ne peut la prendre que sur son nécessaire. C'est un effort de charité en faveur du prochain, un sacrifice dont l'aumône du riche, communément prise sur son superflu, ne peut approcher, à moins que la ferme volonté de plaire à Dieu et d'accomplir son commandement n'en augmente la valeur.

: La manière de faire l'aumône la rend plus ou moins méritoire aux yeux de Dieu.

L'Apôtre nous apprend comment il faut donner. Que chacun, dit-il, donne ce qu'il aura résolu en lui-même de donner, non avec tristesse ni comme par force, car Dieu aime celui qui donne avee joie. Il faut donc que l'aumône soit faite de bon cœur et sans se faire prier; une aumône arrachée ne peut plaire à Dieu; d'ailleurs, si vous êtes riche, l'aumône est une dette. Dieu ne vous a donné plus qu'aux autres qu'afin que vous distribuiez ce que vous avez de trop à ceux qui n'ont point assez. Ce n'est alors qu'un acte de justice rigoureuse.

L'obligation de faire l'aumône supposé l'obligation d'une sage économie. Voulez-vous être en état de faire l'aumône, retranchéz les dépenses inutiles, reservez pour l'aumône cc que vous prodigueriez pour des plaisirs qui n'en sont pas ; et quel plaisir est comparable à celui qu'on éprouve quand on a soulagé un être souffrant ?

Celui qui sème peu, dit l'Apôtre, moissonne peu. Quoiqu'il s'agisse principalement dans cette épître de l'aumône et des bonnes œuvres, c'est néanmoins encore un avis au jeune âge de ne ménager ni ses peines ni son application pour la culture de son esprit et de son cœur, c'est-à-dire des principés de vertu propres à nous rendre meilleurs. Si l'on passe sa jeunesse sans rien faire pour parvenir à ce but sidésirable, on aura peu semé, et l'on récoltera peu, ou plutôt on ne recueillera rien que des regrets, du repentir et des humiliations. Des regrets, parce que l'on aura perdu son temps, et que l'on sentira trop tard que la perte en est irréparable; du repentir, parce qu'on connaîtra le prix des avantages dont on se sera privé soi-même; et enfin des humiliations, parce qu'on aura à rougir de son ignorance et de sa nullité, de laquelle on sera averti par le mépris et la mésestime d'autrui. ÉVANGILE.

Saint Jean, cb. XII; v. 24.

Ex ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : En vérité, en

vérité, je vous le dis: Si le grain de froment ne meurt après qu'on l'a jeté en terre, il demeure seul; mais quand il est mort, il porte beaucoup de fruits. Celui qui aime sa vie la perdra; mais celui qui hait sa vie en ce monde la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive; et où je serai, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me suit, mon père l'honorera.

SELON Saint Augustin, le grain dont parle JésusChrist dans l'Évangile, c'est Jésus-Christ lui-même.

Si le grain de froment, dit le Sauveur, ne meurt pas après qu'on l'a jetté en terre, il demeure seul et ne produit aucun fruit. Il est dit ailleurs qu'il fallait que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire (1); et dans un autre endroit encore qu'il était besoin qu'un homme mourût pour que tous les autres fussent sauvés. Tous ces passages des saintes Écritures tendent au même but, c'est-à-dire d'abord, qu'ils nous font sentir la nécessité d'un rédempteur, et ensuite qu'ils nous montrent les fruits de la rédemption.

Jésus-Christ est donc le grain de froment. Ce grain, ayant été mis en terre, est mort, dit le même saint Augustin; il a produit une infinité d'autres grains qui se sont répandus par toute la terre. Ces grains sont les saints personnages, lesquels ne sont devenus saints que par la mort et les mérites de Jésus-Christ, qui est le premier grain d'où est sortie cette riche moisson; les autres grains ont pullulé, et ils en ont produit de nouveaux, qui à leur tour ont été féconds. C'est ainsi que l'Église de Jésus-Christ est devenue comme une vaste plaine, remplie de bons grains, propres à devenir eux-mêmes une semence qui ne s'épuisera pas. Cette doctrine rentre dans ce que disait Tertullien,

que le sang des martyrs était

une semence de chrétiens. » C'est en effet au milieu

des persécutions que l'Église s'est agrandie, et jamais elle ne fut plus florissante que quand les chrétiens étaient tourmentés.

(1) Luc, XXIV. 26. )..

Jésus dit encore que qui aime sa vie la perdra. Aimer sa vie, dans le sens de l'Évangile, c'est être attaché aux biens temporels plus qu'on ne le doit. On est attaché aux biens temporels plus qu'on ne le doit, quand cet attachement détourne du service de Dieu, quand on se préfère ou qu'on préfère quelques créatures à Dieu; et il est clair alors qu'on perd sa vie, c'est-à-dire cette vie qui, seule, est la véritable vie, savoir, ou la grâce, qui est la vie de l'âme comme le péché en est la mort; où la vie éternelle, qui est proposée et offerte à tous, mais que tous n'obtiennent point. Celui au contraire qui hait sa vie en ce monde la conservera pour la vie éternelle, parce qu'il hait tout ce que Dieu défend, et qu'il aime tout ce que Dieu commande, parce qu'il suit Jésus-Christ, c'est-à-dire qu'il le prend pour modèle, comme l'ont fait tous les saints (*).

(*) On ignore en quel pays naquit saint Laurent et de quels parens il est issu; mais peu de martyrs ont élé plus célèbres. On sait seulement que par ses vertus il s'était concilié l'estime de saint Sixte, élu pape en 257, et qui le fit son diacre. Ce pape ayant été arrêté sous l'empereur Valérien, Laurent, son diacre, le suivait comme on le menait au supplice, et s'estimait malheureux de ce qu'il ne partageait pas ses souffrances. Sixte lui prédit que dans trois jours il le suivrait; et cette prédiction s'accomplit. En sa qualité de diacre, saint Laurent était chargé de la distribution des aumônes que dans ces premiers temps la ferveur des chrétiens rendait très-abondantes. On fit croire

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au préfet que saint Laurent était
dépositaire de richesses immenses
et qu'il les avait cachées. Le préfet
de Rome fit appeler saint Laurent
qui convint que de grosses sommes
lui avaient été remises, et offrit au-
préfet de lui montrer où il les avait
placées; cette proposition ayant été
acceptée, saint Laurent fit venir
tous les pauvres qu'il avait soula-
ges; et montrant au préfet cette
foule de vieillards, d'infirmes, de
veuves et d'orphelins: C'est là, lui
dit-il, où j'ai placé les trésors qui
m'ont été confiés. Le préfet, irrité,
fit saisir saint Laurent et le fit atta-
cher à un gril sous lequel étaient
des charbons ardens, Le saint sup-
porta ce supplice avec une patience
admirable. Il mourut le 10 août 258.

POUR LE JOUR

DE L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE.

( 15 août. )

ÉPITRE.

Apocalypse, ch. XI, v. 19, et ch. XII, v. 1.

Ex ces jours-là, le temple de Dieu fut ouvert dans le ciel; on y vit l'arche de son alliance, et il se fit des éclairs, de grands bruits, des tonnerres, un tremblement de terre et une grêle effroyable. Il parut encore un grand prodige dans le ciel : une femme qui était environnée du soleil, qui avait la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.

L'ÉGLISE applique cet endroit de l'Apocalypse à la sainte Vierge, en le faisant lire le jour où l'on célèbre la fête de son assomption. Marie fut en effet le véritable temple de Dieu, puisque le Verbe, fils de Dieu, prit dans son sein un corps semblable au nôtre, et qu'il daigna faire son habitation de ce chaste sein. Elle est l'arche de son alliance et de l'alliance nouvelle, bien plus parfaite que celle Dieu voulut bien faire autrefois avec les paque triarches et leur postérité, puisque, par cette alliance nouvelle, l'homme pécheur est parfaitement réconcilié à Dieu, et que le péché de notre premier père est racheté et effacé par les mérites de Jésus-Christ, fruit des entrailles de Marie. Enfin Marie est la femme environnée du soleil, c'est-à-dire qu'elle est comme revêtue de son fils, qui est le vrai soleil

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