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La prophetesse

Débora.

bites, en tua dix mille, et fit jouir Israël d'une paix de quatre-vingts ans.

Samgar, son fils, lui succéda, défit les Philistins et en tua six cents de sa main avec un soc de charrue. Samgar étant mort, les enfans d'Israël retombèrent dans leur égarement, et Dieu les livra aux mains de Jabain, roi de Chanaan et d'Azor, dont Sisara commandait l'armée. Leur oppression dura vingt années.

Le peuple alors était jugé par une prophétesse nommée Débora *: elle fit venir Barac, de la tribù de Nephtali, et lui ordonna, au nom de Dieu, de rassembler dix mille combattans sur le mont Thabor. Elle lui dit qu'elle lui livrerait l'armée de Jabain; mais elle lui annonça en même temps que Sisara ne tomberait pas sous ses coups, et qu'il devait périr de la main d'une femme. Barac exécuta les ordres de la prophétesse. Les troupes de Jabain furent défaites; on les passa au fil de l'épée; on brisa leurs chariots. Sisara s'enfuit à pied ; mais comme il était entré chez un homme nommé Ha

ber pour s'y reposer, Jaël, femme de Haber,
tandis qu'il dormait, prit un des grands clous de
sa tente, avec un marteau, et perça le cerveau de
Sisara avec ce clou, l'enfonçant jusque dans la terre.
Sisara passa ainsi, dit l'Écriture, du sommeil na-
turel au sommeil de la mort **. Barac et Débora

* An du monde 2719. Avant Jésus-Christ 1285.
** Même année, 2717.

chantèrent un cantique pour célébrer cette victoire, et pour rappeler aux Hébreux qu'ils ne la devaient qu'à la protection du Seigneur.

Bientôt de nouvelles impiétés attirèrent de nouveaux malheurs sur Israël; les Madianites les asservirent. Gédéon, inspiré par un ange, les délivra *. Il renversa d'abord l'autel de Baal, que desservait son père. Il fit un sacrifice, et le ciel reçut ses offrandes. Pour dissiper ses doutes sur sa mission, le Seigneur ne fit tomber la rosée que sur une toison qu'il avait étendue devant sa tente; toute la terre qui l'environnait demeura sèche : le second jour toute la terre fut trempée de rosée, et la toison seule n'en reçut pas une goutte.

Gédéon, ayant armé le peuple, marcha contre les Madianites; mais le Seigneur, pour manifester sa puissance, ne voulut pas que toute cette multitude combattît. De trente mille hommes armés, Gédéon n'en garda que trois cents. Un songe vint confirmer son espoir, en lui montrant une tente de Madianites renversée par la chute d'un pain d'orge qui tombait du haut d'une montagne. S'étant donc avancé avec ses trois cents hommes qui portaient des trompettes et des lampes, il surprit la nuit le camp des Madianites, et y répandit, par le bruit des trompettes et la clarté des feux*, une telle

* An du monde 2759.-Avant Jésus-Christ 1245. **Même année, 2759.

TOME 3.

16

Victoire de Gédéon'

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épouvante, qu'ils tournèrent leurs armes les uns contre les autres, et qu'ils s'entre-tuèrent. Ceux qui prirent la fuite furent poursuivis ; leurs princes tombèrent entre les mains de Gédéon et ils perdirent dans cette défaite cent vingt mille hommes armés.

Les Israélites voulurent donner le titre de prince à Gédéon qui le refusa ; mais il employa les pendans d'oreilles pris aux ennemis, et qui pesaient dix-sept cents sicles d'or, et les vêtemens d'écarlate du roi de Madian à se faire un éphod précieux, trophée d'orgueil, qui devint un objet d'idolâtrie pour les Hébreux, et causa par la suite la ruine de Gédéon et de sa famille.

La victoire sur les Madianites fut suivie d'une paix de quarante années. Gédéon mourut, laissant soixante et dix enfans de ses différentes femmes et un fils d'une concubine, nommé Abimélech. Les enfans de Gédéon se livrèrent au culte de Baal, et s'allièrent avec les idolâtres. Abimélech, dévoré d'ambition, représenta aux habitans de Sichem et aux parens de sa mère qu'ils seraient plus tranquilles et mieux gouvernés par un prince que par soixante et dix chefs. Les Sichémites se rangèrent de son parti. Il marcha contre ses soixante et dix frères, les immola tous, à l'exception de Jonathan le plus jeune, qui se sauva. Il fut ensuite reconnu solennellement comme roi par le peuple de Sichem, et proclamé près d'un grand chêne qui

décorait cette ville. Il régna sur Israël pendant

trois ans.

de ce roi.

Excitée par Jonathan, une partie des Hébreux et même des Sichémites voulut venger la famille de Gédéon. La guerre dura long-temps; Abimélech eut d'abord l'avantage. Il s'empara de plusieurs Mort villes; mais, ayant enfin attaqué une tour de la ville de Tébez, une femme qui était sur la muraille fit tomber sur lui un morceau d'une meule de moulin qui lui fracassa la tête. Ce prince, craignant l'on ne sût qu'il avait été tué par une femme, se fit achever par son écuyer *.

que

Tola son oncle, frère de Gédéon, lui succéda comme juge, et gouverna tranquillement Israël pendant vingt-trois ans. Après lui Jaïr de Galaad remplit vingt-deux ans sa place, et laissa trente fils, princes de trente villes.

des Israé

Les Israélites retombèrent encore dans l'idolâ- Esclavage trie; et le Seigneur, irrité, les condamna à la ser- lites. vitude sous la domination des Philistins et des Ammonites. Cet esclavage dura dix-huit ans. Enfin le peuple, affligé et repentant, implora la clémence de Dieu qui se laissa toucher par sa misère.

qui

Jephté sur les Ammonites.

Les princes de Galaad ayant déclaré qu'ils se Victoire de soumettraient au commandement de l'homme combattrait le premier les Ammonites ou les Philistins, il se trouva que Jephté, fils naturel de Ga

* An du monde 2768. Avant Jésus-Christ 1236.

laad, qui avait été chassé par sa famille, s'était mis à la tête d'une bande d'hommes armés qui exerçaient partout leurs brigandages. Les Hébreux le pressèrent de combattre Ammon. Il y consentit pourvu qu'on se soumît à lui; et les Israélites le reconnurent pour leur prince. Jephté tenta vainement de négocier avec les Ammonites, marcha contre eux, et promit au Seigneur de lui offrir en holocauste la première personne qui sortirait de sa maison et qui viendrait au-devant de lui lorsqu'il retournerait victorieux du pays des enfans d'Ammon. Il combattit les ennemis, les défit complétement, en tua un grand nombre, prit et saccagea vingt de leurs villes, et revint dans ses foyers. En approchant de Maspha, sa ville natale, il pi par la rencontra sa fille unique, qui venait au-devant de lui en dansant au son du tambour. A sa vue Jéphte déchira ses vêtemens et lui apprit en pleurant le vœu qu'il avait fait *. Sa fille, résignée, lui répondit qu'il devait le remplir, et que sa mort était un léger sacrifice pour une aussi grande victoire. Elle le pria seulement de lui permettre d'aller deux mois sur la montagne pleurer sa virginité avec ses compagnes. Au bout de ce temps, elle revint trouver son père qui accomplit son vou. Depuis ce fatal événement, toutes les filles d'Israël s'assemblèrent une fois l'année pour pleurer pendant quatre jours la fille de Jephté de Galaad.

Son sacrifice accom

mort de sa

Lille.

* An du monde 2817.- Avant Jésus-Christ 1187.

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