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çoise pour la réception de M. Villemain. Cet académicien a prononcé un discours où il a fait l'éloge de M. de Fontanes, et où il a incidemment parlé d'une manière convenable des horreurs de la révolution, et des folies d'un despote. M. Roger, directeur, a répondu par un discours rempli des plus beaux sentimens, et qui a excité plus d'une fois les applaudissemens d'une nombreuse assemblée; mais, en revanche, ce discours a paru froid au Constitutionnel. Il n'est pas besoin d'en dire la raison. Le même journal n'approuve pas que l'on médise de la convention et du directoire, et prend sous sa protection les temps heureux qui ont vu fleurir Robespierre, et qui ont été marqués par des lois si douces, par le sang et la proscription.

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La chambre d'accusation de la cour royale de Lyon a déclaré qu'il n'y avoit pas lieu à suivre contre le sieur Vinay, sigualé comme l'un des principaux auteurs des troubles du 20 mars dernier.

Le 20 juin, la cour d'assisses de Riom a commencé à s'occuper du procès de la conspiration de l'Est. Le procureurgénéral a présenté l'état de la cause, qui indique deux points distincts, une conspiration contre le gouvernement, et un attentat contre Mr. le duc d'Angoulême. Plusieurs des accusés ont parlé des confidences et des espérances sinistres de Guillemin, l'un d'eux. Les témoins présens sont au nombre de cent trente-huit, et plusieurs d'entr'eux ont aussi rapporté les efforts qu'on avoit fait pour les séduire. Guillemin, qui est fort chargé, nie tout.

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-L'Observateur autrichien a publié des réflexions remarquables, à l'occasion d'un discours prononcé, le 4 juin, à la chambre des députés de France, dans la discussion générale du budget, par un orateur qui joua un grand rôle pendant la révolution, le general La F. Ce discours y est signalé comme l'apologie de tous les principes qui ont fait naître la révolution françoise. Il annonce, dit le journaliste, une vanité ridicule, un esprit médiocre, et un entêtement incurable; et nous croyons, pour de bonnes raisons, qu'il n'est pas de la composition de l'homme qui l'a lu à la tribune, quoique ses sentimens connus y soient assez bien exprimés.

-Le roi de Prusse a nommé M. de Fauche-Borel son consulgénéral en Suisse, avec le titre de conseiller de légation.

Depuis le 11 juin, la ville de Madrid est en proie aux plus vives alarmes; une fermentation sourde travaille les esprits. La garde royale et les troupes de la garnison ne quittent pas un moment les armes. Le club de la Fontaine-d'Or ne cesse de retentir d'accusation contre tous ceux qui ne sont pas partisans du systême constitutionnel.

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Les nouvelles de la Morée deviennent de plus en plus affligeantes. La ville de Patras n'existe plus; tout a été inis à feu et à sang; il n'y reste plus que quatre maisons consulaires et quelques cabanes. On donne beaucoup d'éloges à la conduite courageuse de M. Pouqueville, consul de France, dans ces tristes circonstances; il a bravé les plus grands dangers pour sauver, tour à tour, les chrétiens et les Turcs. Dans les premiers jours du mois de mai, l'effroi étoit si grand à Smyrne, que non-seulement les Grecs, mais même les Européens ont quitté la ville, et se sont transportés sur les vaisseaux. On y égorgeoit les Grecs dans les rues et dans les maisons.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 2, à l'ouverture de la séance, M. l'archevêque de Besançon á honoré d'un juste hommage la mémoire de M. le cardinal de la Luzerne. La chambre a ensuite adopté le projet de loi relatif à diverses échanges concernant le domaine de la couronne. Immédiatement après, la cour a commencé sa délibération sur l'affaire du 19 août.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 29, M. Magneval fait un rapport sur diverses pétitions. M. de Puymaurin propose ensuite, au nom d'une commission, l'adoption du projet de loi relatif à la construction du pont de Pinsuguel (HauteGaronne).

M. de Vaublanc, rapporteur du projet de loi relatif à la censure des journaux, paroit à la tribune, et l'assemblée prête la plus grande attention. M. le rapporteur prétend que le ministère, en se bornant à présenter la prolongation de la censure, sans proposer une loi répres sive des abus de la presse, a placé la chambre dans un défilé. Examinant ensuite la manière dont s'exerce la censure, il en signale les inconvéniens et les dangers; de plus, la censure est illégale, selon lui, puisqu'elle ne se trouve, ni dans la lettre, ni dans l'esprit de la Charte il seroit moins contraire : la liberté de supprimer tous les

journaux, que de les mettre dans la dépendance absolue du ministère. Ici l'oraleur rappelle les événemen malheureux et extraordinaires qui ont eu lieu depuis la création de la censure, et pense qu'il ne faut attribuer tout ce qui a été fait qu'à la marche irrésolue du ministère. Il discute les motifs allégués en faveur de la censure, et conclut que la censure n'est qu'un acte de foiblesse. Le remède, dit-il, ne peut être que dans la répression des abus de la presse; on ne doit jamais séparer ces deux choses, liberté et répression. La majorité de la commission demande donc qu'une loi répressive remplace la censure, et pense que la loi proposée ne peut être adoptée. L'impression du rapport est ordonnée; 35 orateurs se sont fait inscrire contre le projet de loi, et 41 pour.

Une vive discussion s'établit à l'occasion de l'époque de l'ouverture de la discussion. M. de la Bourdonnaye demande que les débats sur les finances ne soient pas interrompus, et que le vote sur les autres projets s'établisse suivant l'ordre dans lequel les rapports ont été présentés. La ombre décide, à une grande majorité, que le projet de Joi sur la censure sera discuté immédiatement après la partie du bud get relative aux dépenses. Plusieurs membres réclament la priorité pour divers autres projets de loi; l'assemblée maintient sa première décision, et renvoie tous les autres projets après la discussion du budget. On a repris la discussion sur le budget des finances, et on a adopté les derniers chapitres, moyennant quelques réductions proposées par

la commission.

Le 30 juin, la chambre s'occupe d'abord d'un projet de loi concernant la construction de plusieurs ponts dans divers départemens; ces ponts doivent être à Bergerac, Aiguillon, Agen, Moissac, Comone (Sarthe); Montrejean (Haute-Garonne); la Roche de Glun ( Isère); le petit Vey (Calvados), et Souillac. M. de Beaulieu propose un amen ment pour qu'il ne soit établi de péage que sur les ponts nouvellement construits. Après une assez longue discussion, à laquelle ont pris part plusieurs membres de la chambre, l'amendement est rejeté, et le projet de loi adopté. On discute ensuite un autre projet de loi relatif à la concession du péage qui se perçoit sur le canal des Etangs et sur plusieurs autres canaux voisins, et de la jouissance de tous les étangs salés du département de l'Hérault. La chambre adopte une disposition proposée par M. de Montcalm, et un amendement de la commission, tendant à donner à la durée de cette concession quarantecinq ans, au lieu de trente-trois. Le projet est adopté par 230 boules blanches contre 8 noires.

On passe à un troisième projet, relatif à la construction du canal de MONSIEUR, dans l'Alsace et la Franche-Comté. M. Lafitte pense, ce sujet, qu'au lieu de se procurer par la voie d'un emprunt les fonds nécessaires, ont eut gagné davantage à faire la concession de ces canaux à des entrepreneurs. M. de Villèle donne des explications. On renvoie la suite de la discussion à la séance suivante.

Le 2, on reprend la discussion sur les projets de loi relatifs à la construction de divers canaux, et principalement du canal de MoxSIEUR. M. Ganilh vote pour le rejet. M. Becqucy combat les objec

tions des adversaires du projet de loi. M. Lafitte persiste à croire que les meilleurs systêmes seroient ou des concessions ou un emprunt général; il trouve que le mode de gouvernement exclut toute publicité, et supplie la chambre de vouloir bien croire qu'il n'est dirigé en tout cela par aucun motif d'intérêt. M. de Villèle répond à M. Lafitte, et déclare que les auteurs de la proposition générale (MM. Lafitte et autres) exigeoient sept pour cent d'intérêt, tandis que les soumission naires n'en demandent que six. Le tumulte règne au côté gauche. Une altercation assez vive s'élève entre MM. Casimir-Perrier et Basterrêche. On s'écrie à droite que la discorde est au camp d'Agramant. M. Basterréche parle contre le projet, et partage l'avis de M. Lafitte, On ferme la discussion.

Une nouvelle discussion s'établit sur l'article 1er. M. Syrieis de Marinhac en vote le rejet, parce que les avantages accordés aux entrepreneurs lui paroissent excessifs. MM. Casimir Perrier et Lafitte parlent avec chaleur contre l'article. Ce dernier propose de ne l'admettre que conditionnellement, et pour le cas seulement où, d'ici à un mois, le gouvernement ne recevroit pas d'offres plus favorables. Cet amendement est rejeté, et l'article adopté à une immense majorité.

Les nouvelles éditions de Voltaire, qui avoient été annoncées avec tant de faste, et qui devoient être exécutées avec tant de soins, d'exactitude et de perfection, ne paroissent pas devoir obtenir toutes, dans le monde littéraire, la fortune qu'elles s'étoient promise. L'édition compacte et l'édition Touquet sont déjà jugées, et aucun amateur éclairé n'en chargera ses rayons. L'édition de Mme. Perronneau, 50 vol. in-12, qui avoit été une des premières commencées, n'aura pas non plus, suivant les apparences, une fin très-brillante; M. Beuchot, qui devoit y donner ses soins, s'est brouillé avec l'éditeur, et on a publié sans son entremise le t. XXIV. M. Beuchot a désavoué publiquement ce volume, qui est plein, dit-il, de faux renvois, de transpositions, d'omissions, d'in'cohérences, de contradictions et de bévues; il y manque, selon lui, plus de 50 pages de texte, et, entr'autres, trois chapitres entiers et de suite. Il déclare donc que ce XXIVe, volume est en contradiction et incompatibilité avec les 31 volumes publiés par lui, et que toute cette édition entre ainsi dans la classe des ouvrages tronqués et dépareillés. Il prétend en conséquence que Mme. Perronneau devroit reprendre les volumes publiés, et en rembourser le prix, et il l'a attaquée pour cela devant les tribunaux. Le bibliographe a publié plusieurs let-. tres sur cette affaire; il désavoue aussi le tome XXXIII. Le

jugement d'un éditeur renommé pour son exactitude ne laisse pas que d'être ici de quelque poids, et pourra réfroidir le public pour ces éditions entreprises et exécutées avec précipitation, et où on se propose bien moins l'honneur de la littérature, que les intérêts de la cupidité ou de l'esprit de parti.

LIVRE NOUVEAU.

Précis historique sur les révolutions des royaumes de Naples et de Piémont, en 1820 et 1821; suivi de Documens authentiques, et d'une Carte; par M. le comte D***. (1).

L'issue de ces deux révolutions montre la sagesse de cette maxime des anciens: Principiis obsta. Ce grand feu de patriotisme, ces projets de changement, ces rêves de perfection, tout cela s'est évanoui à la vue de quelques bataillons. Heureuses révolutions qui se terminent ainsi en trois semaines, et sans verser une goutte de sang! Nous connoissons le prix d'un tel dénouement, nous qui avons passé par tant d'orages, et qui avons à pleurer tant de victimes. D'autres peuples qui entrent dans la carrière, et qui se trouvent déjà en proie aux troubles et aux dissentions, apprendront aussi bientôt à envier le sort de ceux chez qui on a de suite arrêté les progrès du torrent, et qui ont retrouvé, avec la soumission à l'autorité, le calme et l'ordre, premier besoin de la société et des individus.

Les faits relatifs aux dernières révolutions de Naples et de Piémont étoient dispersés dans les gazettes; on a imaginé de les réunir en corps d'ouvrage, pour en faire mieux saisir la suite et l'ensemble. L'auteur ne prétend point au titre d'historien; il ne remonte point aux causes des révolutions; il se permet peu de réflexions, et se borne à mettre quelque ordre dans les récits divers, et souvent contradictoires, des journaux. Cependant il n'est point spectateur insensible de ces grandes secousses, et il paroit fort éloigné d'approuver ces insurrections populaires et armées, qui ne tournent qu'au profit de quelques individus, et qui sont pour les Etats un germe de désordres, et un présage d'anarchie.

et.

Ce Précis peut donc convenir à ceux qui désirent trouver de suite, et dans un même recueil, les faits relatifs aux deux dernières révolutions d'Italie; il est accompagné de discours et de pièces officielles, d'une carte de l'Italie pour l'intelligence des opérations militaires, qui n'ont été d'ailleurs, comme on sait, ni compliquées ni meurtrières.

(1) I vol. in-8°.; prix, 4 fr. 50 c. et 5 fr. 50 cent. franc de port. A Paris, chez Roret et Roussel, rue Pavée; et chez Ad. Le Clere, au bureau de ce journal.

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