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sins, des pièces justificatives et de tous les détails nécessaires : il étoit envoyé au directeur-général, qui le vérifioit. Lorsque les erreurs, s'il y en avoit étoient corrigées, on arrêtoit les décomptes de chaque entrepreneur on expédioit ensuite une ordonnance générale signée du directeur général, des directeurs particuliers, et du contrôleur général, qui étoit soldée par le receveur de

la division.

Les comptes de chaque division formoient les pièces justificatives de la dépense générale. Chaque directeur particulier étoit obligé de joindre à son état général de l'année un état de comparaison de la dépense projetée avec la dépense effective.

Le droit de navigation sur le Canal avoit été fixé en 1684 à six deniers par quintal, et par lieue de 3200 toises. Un tiers de ce droit avoit été abandonné aux patrons des barques; les propriétaires avoient laissé à chaque particulier la faculté de les fournir, sans néanmoins renoncer à l'exercice de leur privilége exclusif, si le bien du service leur en faisoit un jour la loi. Le second tiers étoit affecté à l'entretien du Canal, et le dernier tiers, après avoir soldé les réparations extraor

dinaires, formoit le revenu des propriétaires. C'est avec ce tiers qu'ils ont fait les grandes améliorations du Canal, qu'ils ont acquis des fonds contigus, qu'ils ont formé sur les bords de vastes plantations, et qu'ils ont établi diverses usines.

Ce revenu fut estimé, en 1768, à 360,000 l. par an sur le produit calculé des trente années précédentes. Dans cette somme, étoit comprise celle de soixante mille livres provenant des usines et des accessoires du Canal. Ce revenu n'étoit pas néanmoins exempt de charges; car lorsque les deux deniers affectés à l'entretien du Canal ne produisoient pas une somme égale aux frais des réparations, le revenu des propriétaires étoit employé tout entier pour cet objet. C'est ce qui est arrivé en 1766, en 1769, en 1770, et en 1789.

Les accidens extraordinaires auxquels ce grand ouvrage est exposé, exigent impérieusement, qu'un fonds de réserve soit préparé d'avance pour y porter un prompt remède. Ce fonds de réserve avoit été formé par les propriétaires, d'un côté par le revenu d'une année qui restoit en caisse jusqu'à l'année suivante, et de l'autre, par la valeur des soixante mille livres de rente établies sur les

>> facilité de consulter les plans, mémoires et » devis d'ouvrages, soit d'entretien, soit de » construction? savez-vous les secours qu'on >> obtient, lorsqu'un ouvrage établi depuis >> cent ans vient à chanceler et qu'il est >> nécessaire de connoître comment il est >> fondé ? La famille de Riquet a tellement » senti la nécessité d'avoir des archives, elle » a mis une si grande importance à cette » partie de son administration, qu'elle a fait >> construire exprès un bâtiment isolé pour y » placer des papiers si utiles et si multipliés; » et malgré l'intérêt qu'elle avoit à écono» miser, elle a constamment préposé un employé uniquement pour la garde de ce > dépôt précieux (1) ».

Les propriétaires du Canal n'avoient pas établi un ordre moins régulier dans l'administration de leurs finances. Un receveur général les dirigeoit; sous lui, sept receveurs faisoient la perception des revenus du Canal dans sept divisions, dont les chefslieux étoient Toulouse, Castelnaudary, Foucaud près de Carcassonne, le Somail, Beziers et Agde. C'étoient autant de bureaux pour

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les expéditions, les recettes et les paiemens. Chaque bureau étoit composé d'un receveur, d'un contrôleur et d'un visiteur. Le receveur étoit en même temps le payeur et l'économe des revenus. Le contrôleur chargé d'assister le receveur dans son travail, étoit vérificateur des opérations du bureau. Il devoit, dans la saison des travaux, être présent aux réceptions des ouvrages, et surveiller les ateliers qui lui étoient confiés par le directeur. Le visiteur vérifiait les chargemens et connoissemens, il secondoit les premiers employés dans les opérations de l'intérieur du bureau, et étoit employé, pendant le chômage, au contrôle des travaux. Les douze gardes établis par l'édit de 1666 étoient distribués de manière qu'il y en eût toujours un résidant auprès des bureaux.

La perception des droits de navigation étoit simple; tout particulier pouvoit fréter des barques. Le patron et la barque répondoient des droits du Canal; le patron déclaroit la marchandise au bureau de la recette; le visiteur sondoit le chargement pour vérifier la déclaration; le receveur expédioit et donnoit un passavant, sans lequel on n'auroit point ouvert la première écluse. Les gardes

écluses retiroient les passavans, et les por-
toient tous les mois au bureau de la recette,
où ils étoient comparés avec le nombre des
expéditions qui avoient eu lieu. Les charge-
mens pouvant s'accroître ou diminuer en
route, la vérification en étoit répétée à cha-
que
bureau intermédiaire; elle étoit renou-
velée au dernier. Dix jours au plus tard après
le déchargement des marchandises, le patron
étoit tenu d'effectuer le paiement des droits
du Canal. Ainsi les opérations des bureaux
se correspondoient et se vérifioient mutuel-
lement.

Chaque mois les receveurs particuliers enyoyoient au bureau de la recette générale l'état des droits perçus et des revenus recouvrés, la note des chargemens expédiés, et un état de situation de la caisse, qui devoit s'accorder avec les états de recettes et de dépenses constatés par le directeur particulier et le contrôleur. D'après la situation. de chaque caisse particulière, le receveurgénéral ordonnoit les mouvemens de fonds relatifs à l'état arrêté pour les dépenses. Ainsi le service étoit toujours assuré; l'inégalité des recettes et des dépenses entre les différentes divisions, étoit corrigée par le

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